lundi 26 mai 2014

Poussières de Flair

La vie peut être tellement belle.
Jolie je veux dire, désirable, stimulante.

L'été a pointé en plein printemps récemment. Les femmes en ont profité pour se déshabiller. Rendant la plupart des mâles pseudo-dégénérés. Habités par des élans de désirs impromptus.

Moi le premier.

Un matin, en me rendant au "punch" dans l'entrepôt, j'ai marché mon 7 minutes habituel entre 3h44 et 3h51 derrière Elo Finkelberg, une jeune fille de l'entrepôt, obsédée par l'entretien de son corps. Mes yeux zonant sur son postérieur droit devant. Si vous saviez  mesdames, comme l'esprit d'un homme peut faire du millage sur pas grand-chose. Elle se jouait dans les cheveux rouges en se retournant de temps à autre afin de s'assurer que son opération d'hypnotisme fonctionnait bien. Facile, n'importe quel mâle piégé dans le premier deux heures d'éveil est une proie facile.

À cette heure matinale, la radio est tout simplement sensationnelle. Pendant qu'on charge/décharge/entrepose de l'alcool, la musique sévit dans l'entrepôt. Et le 94, 3 offre la meilleure musique au monde entre 4 et 5h30. Sans publicité et sans animateurs, donc sans marde. Et on entend des bijoux. Des fois des morceaux oubliés. Des morceaux jouissifs. Qu'on entendrait jamais de jour. Des fois des morceaux qu'on avait plus ou moins aimé par le passé mais qui, par la nature de ce que nous faisons dans l'entrepôt, deviennent inspirants.

Des fois aussi, des morceaux entendus 1 000 000 000 de fois, mais qui soudainement nous rappellent que la musique peut être aussi grande que le ciel ou la mer.

Page a beau avoir copié Spirit, quand il s'élance vers 5:55, et que Jones et Bonham offrent une déboulade sonore récurrente pour que le tout tienne (parce que Page, tel que vu et entendu dans The Song Remains the Same pouvait devenir 100% cacophonique et arythmique, rendant les deux autres indispensables comme lien avec l'auditeur) les frissons montent. Puis Bonham annonce à 6:22, comme on cognerait à la porte de la molle radio d'aujourd'hui pour offrir un brin de souffle vers le futur (Does anybody remember laughter?), la chute de l'ange Plant, non pas avant de re-cogner à la porte comme on déboulerait les escaliers menant au paradis et l'orgasme est presque réèl...

"...Jones...?"

"Hein?, quoi?"

"C'est toi ou c'est le bruit d'une souris?"

"Hein? Quoi?"

"Ben j'sais pas j'ai comme entendu des petits sons...Huhuhuhu...andaswewindondowntheroad... que'que chose comme ça...fuck! on vient juste de faire venir l'exterminateur!"

Moi qui pensais que je chantais dans ma tête...

Puis, à la pause on lit sur Cannes et son festival de film. On lit sur Stéphane, qui séduit encore.
"Madame, tu me déconcentres" c'est aussi beau que les mots Avec Pas d'Casque. Stéphane séduit.
C'est con, y a des films comme ça, des gens, des sujets, que tu sais, tout simplement que c'est pour toi.

Certains appellent ça du flair. Certains m'ont aussi prêté ce flair avec les années. Des fois ça fonctionne, des fois pas.

Je ne connaissais du dernier film des frères Cohen que le sujet et les frères eux-mêmes. John Goodman et Carey Mulligan au générique. Justin Timberlake, fabuleusement utilisé aussi. Et l'univers de Bob Dylan qui s'agite dans mon corps depuis 1984 ou 1985. Je n'avais pas le temps de voir le film au Cinéma, mais pour une raison que seul le flair pourrait expliquer, je savais que si j'achetais le film, je serais enchanté.

Je ne me suis en rien trompé. J'ai écouté le film 4 fois depuis que je l'ai acheté. Jubilant à chaque réécoute.
Je le réécouterai c'est certain. Le film est un merveilleux voyage en terrain connu.

En Terrain Connu...tiens...le titre du second film de Stéphane Lafleur...

Gordon Willis est décédé le 18 mai dernier. C'était un fameux directeur photo. Celui des Parrains entre autres. Ce qui est bien avec ses gens que j'admire c'est qu'ils nous laissent du palpable en héritage. Qu'on peut revisiter de temps à autres. J'ai réécouté Manhattan de Woody Allen qu'il avait tourné. C'est fou ce que ce film m'a fait du bien.

Ça m'a réconcilié avec une vie parfois hostile qui m'avait refilé une conne grippe.
Puis, inspiré j'ai (ré)écouté Stardust Memories, le film suivant, en 1980, de Woody Allen, toujours tourné avec l'oeil de Gordon Willis. Encore plus brillamment par celui-ci que dans Manhattan. Dans une mise-en-scène Felliniesque, avec des tonnes de clins d'oeil au grand Federico et quelques autres à Ingmar.

Il y avait Jessica Harper, sosie de Frances O'Connor, que je trouve toutes deux adorables. Mais surtout ces gros plans en fin de film qui soulignent l'extrême beauté de Charlotte Rampling. Une série de gros plans se terminant sur Rampling se jouant dans les cheveux, geste féminin par excellence, et disant "How do I look?", horriblement consciente d'elle-même.

Le selfie 30 ans avant l'heure.

Belle, tu es extrêmement belle Charlotte.
Tu rivalises avec Françoise Hardy ou Helen Mirren à mes yeux dans ce plan.

La vie est belle parfois.

Grâce aux femmes qui la composent.

Stardust Memories est moitié rêve, moitié réalité.

En noir et blanc.

Tiens...

...comme le dernier film de Stéphane Lafleur...

dimanche 25 mai 2014

Scorsese 13 (De Niro 8, DiCaprio 5)

Martin Scorsese est un homme de famille.
Pour preuve il aura fait jouer ses propres parents dans ses films 10 fois.

De plus, Victor Argo et Harry Northup ont joué 6 fois dans ses films, Harvey Keitel, Murray Moston, 5 fois chacun, J.C.MacKenzie , Joe Pesci, Frank Vincent & Verna Bloom dans 3 de ses films en plus de réutiliser beaucoup de son équipe technique, films après films.

Deux de ses muses auront été respectivement Robert De Niro (1973-1995) et Leonardo DiCaprio (2001- à nos jours).

Revisitons les deux muses et leur employeur.

Mean Streets 1973
Robert De Niro, à l'âge de 20 ans, en 1963, tourne avec Brian De Palma. Le film ne sort toutefois que 6 ans plus tard. Les deux s'entendent si bien que De Palma le réengage pour son film de 1968. Entre temps, Martin Scorsese s'est aussi lié d'amitié avec De Palma, impressionné par le premier film de Marty. Brian présente Bobby De Niro à Martin, quand Scorsese est impressionné à son tour par l'acteur dans Bang the Drum Slowly. La même année, il tourne avec De Niro, l'histoire partiellement improvisée, d'une bande de petites frappes de la petite Italie dont le personnage de De Niro est l'un des colorés leader.
Tourné avec des bouts de ficelles, le film sera jugé si culturellement, historiquement et esthétiquement juste et significatif que la Libraire du Congrès des États-Unis en garde une copie de référence dans ses archives.

Taxi Driver 1975
Le scénariste Paul Schrader s'inspire du journal d'Arthur Bremer, de Dostoievski et de son propre désabusement à L.A., alors qu'il livrait des pizzas, récemment divorcé, couchant dans sa voiture et se faisant rejeter par son ex, pour écrire le personnage mythique de Travis Bickle. De Niro veut tellement ce rôle qu'il quitte le plateau de tournage de Bertolucci en Italie, après avoir tourné ses scènes le vendredi, prend l'avion pour New York où il conduit des taxis la nuit pendant deux jours, avant de retourner en Italie le lundi, dans le simple but de se préparer au rôle. Le controversé film, qui a aussi inspiré le triste John Hinckley Jr, a aussi été jugé si culturellement, historiquement et esthétiquement juste et significatif que la Libraire du Congrès des États-Unis en a gardé une copie de référence dans ses archives. Scorsese et De Niro se sentent significatifs ensemble, les voilà inséparables.

New York, New York 1976-1977
Scorsese se poudre le nez. Son nouveau projet est un hommage aux comédies musicales mettant en vedette Liza Minelli et son partenaire saxophoniste Bobby De Niro. La musique est celle de John Kander et Fred Ebb. Scorsese, marié, développe une affaire avec Minnelli et avec elle, sur une dérape, ils se présentent dans la nuit chez un ami lui demandant de leur donner "toutes les drogues qu'il possède". Le film est une catastrophe critique et financière et quand Minelli laisse tomber Scorsese, celui-ci tombe dans une dépression et sombre davantage dans la drogue. Le succès de la chanson titre, devenu pratiquement l'hymne national de la ville et réenregistrée par Sinatra en 1980, vient panser les plaies.

Scorsese verse dans le documentaire avec beaucoup de talent, mais devient très dépendant à la cocaïne et fait largement la fête, toujours induit de multiples barbituriques. Débauche absolue.

Raging Bull 1980
C'est Bobby qui sauve la vie de Scorsese, convaincu qu'il ne tournera plus jamais, en lui présentant le projet de l'histoire de l'auto-destructeur boxeur Jake LaMotta. De Niro réussit d'abord à convaincre Scorsese de se libérer de sa dépendance à la coke et le film sera un immense succès couronné d'Oscars pour De Niro et pour la fidèle monteuse Thelma Shoonmaker. Tourné dans un gracieux noir et blanc, les thèmes de l'insécurité masculine, de la violence, de la culpabilité et de la rédemption sont encore évoqués dans son oeuvre jugée meilleur film sportif de tous les temps par l'American Film 1nstitute. De Niro vient de prendre une importante place dans la vie de Martin, celui-ci le garde pour lui pour son prochain projet : The Last Temptation of Christ. Bobby sera son Jésus.

The King of Comedy 1981
Mais De Niro a le gros bout du bâton. C'est sous sa direction que le script de Raging Bull est parvenu à Martin. C'est aussi lui qui l'a ramené dans la sobriété et dans les bonnes grâces de la business. Il ne veut pas jouer Jésus et préférerait faire découvrir une nouvelle facette de sa profession: jouer la comédie. Le scénario du critique de film Paul D. Zimmerman a été achété par De Niro et il y jouera le rôle d'un pauvre individu incapable de faire la différence entre fantasme et réalité, harcelant un animateur de fin de soirée joué par Jerry Lewis. Le public et la critique n'achètent pas De Niro en comique et le film est un échec. Marty & Bobby prennent une pause l'un de l'autre.

Goodfellas 1988-1989-1990
Quand Scorsese découvre le livre Wiseguy racontant la vie d'Henry Hill Jr,  de Nicholas Pileggi, il est aussitôt charmé et donne un coup de fil à l'auteur en lui disant "J'ai attendu ce livre toute ma vie!". Pileggi lui répond "Et moi j'ai attendu cet appel toute ma vie!". Les deux écrivent ensemble 12 versions du livre et le film, retîtré afin d'éviter la confusion avec un autre film du même nom et une série télé sera un immense succès. Bobby D jouera Jimmy Conway inspiré de Jimmy "The Gent" Burke. Ce film est parmi les trois meilleurs de Scorsese à ce jour.

Cape Fear 1991
Scorsese devait tourner Schindler's List mais trouvait la tâche lourde. Steven Spielberg devait tourner Cape Fear, le remake du film de 1962, mais trouvait l'histoire trop violente. Les deux amis s'échangent les films et tout le monde est heureux. De Niro reprend le rôle que jouait Robert Mitchum, un prisonnier musclé qui sort de 14 ans de détention afin de se venger de son avocat de l'époque qui l'aurait mal défendu. Gregory Peck, Mitchum et Martin Balsam, tous dans le film de 1962, y interprètent de petits rôles en clin d'oeil à l'oeuvre originale. Le film est bien reçu partout.
                
Casino 1994
Nicholas Pileggi recontacte Scorsese avec une nouvelle idée conjuguant toujours l'avarice, les trahisons, l'argent, le pouvoir, un meurtre entre deux "amis" truands, une femme-trophée et un empire du jeu de hasard. De Niro et Pesci sont réunis pour la troisième fois à l'image. Sharon Stone sera la femme-trophée. Le film est un triomphe malgré une certaine complaisance dans la violence exposée.

On parle d'une collaboration future pour l'adaptation du livre I Heard You Paint Houses, avec peut-être Pacino et Pesci aussi, d'une potentielle suite à Taxi Driver (non, svp) et d'un film sur la vie de Sinatra où De Niro incarnerait Dean Martin et Al Pacino, Ol' Blue Eyes.

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Leo DiCaprio est un fan fini de Scorsese. Il suit l'évolution du scénario de Jay Cocks sur l'évolution des gangs dans le district de Five Points dans le New York du 19ème siècle culminant avec l'émeute de la conscription de 1863, et colle au cul du directeur pour y obtenir un rôle. DiCaprio est un nom vendeur pour les producteurs, Scorsese a besoin d'un hit. DiCaprio est engagé.

Pour plus longtemps qu'il ne se l'imaginent tous les deux.

Gangs of New York 2001
Adapté d'un livre historique de 1928, le film sera tourné entièrement à la fameuse Cinecittà de Rome. La production est retardée plusieurs fois, si bien que Robert De Niro et Willem Dafoe doivent quitter la production pour se consacrer à d'autres projets déjà planifiés. Malgré un Daniel Day-Lewis qui en fait des tonnes, une direction artistique extravagante et un film excessif, l'ensemble sera un succès populaire. Même à 160 minutes.

The Aviator 2004
Leo devient Howard Hughes, cet étrange personnage qui a tant fasciné la planète. Le film est un immense succès, il double en recettes, les coûts de production qui étaient de 110 millions et Di Caprio/Scorsese semble une combinaison gagnante.

The Departed 2006
Brad Pitt, Brad Grey & Graham King produisent le remake d'un film policier de Hong Kong et ce film, dont l'action est plantée à Boston. Le film, aussi inspiré de la relation trouble entre le bandit irlandais Whitey Bulger et l'agent corrompu du FBI John Connolly, un ami d'enfance de Bulger, ramène Scorsese dans le genre crime/mafia/trahison. Le remake devient le film de l'année aux Oscars et Scorsese, à sa sixième nomination, remporte la statuette de la meilleure direction. Di Caprio forever. Scorsese ne sait plus être concis, ses films font deux heures trente, presque trois, minimum.

Shutter Island 2008
Le livre de Denis Lehane traitant de folie et de traumatisme deviendra un film noir flirtant avec l'horreur où Leo DiCaprio incarne un sergent détective en 1954 sur une île où s'y trouve un asile. Autre gros succès, plus modeste à 2h18 minutes, et ne coûtant que 80 millions (en rapportant près de 300 000$).

The Wolf of Wall Street 2012
Leo DiCaprio incarne l'escroc Jordan Belfort qui a floué bien des investisseurs des années 80 au milieu des année 90 avant de faire un court 22 mois de prison et de se réincarner en conférencier. Scorsese a confessé vouloir exorciser son propre style de vie entre 1976 et 1980 avec ce personnage rongé par les excès et la débauche. DiCaprio voulait tellement jouer Belfort qu'il en avait acheté les droits de son livre avant l'adaptation du scénariste/créateur des Sopranos et de Boardwalk Empire, Terence Winter.

Leo DiCaprio compte prendre une longue pause du cinéma afin de promouvoir le respect de l'environnement à travers le monde.

Marty Scorsese se nourrit de multiples projets.
Habité par la passion du métier.

Bobby D sera l'entraineur de Roberto Duran pour Jonathan Jakubwicz et un policier hanté par son passé pour Stephen Gaghan.

Jordan Belfort était de passage à Montréal récemment.

samedi 24 mai 2014

Le Joie de Vivre en Iran

C'était ce que l'appelle un vidéo viral.

Sur la chanson joviale Happy, de Pharrell Williams, vous dansez, sans même être obligé d'en chanter les paroles, simplement dansez, l'air joyeux, dans les rues de cette ville que vous aimez. Copiant le vidéo original de Williams, si possible.

Personne ne sait trop qui a commencé quoi. Il y a eût Paris, Milan, Londres, Colorado Springs, Prague, Hong Kong, Bucaramanga, Saigon, Tokyo, Amsterdam, Dublin,Tanger, New York, les Hautes Tatras en Slovaquie, Santiago, même Montréal s'y est mise. En version personnelle aussi.

C'est peut-être justement ces pays, où les femmes sont généralement émancipées, qui ont donné ce parfum d'occident à un vidéo tout ce qu'il y a de plus rafraîchissant en provenance de Téhéran, mais qui a emprisonné 7 personnes la semaine dernière.

La vidéo a été tournée en mars dernier dans le cadre de la "happy day" du 20 mars. Une initiative, oui, d'Occident. Plus de 400 000 personnes on regardé la vidéo de Téhéran. Neda, Bardia, Roham, Reihanet, SPDH, Afshin, Siavash et Sina ont dansé sur les images de Sol. Reihnaet, dans certains plans, se pose sur ses deux mains, la tête en direction du sol et les deux pieds accotés sur les épaules d'un homme, dos à dos. On peut entendre son rire en plein milieu de la chanson, et à la toute fin, son rire encore, un rire merveilleux. C'était le but avoué du réalisateur, qui écrit à la toute fin : Nous avons fait ce vidéo en 8 heures, utilisant un Iphone 5 S, la chanson "Happy" est un prétexte pour montrer notre bonheur. Nous avons savouré chaque secondes sur laquelle nous avons travaillé, en espérant que ce clip ait mis un sourire sur votre visage.

Il en a mis un sur le mien.
Mais pas sur les autorités de Téhéran.

Ceux-ci ont arrêté les 6 danseurs, 3 hommes et 3 femmes, ainsi que le réalisateur, pour "obscénité offensant la morale publique".  Il faut savoir qu'en Iran, la loi exige des femmes qu'elles soient voilées et surtout qu'elles ne soient pas trop "flirteuse" à l'égard des hommes. Toute initiative de flirt devant être mâle et surtout privée.

L'auteur, Pharrell Williams a aussitôt condamné les autorités en disant que "C'est d'une tristesse incroyable que de penser que ses jeunes ont été arrêtés pour avoir voulu répandre la bonheur."

Tapez Happy we are from... et insérez la ville que vous voulez, vous y trouverez du bonheur en 4 minutes 11 secondes. Et vous aurez définitivement un sourire qu'on ne veut pas reconnaître en Iran.

À Tunis, Asma El Costantini écrit à la toute fin: Merci à ceux qui ont partagé avec nous leur joie de vivre malgrés(sic) la crise que traverse notre chère Tunisie en ce moment...

À Abu Dhabi, on commence avec une version acoustique locale à la guitare de la chanson, d'une réelle beauté. Un peu plus loin dans ce clip, on voit une jeune femme danser et derrière elle, une photo sur le mur montrant une autre jeune femme, si épris de joie de vivre, si heureuse, que sa bouche est grande ouverte dans un sourire qui accote celui de celle qui danse devant nous. Ça m'a frappé. C'était comme si les images s'amusaient de l'effet qu'elles produisaient sur les gens. Comme si elles prenaient vie. Ça aussi ça agace Téhéran. Ces images qu'ils jugent péjorativement "occidentales" tout comme nous jugeons souvent les leurs "islamiques" tout aussi péjorativement.

À Marrakech, Un plan nous montre un homme et une femme dansant devant un centre commercial avec un deuxième homme, portant des verres fumés, qui se montre interdit au mouvements des deux autres, jusqu'à ce qu'il se laisse contaminer et danse lui aussi dans la joie. Métaphore à la fois savoureuse pour nous et inquiétante pour Téhéran. L'Influence autre que religieuse est mal bienvenue dans l'oeil de certains en Iran.

Les sourires des gens qui dansent, peu importe le pays, sont tout simplement fantastiques. Vous tomberez en amour plusieurs fois si vous visitez les 4 minutes 11 proposées plus haut (et ferez une indigestion de la chanson). Vous serez impressionnés par les décors, amusé par celui qui danse avec sa lance ( Ouagadou) ou encore flabbergasté par celui qui fait un spinorama dans les airs en moto marine à Dakar...je crois (À Dakar, Bonheur se dit "Bégué", ça je sais)

À Abidjan en Côte d'Ivoire, à la deuxième minute, on verse dans la chorégraphie de groupe, le temps d'un léger remix. On découvre des pays riche de joie de vivre ici et là. Tout ce qu'il y a de plus rafraîchissant et de sain.

Le Président Iranien Hassan Rouhani a officiellement dit "qu'on ne devrait pas être trop dur à l'égard du bonheur, il s'agit d'un droit humain, ainsi les comportements causés par la joie ne devraient pas être un problème". Ça semble être du "damage control" de l'image internationale de l'Iran puisque les 6 danseurs ont été libérés sous condition de s'excuser publiquement et le réalisateur, au moment d'écrire ceci, était toujours en prison, lui.

Ironiquement, ce même Président venait tout juste d'encourager les jeunes à utiliser l'internet afin de communiquer. Cette injection d'Occident revient leur piquer le cul.

Au même moment, à Cannes, l'actrice iranienne Leila Hatami recevait du Président du Festival de Film, Gilles Jacob, un baiser sur la joue. Causant du même coup un léger scandale dans les journaux.

Rien n'est parfait nulle part.

La joie de vivre en Iran est sérieusement contingenté.
Principalement au féminin.

Ça aussi c'est triste.

Mais un peu comme ce garçon dans un des clips qui porte le gilet "Obey" et qui commence à danser comme on esquiverait des balles de fusil tirées dans les jambes, il y a toujours moyen de sortir la tête de l'eau dans la mer du Monde.

Courage, Iraniennes.
Courage.

Clap along if you feel happiness is the truth.
La seule, oui.

vendredi 23 mai 2014

Led Zep & La Copie

La musique des uns influence toujours la musique des autres.
Et c'est normal.

La fabuleuse formation, l'impérissable formation Led Zeppelin, qui a donné naissance à tant d'autres sons, d'autre bands, et qui fût une alternative si intéressante aux Beatles ou aux Stones que, comme eux, leur musique est encore tout ce qu'il y a de plus contemporain, prévoit lancer une version remasterisée de l'album IV originalement paru en 1971.

Randy California, guitariste décédé en 1997, avait déposé une plainte pour plagiat contre la chanson Stairway To Heaven. Mais l'entourage du groupe a toujours réussi à refouler la plainte. De plus, le gérant de Led Zeppelin, Peter Grant était un colossal  et redoutable individu qui en imposait beaucoup et qui intimidait facilement quiconque pouvant l'ennuyer, lui ou son band. Mais cette fois la descendance a poussé davantage. Et la cause sera entendue. Une question a été soulevée: Stairway to Heaven était-elle un plagiat?

Bien sur que oui.

Randy California était guitariste de la formation Spirit avait écrit Taurus en 1968 et son groupe, ainsi que Led Zeppelin, avaient partagés la scène l'année suivante, chacun entendant l'autre. Jimmy Page aurait commencé à écrire ce classique autour de 1970. La chanson avait rapporté à peu près 562 millions de dollars il y a 6 ans.

Assurément plus aujourd'hui.

Jimmy Page n'en est pas à sa première offense. Et il ne s'en cache même pas.

"Je tente toujours de donner une couleur nouvelle à tout ce que je travaille et ça inclus ce que j'entends ailleurs et que mon cerveau retient inconsciemment." dit-il.
"Bobby (Robert Plant) devait habituellement changer les mots, mais il ne le faisait pas tout le temps, ça nous as mis dans le trouble quelques fois" a-t-il aussi avoué.

Led Zeppelin a souvent réglé hors cours certaines poursuites.Voici un court portrait des multiples cas "d'inconscience" de Page.

-Babe I'm Gonna Leave You d'Anne Bredon et de Barbara Müller. Et du premier album de Led Zep. Bon. Il est aussi possible que ce soit de l'ordre du "traditonniel". Chose certaine, plusieurs versions existaient avant celle de Page. Les deux en lien ici date de 4 ans avant celle de Led Zep. On crédite quelques fois Janet Smith pour ce morceau. Led Zeppelin avait d'abord crédité (Air traditionnel arrangé par Jimmy Page), puis audacieusement (Paroles & Musique Jimmy Page) et finalement Bredon/Page/Plant quand une poursuite a été présentée.

-Black Mountain Side emprunte largement à Blackwater Side de Bert Jansch. Largement.

-Bring it On Home était un morceau de Willie Dixon usurpé par Sonny Boy Williamson. Page rajoute une seconde partie vers la fin pour se distancier de l'originale.

-Communication Breakdown et Nervous Breakdown présentent de grandes similitudes dans la livraison de la guitare.

-Custard Pie s'inspire de la musique de Bukka White et prend les paroles de Sleepy John Estes.

-James Holmes a enregistré Dazed & Confused en 1967. Il faisait aussi la première partie des Yardbirds, dont l'un des guitaristes était...Jimmy Page.

-Hats Off (to Roy Harper) est aussi emprunté au même morceau de Bukka White mentionné plus haut. Version sur l'acide dans le cas de Led Zep.

-How Many More Years de Howlin' Wolf s'occupe de le première partie de How Many More Times, tandis que The Hunter d'Albert King est responsable de la seconde partie de l'hybride qu'en fera Led Zep.

-Bob Dylan a fait une version de la traditionnelle In My Time of Dying sur son tout premier effort endisqué. So did Led Zep.

-Howlin Wolf a poursuivi Led Zep avec succès puisque que ceux-ci on réglé hors cours pour The Lemon Song

-The Girl I Love, She Got Long Curly Hair de Sleepy John Estes a été déguisée en pièce instrumentale pour Led Zep.

-Blind Willie Johnson est auteur de l'originale It's Nobody's Fault But Mine. Led Zep s'en approprie les droits (parce que Johnson est aveugle?)

-Since I've Been Loving You utilise les paroles (et l'esprit) de Never de Moby Grape.

-Trampled Under Foot aurait partagé le même studio que Stevie Wonder.

-Another White Summer emprunte au folklore irlandais.

-Whole Lotta Love emprunte au Small Faces de 1966 avec You Need Loving qui eux, subtilisaient aussi à Muddy Waters/Willie Dixon.

Page coupable?
Probablement.
Ça n'enlève rien à son incroyable talent.