mercredi 8 décembre 2021

Julia Child


Julia Carolyn McWilliams est née en 1912, d'un père gestionnaire foncier et d'une mère, riche héritière d'une compagnie de papier. Ainée de trois enfants, elle est aussi extrêmement grande pour l'époque, culminant, adulte, à 6 pieds 2.  En raison de son imposante taille, à l'école, elle brille dans les sports comme le tennis, le golf et surtout, bien entendu, le basketball.


Grandissant dans une famille qui avait des bonnes et des cuisiniers, elle n'apprend absolument pas la cuisine dans sa jeunesse. Elle est diplômée en histoire, avant d'elle-même, la marquer à son tour, à sa manière. Elle travaille comme rédactrice pour une compagnie de publicité et a 29 ans quand les Japonais attaquent Pearl Harbor. Issue d'une famille très républicaine, l'appel aux armes est naturel. Elle est refusée dans les corps terrestres féminin en raison de sa trop grande taille, mais elle est si brillante qu'on l'a place vite au bureau des services stratégiques. En tant qu'assistante aux service secret d'intelligence, elle retranscris à la main plus de 1000 noms d'officiers afin de mieux les identifier et mieux les situer dans l'ordre militaire. Elle sera décorée, entre autre parce que son attitude est formidablement bien accueillie partout. On l'adore. Elle amène du bonheur à tous. Elle est si agréable que sa fiche militaire, phénomène presqu'unique, est entièrement disponible sur l'internet afin de servir d'exemple de parfaite attitude.

Pas étonnant alors qu'au Sri Lanka, un autre employé du même service, Paul Cushing Child, tombe en amour avec cette femme qui se démarque. Les deux sont amoureux et s'épouseront 4 ans plus tard. Après la guerre. Paul a le tempérament d'un artiste. Il a vécu à Paris, plus jeune, et s'est développé une palette culinaire plutôt sophistiquée. Sa famille entière est très férue de cuisine. Ça influence tout de suite Julia. Elle a une révélation, une sorte d'épiphanie, en mangeant avec lui, au restaurant La Couronne, à Rouen, en France.


Elle étudiera et graduera de la fameuse école de Cordon Bleu de Paris en plus de suivre des cours privé auprès de Chefs et de grands maîtres. Cuisiner est une forme d'art, apprends-t-elle. Elle joint Le Cercle des Gourmettes où elle y fera la rencontre de Simone Beck et Louise Bertholle. Ce seront ces deux-là qui pousseront l'idée d'écrire un livre culinaire qui plairait aux Américains. Les trois femmes enseignent d'abord aux épouses Étatsuniennes, à Paris, comment cuisiner, dans la cuisine parisienne de Julia et Paul. Leur informelle école s'appellera Les Trois Gourmandes. Pendant 10 ans, elle teste et traduit des recettes avec ses amies. On oscille entre la Provence, à Plascassier, où on s'est fait construire une résidence qu'ils appellent affectueusement "La Pitchoune" (éventuellement, simplement, "La Peetch") et Cambridge, au Massachusetts, où on a aussi une résidence, Paul travaillant pour les services étrangers des États-Unis.

Un première maison d'édition rejette leur projet de livre, le trouvant trop encyclopédique. La maison Houghton Mifflin le regrettera amèrement. The Mastering Art fo French Cooking sera un immense best seller. Encore de nos jour, il sert de bible culinaire en Amérique du Nord et se vend encore très bien, en Europe. Elle écrira des chroniques culinaire dans la Boston Globe, parfois seule ou en équipe. 

En 1962, elle fait une apparition télé dans un poste local de Boston, pour y faire une omelette et les gens aiment tant sa présence et son enseignement qu'on lui offre sur-le-champs, un show télé. The French Chef sera un titanesque succès de février 1963 à janvier 1973. Sa voix si particulière, presqu'elle-même enrobée de sirop, et son côté amusé/amusant charment toute l'Amérique. La télévision en est à ses premiers balbutiements et tout se fait en direct. Ce qui fait en sorte qu'elle commet quelques erreurs en direct assez régulièrement, ce qui fait beaucoup rire (elle-même d'abord) et qui l'humanise complètement. Son émission de cuisine marque l'histoire de la télé d'Amérique devenant la toute première à être sous-titrée pour les malentendants. Dans les années 80, on l'entend clairement homophobe avant de devenir fervente militante pour l'inclusion et la recherche contre le SIDA. 

Les États-Unis, l'Amérique, le monde la voit évoluer comme on le ferait d'une soeur, d'une tante, d'une mère dans la famille. 

De plus, sa fréquentation de Paul Child la convertit en totale Démocrate. Elle est largement, très largement aimée. De manière surnaturelle, on la respecte de partout. Tout ce qu'elle écrira par la suite sera d'excellentes ventes. Elle mettra de l'excellence plein les ventres aussi.

Même son histoire d'amour avec Paul devient un modèle. Elle est ouvertement partisane des trois F pour faire fonctionner un mariage. Food, Flattery, Fuck.

Elle cuisinait très gras, utilisant beaucoup de beurre et de crème, ce qui fait dire à plusieurs que son influence était si majeure qu'elle est responsable du taux d'obésité aux États-Unis. Son impact sera grandiose. Sa bonne amie Simon Beck décède en 1991, à 87 ans, ce qui lui fait renoncer à sa maison en Provence. Paul, qui avait écrit de la poésie, pris des photos pour les livres de Julia, écrit son amour pour sa femme suffisamment pour que ce soit, au final qualifié de biographie, décède lui aussi, trois ans plus tard, à 92 ans. 

Son époux lui avait fait faire sur mesure des hauts comptoirs dans sa cuisine afin d'accommoder sa grande taille.

Julia lui survit 10 ans, et décède à son tour, à deux jours de ses 92 ans. En 2009, un délicieux film de Nora Ephron, sur la relation entre Julia Child et une blogueuse de New York, Julie Powell, reste impossible à regarder sans vous ouvrir l'appétit. J'ai découvert ce film en avion et je n'ai jamais eu davantage l'eau à la bouche comme ça en plein vol. De plus, la distribution est formidable.

Tout aussi formidable semble le documentaire Julia, de seulement 35 minutes, lancé le 26 novembre dernier. 

*la dernière photo est la vue de sa cuisine, en Provence, dans les montages au dessus de la ville de Cannes. 

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