Alors quand j'ai vu la bande annonce du film Deux Femmes en Or, j'ai d'abord hurlé dans mon salon.
Puis, j'ai mis de l'eau dans mon vin et je me suis dit que refaire le film de fesses de 1970, en 2025, ne pouvait pas retrouver le même sexisme d'alors. Il devait être plus féministe. Forcément. On ne peut pas que viser les baby boomers. Quel aurait été l'intérêt de faire un film rétrograde ? Puis, j'ai vu que c'était tout au féminin. Contrairement aux films de fesses des années 70. Entre 1969 et 1972, il y avait une consigne à l'ONF, inspirée des films Français, de "Déshabiller la Femme Québécoise" sur grand écran. Mais, époque oblige, ça se passait majoritairement guidé par les hommes et les regards d'hommes. À quelques exceptions près. Comme le film de Denis Héroux, Valérie, avait fait rapporter plus d'un million de dollars en déshabillant à l'image Danielle Ouimet, et que le film était vendu dans plus de 40 pays dans le monde, on avait vite enclenché la division "films de fesses" à l'ONF. 12 seront tournés ainsi. Érotique, grivois, mal ficelé, toujours prétexte à mettre toute nue, au sens propre comme figuré, on a eu L'initiation, L'Amour Humain, 7 Fois Par Jour, La Pomme, La Queue, Les Pépins, Après-Ski, Y'a Plus de Trou à Percé, Les Amours de Ladie Hamilton et même Gilles Carles, considéré plus "respectable" tournait Les Mâles avec Donald Pilon, René Blouin et la chanteuse Isabelle Pierre. Mais le second film de cette série dénudée s'appelait Deux Femmes en Or, était scénarisé par le désolant Guy Fournier, mais heureusement aussi avec Marie-Josée Raymond. On y racontait l'ennui de 2 femmes de la Rive-Sud, des beautés désespérées femmes au foyer, sans enfants, qui s'y ennuyaient tant qu'elles se trouvaient des passe temps charnels avec les réparateurs, livreurs, et tout ce qu'elles arrivaient à imaginer de mâles passagers. Elles avaient le droit de se faire plaisir elles aussi. Et elles choisissaient leurs "victimes", ce qui était reconnu comme une nouvelle tendance dans la Révolution Tranquille au Québec. Ce n'était plus la femme passive en désir amoureux. Mais la comédie originale reste datée. Et Guy Fournier est si désolant de nos jours avec ses vannes sur les Femmes, (Stéphane Venne est souvent pire) que le film, qui a fait aussi beaucoup d'argent alors, menaçait de tomber dans l'oubli et la honte nationale. (Un peu gênant de regarder l'original de nos jours, oui).Catherine Léger est auteure depuis 2010. Théâtre d'abord, puis, en 2018, elle signé le scénario d'un film tourné habilement par Sophie Lorrain, pour le film Charlotte a du Fun. Un film pour adolescent(e) qui traite de se respecter soi-même, quand on est une fille, dans le désir amoureux. Bien tricoté. Nous étions allé le voir en salle avec notre fille Punkee qui en avait alors l'âge, et qui s'éveillait au désir amoureux.
Quand j'ai vu que c'était elle qui avait adapté Deux Femmes en Or, de la pièce qu'elle avait aussi adaptée au théâtre, ça a changé complètement ma vision de cette reprise. Et Chloé Robichaud à la réalisation ? Celle qui a réalisé Sara Préfère La Course et Pays.? Alors là, j'étais gagné. Ça ne pouvait pas être du boomer surexcité.
Robichaud, au cinéma a fait de la fresque, presque de la peinture, de l'austère de l'auteure, du réfléchi. Mais à la télévision, elle a aussi fait très drôle avec l'excellente série de Marie-Andrée Labbé avec Virginie Rompré et Evelyne Brochu, Trop. Je croyais donc à la comédie qu'elle allait proposer.
Et comme l'amoureuse avait quitté le jour même pour 10 jours, comme j'étais seul, je me suis rendu au cinéma vendredi dernier pour y voir la première. Dans cette foule clairsemée de ma banlieue triste.
Et je n'ai pas été déçu. Tout d'abord d'avoir eu les services de la fidèle et excellente (et souvent primée) directrice photo Sasha Mishara, habituellement associée au tout aussi excellent Stéphane Lafleur, complète un trio de femmes extraordinaire derrière la caméra. Ses images sont splendides et toutes en suggestions plutôt qu'en expositions.
Cette fois on est pas femme au foyer pendant que le mari est ailleurs au travail, l'une est en congé de maternité et l'autre, en arrêt de travail pour épuisement proFESSionnel. Le gars du câble, le plombier, l'exterminateur, la laveuse de vitre, le peintre et l'homme de ménage, dont je vous garde le secret du casting (excellent!) répondront tous aux pulsions sexuelles qu'elles retrouvent respectivement avec les anti dépresseurs et l'allaitement. C'est drôle et tourné fameusement d'un point de vue féminin.Ha-bi-le-ment.
Même les participants du premier film ont tous leur clin d'oeil.
Je trouvais presque triste que si peu de gens dans la salle allaient bénéficier d'une telle intelligence sur pellicule.
Catherine Léger avait adapté ce film sur scène et y intègre aussi un personnage qu'elle y avait créé. Les personnages secondaires sont si interréssants qu'on les rit autant qu'on les réfléchit car on touche à nos manières face au consentement, à l'environnement, à notre jugement qui tend à être réactionnaire avec les réflexes publics navrants décomplexés du Fucking Orange Downstairs Grand Excrement. (F.O.D.G.E).
Je n'aime pas les reprises en général.
Y a des exceptions quand des femmes en or y mettent leur grain de sel.
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