Lire, c'est accepter d'apprendre, de découvrir, c'est s'ouvrir les sens, se confronter à de nouvelles visions, de nouvelles idées, différentes personnalités, différents choix, c'est explorer des univers, tremper dans un milieu, dans une tête, c'est danser sur les méninges d'un(e) autre, c'est se calibrer au rythme de respiration de quelqu'un d'autre.
Et respirer c'est vivre.
Lire, c'est vivre.
SAGA de TONINO BENACQUISTA.
Une chaine de télévision privée à une vitrine de nuit pour un téléroman qui devra se faire avec des moyens extraordinairement réduits afin de répondre à des critères budgétaires très stricts. On choisit 4 scénaristes dépareillés et au chômage, une auteure de roman à l'eau de rose, un geek de science-fiction, un has-been et Marco, le narrateur, qui débute dans le métier. On écrira quelque chose sans censure parce que convaincus d'être sans public. Mais au contraire. la série sans tabous, et dont les producteurs leur demande d'épuiser toutes les sources de leur imagination, sera un vif succès. La nuit, les insomniaques s'amusent. Les malades dans les hôpitaux. Les travailleurs/travailleuses de nuit. Ils sont tous happé(e)s par la série Saga.
Dont l'histoire de plus en plus folle, semble soudainement imiter les évènements qui se déroulent dans leur vie.
Plus jeune, vers la fin des années 90. à l'âge scolaire universitaire, nous étions 6 scénaristes dans une école privée de Montréal, et devions écrire ensemble, une série télé que 6 autres réalisateurs devaient ensuite réaliser. 6 x 30 minutes. Nous avions été encouragé(e)s à lire cet excellent livre. Il venait tout juste de sortir. C'est un livre inspiré de l'expérience même de Benacquista, aussi scénariste pour la télévision.C'est peut-être aussi inspiré par Voisin, Voisine, série tournée entre 1988 et 1992, sur une chaine de télévision française appelée La Cinq, par la maison de production de Silvio Berslusconi, et qui devait justement rejoindre les quotas de productions françaises, qui était aussi tournée avec des bouts de ficelles, et diffusée dans la nuit, afin de préparer le public aux téléromans Québécois qui allaient bientôt être importés en Europe, Le Clan Baulieu, L'Or Du Temps, Marisol et Belles Rives.
Bien entendu rien de tout ça, dans la vraie vie vraie, n'aura de succès comme dans Saga.Dans le livre de Benacquista, les auteurs sont presque pris en otage d'un succès inespéré, et d'un public de nuit qu'ils ne connaissaient aucunement. Belle critique de la télévision, du succès accidentel, de la société de consommation et de ses besoin réels et inventés.
Mais le succès d'une série télé que personne ne devait écouter, à 3h00 du matin, n'est pas l'unique twist du livre. Qui en réserve plus d'un. Et qui est écrit avec une urgence de zappette qui change les postes.C'est un livre qui fait rire, qui happe par son rythme, et qui est une réflexion habile sur les moteurs de création et sur ce qui est considéré raté et ce qui est considéré, si bon.
Mélancolie, romance dramatique, sarcasme implicite, réalités faussées. Imprévisible. Surprenant.
Tristement drôle, et drôlement triste aussi.
Encore assez 2025.
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