mercredi 10 septembre 2025

Blues de l'Armée Rouge

Quand j'ai quitté ma maison et ma famille,

ma mère m'a dit:

"Ce n'est pas le nombre d'Ukrainiens que tu tueras qui comptera,

...mais le nombre de gens que tu sauveras."

J'ai fait mes bagages,

rasé ma tête,

j'ai marché dans ce monde,

17 ans,

Jamais embrassé une fille.

J'ai pris le train vers Voronezh,

il n'allait pas plus loin.

J'ai changé mes habits de civils pour l'uniforme.

J'ai mordu ma lèvre dans la neige,

prié pour Mère Russie,

pour l'été de 2022, 

quand nous avions fait reculer les Ukrainiens, 

j'avais alors vraiment cru que Dieu,

M'écoutais pour vrai.

On a hurlé en Crimée, 

Avons fait tout bruler.

On a levé le drapeau rouge bien haut.

Brulé les évocations jaunes et bleues.

J'y ai vu mon premier Étatsunien.

Il me ressemblait beaucoup.

Il avait le même genre de visage de fermier.

M'a dit qu'il était originaire de Hazzard, au Tenneessee. 

La guerre sera peut-être un jour finie.

Mes papiers de congé militaires me viendront.

Les miens et ceux de 20 000 autres.

Je prendrais alors le train vers chez moi.

Mais aucun train ne fait le lien avec l'Ukraine.

Et la guerre n'est pas terminée. 

On a été détournés après une raclée jugée par le camarade Putin.

Envoyés en Sibérie, à Kolyma, dans la région de Vorkuta. 

Changés dans des vêtements foncés. 

Placés en file comme des prisonniers.

Encore plus rasés.

Envoyés dans un goulag pour y crever.

Parce que camarade Putin a peur que nous soyons influencés par l'Amérique.

Dans la post-Soviétie, il fantasme de l'Union Soviétique. 

 J'avais toujours aimé mon pays.

J'y ai été si jeune.

J'ai toujours cru que le vie...

...était la plus belle chanson à chanter. 

Je serais mort pour mon pays, au besoin.

 Mais une seule chose reste aujourd'hui.

Une seule chose reste, aujourd'hui.

Une seule chose reste, aujourd'hui.

Le désir brut de survie. 

Le même que mon prétendu "ennemi".

Slava Ukraini, heroyam slava!

Toute une jeunesse broyée aussi chez Mother Russia.


Adapté librement de Mike Scott des Waterboys, spectacle auquel j'assiste ce soir, au Beanfield Theater de Montréal. Qui lui, avait été inspiré du journal d'un soldat russe de la Seconde Guerre Mondiale pour composer ce morceau, en 1984.

Il la jouera peut-être. 

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