vendredi 6 novembre 2020

Cinema Paradiso**************************Bleu/Blanc/Rouge de Krzysztof Kieslowski


Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: le cinéma. 

Je l'ai découvert, aimé, étudié, y ai travaillé, en suis sorti de la famille pour fonder la mienne, mais le cinéma ne m'a jamais quitté. Ma passion pour la chose. 

Je vous parle d'un film dont j'ai aimé la réalisation, l'audace, la cinématographie, la musique, la cinématographie, le scénario, les interprètes, bref je vous parle dont j'ai aimé pas mal tous les choix. 


BLEU/BLANC/ROUGE
 de KRZYSZTOF KIESLOWSKI.

Dans les jeunes années 90, j'étudiais très fort le medium. Krzystof Kieslowski était un réalisateur polonais que j'avais découvert par Télé-Québec. Et il m'avait séduit par une idée thématique. Un peu trop catholique, mais un exercice de style qui m'avait plu. Il avait tourné pas moins de 10 films pour la télévision, en assez peu de temps, ayant comme trame narrative les 10 commandements. Celui que j'avais vu, Tu ne Tueras Point,  une fiction traitant d'un homme en assassinant un autre assez gratuitement et de la relation de cet homme avec son avocat qui ne réussira pas à l'empêcher de se mériter la peine de mort. C'est aussi une condamnation de la peine de mort de la part de l'auteur qui n'était pas tellement porté sur les messages en général, mais plutôt sur les sens. 


J'avais été impressionné comme on l'est quand on est l'un de 8 qui regardent un film dans la nuit sur Télé-Québec, un soir de semaine. Ne m'attendant à rien, les voyant commencer à parler Polonais, j'avais été ravi de l'heure présentée à mes sens. En 1991, travaillant comme usher dans un cinéma, je m'étais précipité, avec des amis, dans les salles, pour aller voir La Double Vie de Véronique. Nous faisant tomber en amour avec Irène Jacob et avec l'auteur du film. Il travaillait dans le planant. Le métaphysique. Le mystérieux. Une femme, sosie d'une autre, décède sans jamais ne l'avoir rencontré, et ça semble changer la vie de la survivante. Suffisamment curieux. Et la musique de Zbigniew Preisner était tout simplement formidable. 

 Entre 1992 et 1993 il tourne encore thématiquement les trois derniers films de sa carrière. Trois Couleurs, les trois du drapeau français puisque le financement des production sera principalement français. KK dira que c'était comme ça, mais si le financement avait été d'ailleurs, les trois films seraient restés les mêmes. KK a simplement ajusté sa narration autour de la Liberté, l'Égalité et la Fraternité. On en parlera comme de son anti-tragédie (Bleue), de son anti-comédie (Blanche) et de son anti-romance (Rouge). 

BLEU (1993) 


Avec Juliette Binoche, Benoit Régent, Charlotte Véry, Florence Pernel et Emmanuelle Riva. 

Julie perd dans un même accident, son amoureux et leur fille. Celui-ci était compositeur de musique et ils travaillaient ensemble. Elle est dévastée et tente de tout vendre et de se refaire une vie. Mais son ancienne vie revient toujours la hanter. Et de drôles de façon. Ça commence par la rencontre d'un garçon qui a été témoin de l'accident fatal et qui lui raconte les derniers mots (comiques) de son amoureux agonisant. Le film est volontairement axé sur le bleu et traite de la liberté émotive, sentimentale, de création, chez quelqu'un de très lié à une famille maintenant décimée. Très beau, très musical. La photo de Slawomir Idziak est superbe. Julie Delpy et Zbigniew Zamachowski font un joli clin d'oeil dans ce film, annonçant le second.  


BLANC
(1994)

Avec Zbigniew Zamachowski, Julie Delpy, Janusz Gajos.

Karol partage un salon de coiffure avec sa conjointe, Dominique, mais celle-ci le divorce pour non consommation de mariage. Ce qui l'humilie, en cour. Karol perd sa part du salon de coiffure, son droit de résidence en France, (il est Polonais) et tout son argent brutalement. Il est bien vite, un clochard. N'ayant qu'un 2 franc en main. Il fait la rencontre d'un homme riche qui lui propose une idée pour faire de l'argent. Une large somme pour tuer quelqu'un que cet homme n'a pas le courage de faire lui-même. À partir de ce projet, Karol verra sa fortune complètement changer. Par une série d'habile combine, il deviendra très riche. Et se vengera même cruellement de celle qui l'avait abandonné. La cinématographie de Edward Klosinski, axée sur le blanc, est encore formidable. La musique aussi. Toujours de Zbigniew Preisner. Juliette Binoche apparaît au début du film, entrant par erreur dans une salle en cours, où Karol et Dominique règlent leur divorce. 

ROUGE (1994)


Avec Irène Jacob, Jean-Louis Trintignant, Jean-Pierre Lorit.

Le premier film se passe majoritairement en France, le second, majoritairement en Pologne, le dernier, majoritairement, en Suisse. Valentine est étudiante à Genève et modèle à temps partiel. Kern est un juge à la retraite qui épie les conversations de ses voisins et qui reste sans coeur quand Valentine frappe son chien avec sa voiture. Rien ne semble les unir. Pourtant, le film ne cesse de multiplier les interconnexions. Les deux scènes mettant en vedette les vedettes des deux premiers films, la scène de la cour, est encore entraperçu d'un nouvel angle. Le film, sur la chance, la destiné, la solitude, la communication, le cynisme, la foi, le doute, le désir, les forces affectant nos vies défiant toute rationalisation sera honoré d'une nomination aux Oscars pour la meilleure réalisation, la meilleure cinématographie (Piotr Sobocinski) et le meilleur scénario sera aussi listé dans les 1000 meilleurs films jamais produits selon le magazine New York Times. À la fin de Rouge, un autre clin d'oeil aux personnages des films précédents est fait parmi les survivants d'un accident de ferry. 


Dans le premier film, une vieille femme peine à placer une bouteille dans un bac à recyclage. Julie, trop absorbée par sa peine, ne la remarquera pas. Dans le second, la même scène se joue, Karol la voit mais n'intervient pas, lui faisant un sourire ironique. Dans le dernier, Valentine l'aide fraternellement. 

Kieslowski trouvant les tournages plus stressants que la satisfaction du produit fini choisit d'en faire son tout dernier film. Il décède presqu'aussitôt, des suites d'une chirurgie au coeur.

 J'ai trouvé les trois films dans un même boîtier en échange d'un pet et d'une chanson.      

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