lundi 15 janvier 2024

Démons d'en Bas

Le racisme est bien vivant aux États-Unis. 

Merci à la famille Trump d'en avoir soufflé toutes les braises depuis toujours. Malsain, nous avons bu en ton sein. Continuons vivement de le faire. Surtout dans le pays d'en bas. 

Quand Serena Williams s'est plainte d'avoir été démonisée, en 2018, après qu'un arbitre eût appelé le très rare "forfait" contre elle, dans un match contre Naomi Osaka, ce qui est l'équivalent de donner un but à l'autre équipe dans une finale de la Coupe Stanley dans un match à égalité, l'élément de frustration devenait plus grand encore pour elle. John McEnroe et combien d'autres mâles ont fait bien pire que les codes de violations que l'on a appliqué contre elle, ce soir-là, sans jamais goûter au même forfait.  

La rare sévérité devenue injustice était contre elle et a terni la soirée, la conquête d'Osaka et les semaines qui ont suivi. Pourquoi une telle sévérité contre elle ? Parce que femme ? Parce qu'athlète à la peau noire ? Peu importe, plusieurs ont senti que ce mauvais spectacle avait moins à voir avec l'ego qu'avec une certaine malsaine mauvaise foi. Née d'attitudes, on l'espère et non de racisme. Mais le doute est resté. 

En avait-on aussi inconsciemment contre la couleur de sa peau ? La discussion s'est tenue. Parce que le doute collait. 

Quand, trois ans plus tard, Serena a souligné que le traitement médiatique contre l'actrice Meghan Markle, qui se défranchisait de la réductrice monarchie britannique avec son nouvel époux, l'ex prince Harry, semblait inutilement très dur, et que c'était peut-être parce que sa peau n'était pas blanche, on lui a dit de cesser de voir du racisme partout.

Elle ne se trompait pas sur le fait qu'on la démonisait facilement, elle aussi. Une accusation que Williams connaissait bien car elle a du caractère et les femmes avec du caractère sont démonisées à la vitesse de l'éclair (sondez le taux d'appréciation des hommes Québécois envers la ministre Geneviève Guilbault, vous verrez).   

Quand la mégastar de basketball LeBron James a souligné l'extrême injustice qui a coûté la vie à George Floyd et appuyé le projet de loi maintenant nommé le George Floyd Justice Policy Act, en 2021, on a passé plusieurs semaines, même plusieurs mois, et encore de nos jours on le répète, parfois sans même le nommer, mais en visant très directement vers lui dans les semaines qui ont suivi les propos de James, qu'un athlète devrait se concentrer sur son sport et non sur ce qu'il perçoit de la société. 

On lui disait ta gueule et drible. 

Quand Colin Kaepernick, quart arrière réserviste des 49ers de San Francisco, a choisi de poser son genou au sol pendant l'hymne national, tant et aussi longtemps qu'il ne sentira pas que la justice raciale sera réelle aux États-Unis. C'était en 2016, et Donald Trump, le plus ouvertement raciste des présidents récents, venait d'être élu. Ce dernier n'a pas manqué de très rapidement dire que quiconque ne respectait pas le drapeau des États-Unis et l'hymne national était anti-patriote et qu'il devrait être remercié de ses services. 

Personne n'a dit au blanc de ne pas se mêler de sports. Trump a passé beaucoup trop de temps à en parler et a été huile à haine qui a brûlé la carrière sportive de Kaepernick, qui n'a plus joué un match dans la NFL depuis, mais qui fait autant d'argent en contrat de publicités et en tournée de conférenciers. 

Ce quart arrière sera dans la tête de plusieurs, un fauteur de troubles et un anti Étatsuniens. Une honte comme disait Donald, le plus honteux des présidents des États-Unis de leur histoire. On a pas dit ça des blancs qui l'on imité. 

Williams, Markle, James, Floyd, Keapernick, sont loin d'être parfaits. Personne ne l'est. Mais ils ont tous en commun la même couleur de peau. Et ce pour quoi on les as démonisés est plus que discutable. La preuve en étant qu'on continue d'en discuter. Trop souvent, défavorablement envers chacun d'eux.

Mais quand Aaron Rodgers légendaire quart-arrière anciennement des Packers de Green Bay, futur candidat facilement accepté au Temple de la Renommée du Football Étatsunien, maintenant Jet de New York, dit qu'il croit aux théories conspiratoires entourant le drame des tours jumelles du 11 septembre 2001, quand Rodgers fait la promotion de médecine alternative pendant la pandémie et condamne toutes formes de vaccins, on l'invite sur toutes les tribunes, on le reçoit dans les ballados les plus populaires, dont celui du petit tas de purin Joe Rogan, premier au pays, qui voterait Conservateur demain, si des élections avaient lieues, on veut l'entendre.

Ai-je besoin de souligner que Rodgers est blanc ?

On le vénère toujours. 

Il n'est pas atteint par la démonisation.

Ceux qui le font sont honorés du titre de woke

Mot volé au mouvement Black Lives Matter afin de vouloir démoniser les humains à la peau noire réclamant justice sociale et leurs supporteurs. Mais qui peuvent tous se faire tuer par un adolescent raciste*. 

Blanc.  


*et qui restera impuni.

Aucun commentaire: