samedi 28 octobre 2023

Plante Aquatique Sans Racines

Tout le Québec connait Laurent Duvernay-Tardif. 

Athlète chéri de la belle province, on l'a tous vu gagner le Super Bowl avec les Chiefs et tout le monde, la NFL incluse, reste impressionné de le savoir médecinet si sympathique. Il avait même suspendu un temps sa carrière afin de terminer ses études en médecine.

Peu connaissent sa conjointe, Florence-Agathe Dubé-Moreau. Qui elle, a sacrifié souvent davantage. Une certaine diginité, dirait-on.

On sait aussi que Laurent est un grand collectionneur d'art. C'est en fait Florence qui déteint sur lui. C'est son métier, curatrice. Pendant 9 ans, quand monsieur était sur le terrain dans l'uniforme des Chiefs de Kansas City, Madame a découvert tout un univers sportif. Un monde rétrograde. 

Particulier.

J'ai déjà questionné le concept de la cheerleader dans la NFL. Je ne comprends toujours pas pourquoi elles existent encore en 2023. Enfin, je sais très bien pourquoi elles existent, mais je ne comprends pas qu'on insiste encore pour présenter la Femme comme un morceau de viande à faire saliver. Consciemment et volontairement. Qu'on engraisse l'incel amateur de Football au désir de sexe cheap en jouant les agaces-pissettes. Soyons sérieux, les vraies chorégraphies de cheerleading sportifs se passent ailleurs. Les filles au pompom, ne sont que 5 P. Plastique, Poitrine, Popotin, Pep et Peau. 

Rien à voir avec le football. 

Les wags sont aussi très peu de choses pour elles-mêmes. Qu'es-ce qu'une wag ? L'acronyme a pour source Wives And Girlfriend. Ça incluait donc Shakira quand elle était en couple avec le joueur de soccer Gerard Pique, Taylor Swift, qui est actuellement très très fan de Travis Kelce, ironiquement, aussi des Chiefs, club pour lequel évoluait Laurent Duvernay-Tardif et avec lequel il a gagné un Super Bowl, en 2020. LDT ne joue plus dans la NFL et est maintenant concentré sur la médecine. Florence-Agathe Dubé-Moreau était aussi forcément plongée parmi ses wags, pendant 9 ans.

Et ça venait avec toute sorte de responsabilités absurdes. Et étrangères aux Québécoises. Ici, porter le nom de son mari est devenu quelque chose qu'il faille demander aux instances gouvernementales et pour lequel il y a des frais. Depuis assez longtemps. Au Canada, frère infirme des États-Unis, c'est encore comme aux USA. Une femme mariée prends le nom de son mari. Si bien que la Siobhan Byrne, que j'ai cotoyée à l'école secondaire, est devenue Siobhan Tupper, puisque désormais mariée à un Ontarien. Je l'ai appris après avoir refusé trois fois de lui jaser sur les réseaux sociaux, pensant ne pas la connaître. Il a fallu une photo de famille de sa part pour que je comprennes qui elle était. Je ne sais pas si son Tupper aimait qu'elle me jase comme elle me le faisait. 

Dans l'espace réservé aux wags pendant les matchs, il était attendu que chaque épouse, (parfois mère ou copine) porte le chandail de son amoureux, avec dans le dos, le nom de celui-ci. Mais Florence n'était pas une Duvernay-Tardif. Elle est, a toujours été, et restera jusqu'à sa tombe une Dubé-Moreau. En théorie, ça ne devrait déranger personne, mais dans l'esprit conservateur des wags Étatsuniennes, c'est percu comme une indépendance exagérée. Alors Florence était vite ostracisée, sans chandail de LDT dans la foule. 

De plus, après le match, il n'était pas question d'aller rejoindre son chum toute seule quelque part. Il y avait un rituel tiré des cultes qui les obligeaient à un trajet précis d'après-match afin de les faire descendre jusqu'au terrain et les rencontrer toute en même temps. Comme la fille sortant du gâteau en bikini. Si le protocole n'était pas suivi, il y avait encore nouvelle raison d'ostrasicer. Ce qui lui est arrivé.

Finalement, comme monsieur gagnait des mutlimillions, il était attendu de la part de madame de lui en être éternellement redevable, au point d'être 100% maman et patronne des lieux, en ce qui concerne la maison. D'avoir la gestion mentale de gérer absolument tout ce qui ne serait pas football ou qui ne préserverait pas celui qui apporte les multimillions. De même plonger sur la grenade pour protéger celui qui fait faire fortune.

Passionnée par la chose, Flo est commissaire indépendante en art contemporain. Passion qu'elle a communiquée à son chum. 

L'art contemporain est un regard vers le futur. La cheerleader, un regard rétrograde. 

Ce sont ces deux mondes qui s'entrechoquaient pendant 9 ans pour Florence-Agathe qui devait souvent se marcher dessus afin d'être meilleure tapis pour son mari. 

Elle s'en confesse dans un essai lancé cette semaine et que je vais probablement acheter. Elle l'a titrée de l'état dans lequel elle se sentait: Hors Jeu. C'est un deuxième essai de sa part, elle avait déjà écrit sur l'égalité des genres dans le sport. Elle a souvent aussi chroniqué sur la société en général et les arts. Elle a une plume agile. Et un féminisme justement affirmé. 

Elle s'est qualifée pendant 9 ans de plante aquatique sans racines dans l'univers de la NFL. En apesanteur dans des eaux étranges. 

Elle était aussi digne Québécoise de son époque. 

Déplorable toutefois de voir les jalouses ou les hommes à la masculinité fragile décrier son attitude, qui n'en est pas une. C'est une existence. Québécoise. 

En 2023, bientôt 2024. 

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