lundi 28 novembre 2022

Mécanique d'un Certain Normal

Plus jeune, à ma sortie des bancs d'école, de ma nichée école de cinéma, j'ai travaillé pour l'actrice/écrivaine/productrice Francine Ruel. Elle pilotait l'émission matinale L'Été C'est Pêché, à Radio-Canada, en direct d'une terrasse de resto du Vieux Port de Montréal. Je m'y rendais très tôt le matin, en patins à roues alignées, très souvent, jusqu'à la terrasse du Jardin Nelson. Il s'agissait d'une émission de chroniques ayant toujours à la source un des 7 pêchés capital. Plus tard, je travaillerai pour en entrepôt dans ce même Vieux-Port, tout près, et c'est à cette époque que mes contacts avec eux, se développaient. 

Comme j'étais diplômé en scénarisation, j'y faisais de la recherche. 100% bénévolement. Tout l'été. Ruel, elle-même m'avait invité sur le plateau (ou je m'étais proposé, je ne me souviens plus) et m'avait invité tout l'été sur le plateau, afin "de faire mes classes". Apprendre la mécanique du métier. C'était comme une longue audition qui allait ensuite me mener à la recherche, comme pigiste, à la tour de Radio-Canada quelques années. Je m'y étais fait un nom et par la suite, on m'avait engagé. 

Plusieurs fois, on accuse les gouvernements de faire ce qu'on appelle du copinage. Que ce soit le parlement Québécois, le gouvernement Canadien, le monde politique Étatsunien, la République Française, pas mal tous les milieux du pouvoir se sont très régulièrement fait accuser de favoriser des amis, des entreprises, des connaissances.

Qu'est-ce qui est si mal vu de la chose ? Surtout, qu'est-ce qui est si anormal ?

C'est un peu comme cette nouvelle qui circule depuis quelques semaines où on annonce aux actualités, à la télévision, qu'il y a pénuries d'infirmières dans les hôpitaux, car elles préfèrent travailler au privé où le choix de horaires de travail y serait meilleur et où les salaires seraient aussi meilleurs. 

(...)

Est-ce si anormal de leur part de préférer un tel bonheur ? Entre vous et moi, choisir entre travailler comme des fous, à la merci de ton employeur qui t'imposes du Temps Supplémentaire Obligatoire, t'empêchant de planifier comme il se doit autre chose, hors du cadre du travail, et ce, pour moins d'argent que là où on gagnerait plus, et que notre horaire serait taillé pleine mesure pour nous, le choix, s'entends-t-on pour dire qu'il se fait absolument tout seul ? 

Est-ce aussi anormal de se souhaiter être entouré de gens en lesquels vous avez pleinement confiance et que vous connaissez bien, sinon mieux ? 

Quand j'étais étudiant dans mon école de cinéma, nous étions 6 étudiants en scénarisation, et 6 autres en réalisation. (3 en production). L'intimité avec nos enseignants, des gens du milieu, dont Francine Ruel, était réelle. On se connaissait bien entre enseignants et élèves. Et Francine avait aimé ce que j'apportais au point de me faire une place dans son équipe de son émission d'été, impayé, toutefois, mais c'était de bonne guerre. Je suis le bon candidat pour la chose, je ne fais rien strictement pour l'argent. Quand je l'ai fait, je me suis toujours planté. Je fais ce qui me procure du bonheur. J'ai le bonheur modeste et facile. Je me sais privilégié à bien des égards. 

Mon étonnement a donc été de mise quand j'ai entendu parler du "scandale" Macron/McKinsey. Si on parle de scandale, n'est-ce pas aussi par simple jalousie ? D'accord, il faut voir si tous ces ex-employés de McKinsey n'ont pas eu de traitement de préférence claire et injuste par rapport aux autres candidats dans la Macronie actuelle, pour les postes qu'ils ont hérités au cabinet, mais JUSTEMENT, ils ont été préférés comme on préfère choisir nos amis dans la vie. Comme on bloque les indésirables sur Twitter. Comme on ne fait pas exprès pour faire les choix qui nous embêtent dans la vie. 

Pas scandale sinon parfaitement normal. 

Mon parallèle avec ma longue "audition" tout un été avant de travailler pour Radio-Canada n'est pas parfait. McKinsey a aussi travaillé bénévolement sur la campagne d'Emmanuel Macron avant que plusieurs des employés bénévoles eût ensuite, oui, été engagés et payés au sein du gouvernement français et le sont toujours. Est-ce que ça avait été promis avant ? 

Est-ce si pertinent de le savoir ? En anglais, c'est "scratch my back, I'll scratch yours". C'est immensément fréquent. Surtout en affaires. Mon parallèle n'est pas parfait parce que la firme de conseil américaine, pourrait être en potentiel conflit d'intérêt. Mais encore, c'est dans son intérêt d'appliquer sa profession, qui est de conseiller. Est-ce que je pêche par trop de candeur de penser ainsi ? 

Le mot "scandale" ne semble pas s'appliquer adéquatement. Quand Marc Bergevin, ancien directeur général du Canadien de Montréal, a été remercié de ses services, on disait déjà, 4 mois plus tôt, qu'il n'avait rien à craindre si ça arrivait bientôt, tous ses amis étaient dans l'organisation des Kings de Los Angeles. Personne n'a été surpris d'apprendre, lorsque libéré de ses fonctions, que Los Angeles lui fasse une place presqu'aussitôt. On a choisi un ami. Il n'est pas interdit de croire que ses amis de L.A. lui aient dit dès décembre qu'au mois d'avril suivant, si il était sans emploi, qu'il ailler cogner à leur porte et son sort sera vite réglé. ET ALORS ? Personne n'en a même fait une manchette à potentiel scandaleuse. Parce qu'il n'y avait rien d'anormal.

Qu'est-ce qui empêche de croire que Macron et sa bande n'ont pas choisi quelques amis dans la firme de conseil, qu'ils ont appris à respecter avec le temps ?

C'est ce que j'ai appris sur les bancs d'école. Créer des liens afin d'être engagé quelque part. C'est ce qui m'a engagé presque partout. Tout le temps. Un lien avec quelqu'un(e). 

Scandale ?

How about normal ? 

On est pas dans le népotisme où là, le talent reste à prouver. 

Bande de jaloux. 

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