Ce choix de film est tout ce qu'il y a de plus subjectif.
Et bien entendu je n'ai pas tout vu.
J'en ai vu beaucoup toutefois.
J'y ai même travaillé.
Mais pas tout bien sûr.
L'ordre est absolument n'importe quoi. Je referais le même exercise demain et la vingtième position serait peut-être la première.
Mais tous ses films ont en commun plusieurs choses qui me sont chers.
1. Mon pays qui refuse d'en devenir un. Appelons-le: mon peuple. Chaque film énoncé plus bas est une fibre de ce qui fait du Québec ce qu'il est. Un endroit fabuleux composé de gens du même acabit.
2.Une originalité propre; dans la réalisation, la technique d'approche d'un sujet, l'intelligence du propos, la direction et/ou le jeu d'acteurs ou la trame générale qui rend fier de faire partie de cette bande d'indigènes que sont les Québécois.
Sans trop m'étendre sur la canapé de la psychanalyse fleurdelysée collective voici mes 20 coups de coeurs cinéma dans le pays à tête de chien.
(Dans l'ordre ou le désordre)
20.Le Confessionnal de Robert Lepage (1995). Québec 1952, l'histoire imaginée du réèl tournage du film I Confess d'Alfred Hitchcock qui avait secoué le village. Un premier effort de réalisation cinématographique fort réussi pour un grand metteur en scène. Une narration atemporelle fort divertissante et quelques punchs de scénarios fort habiles. Merci Robert.
19.Octobre de Pierre Falardeau (1994). Montréal 1970. La triste histoire vue de l'intérieur de la cellule Chenier du destin du ministre Pierre Laporte. Françis Simard a collaboré au scénario offrant sa version des faits à un réalisateur controversé qui aura beaucoup aidé le reste du Canada à nous haïr davantage. Grandes performances de la part de Luc Picard, Hugo Dubé, Pierre Rivard, Denis Trudel et Serge Houde. Meilleure réalisation de Falardeau. Merci Pierre.
18. Les États Nordiques de Denis Côté (2005). Radisson, 2005. Parce que c'est le premier film d'un ancien critique ayant traversé du côté de la création et que ses films sont effectivement plein de création mais ce pourrait être aussi un autre de ses 4 films. Plus près de la photographie que du film d'action, les films de Côté sont d'une beauté exceptionnelle et son tout dernier, Curling, fait déjà preuve d'un esthétisme fort élégant ne serais-ce que dans l'affiche qui l'annonce. Surement l'une des plus belles que le Québec n'ai jamais produite. Les États Nordiques raconte l'histoire d'un homme fuyant la ville après y avoir commis par compassion le meurtre de sa mère comateuse, parmi les habitants réels de la ville retranchée de Radisson. Un créateur à suivre. Merci Denis.
17. Gaz Bar Blues de Louis Bélanger (2003). St-Roch, 2003. Chronique de la famille Brochu, toute au masculin, et de la touchante relation père-fils, entre un homme et ses deux garçons qui se désintéressent du commerce familial. Un casting impeccable, une direction d'acteur simple et efficace, un traitement sobre de la maladie de Parkinson et un brillant portrait de la vie tragique et ordinaire (rendue extraordinairement) d'une station service. Magistral Serge Thériault et une trame sonore qui est pratiquement un personnage, une trame signée par le frère du réalisateur. Merci Louis.
16. L'Audition de Luc Picard (2005). Montréal, 2005. Premier effort derrière la caméra pour le comédien Luc Picard dont la démarche artistique rend toutes les perfomances parfaites. De Hugo Frenette, le temps d'une seule scène d'accident de voiture à Picard lui-même et sa partenaire Suzanne Clément en passant par Denis Bernard d'une intensité remarquable. Tout tout tout dans se film transpire Montréal. Merci Luc.
15. Les Ordres de Michel Brault (1974). Montréal, 1970. La lois sur les mesures de guerre déployée lors de la crise d'octobre dans toute son horreur vue de l'intérieur et ses effets dévastateurs sur des innocents selon Michel Brault. Jeu remarquable de Guy Provost, Jean Lapointe, Hélène Loiselle et Claude Gauthier. Grande réalisation de type cinéma-vérité d'un cinéaste (et brillant directeur photo) issu du documentaire. Incontournable film pour quiconque désire filmer chez nous un jour. Merci Michel.
14. Yes, Sir Madame! de Robert Morin (1994). De l'Acadie à Montréal, 1994. Ce cinéaste inventif a créé avec sa caméra toute sorte de cabrioles dont un fort intéressant exercise de style avec Gildor Roy dans Requiem Pour Un Beau Sans-Coeur dans le rôle de sa vie. Dans Yes, Sir Madame, Earl Tremblay (joué par Morin lui-même) nous jase bilingue de ses états d'âmes pancanadiens et nous confie une crise d'identité existentialiste. L'un des plus beau fleuron de la Coop vidéo de Montréal n'a jamais cessé de se lancer corps et âmes dans son art avec très peu de dollars en poche mais surtout une inventivité et une passion fort remarquable. Merci Robert.
13. Les Mâles de Gilles Carle (1970). Maniwaki, 1970. Portrait d'une génération qui n'a jamais réèllement cesser de jouer à l'adolescent. Donald Pilon et René Blouin jouent au plus macho avec les dociles Katherine Mousseau et Andrée Pelletier en prenant le contrepied du retour à la nature avec des pratiques instinctives et tribales vis-à-vis du sexe opposé. Typiquement baby-boomer et en plein coeur de la révolution et de l'épanouissement sexuel des années peace & love. Tourné avec un esprit cabotin. Merci Gilles.
12. Réjeanne Padovani de Denys (avec un i grec) Arcand (1973). Montréal 1973. Des politiciens corrompus se réunissent chez Vincent Padovani, un parrain de la mafia. Ils célèbrent les bénéfices qu’ils retirent de leur entente complice dans la construction d’une autoroute qui doit être inaugurée le lendemain. Cei se déroule en 1973...vous croyez que quoi que ce soit a changé? Oui, la Mafia domine davantage encore. Réjeanne revient chez elle après avoir trompé son corrompu mari. Grandiose étude de moeurs de l'historien Arcand. Luce Guilbeault, Jean Lajeunesse, Roger LeBel, Gabriel Arcand, Jean-Léo Gagnon, René Caron, Hélène Loiselle, le cinéaste Jean-Pierre Lefevbre, Frédérique Collin, Céline Lomez, le cinéaste André Melançon et Paule Baillargeon (cinéaste aussi) composent ce casting de rêve au sujet tristement toujours d'actualité. Merci Denys.
11. L'Homme Qui Plantait Des Arbres de Frédéric Back (1987). Planète terre. Entre 1913 et 1947. L'ONF a une remarquabe histoire dans le domaine de l'animation dont le film de Back (oscarisé, son deuxième) en est la crême de la crême. Le récit de Jean Giono qui a donné lieu au film d'animation du même nom, réalisé par l'illustrateur Frédéric Back et lu par Philippe Noiret, a obtenu plus de 40 prix à travers le monde. Il fait parti de tout les top 10 des meilleurs films d'animation de tous les temps à travers le monde aussi. Merci Fred.
10. Continental, Un Film Sans Fusil de Stéphane Lafleur (2007). Toutes les banlieues du monde. 2007. Le film met en scène quatre personnages dont la rencontre imminente découlera de la disparition d'un homme. Le rhytme du film du leader de la formation Avec Pas d'Casque est merveilleux. Un montage lyrique qui est même un affront à cette génération MTV qui fait un plan la demie-seconde. Un film qui m'habite encore. Merci Stéphane.
9. 32 Films Brefs Sur Glenn Gould de François Girard (1993). Around the world. 1932-1982. Le film est un assemblage de 32 séquences (ou "films brefs") centrées autour de la personne du grand pianiste canadien Glenn Gould. Écrit, pensé et monté au CEGEP de Limoilou par un fan fini de l'artiste, l'oeuvre originale et amoureuse de François Girard est une véritable pièce d'art moderne. Même les gens qui ne sont pas férus de musique classique (comme moi) y trouvent leur compte dans ce film grandiose. Merci François Girard.
8. Pour La Suite du Monde de Pierre Perreault, Marcel Carrière et Michel Brault (1963). Îles-Aux Coudres, 1959. Renouvelant le cinéma documentaire, le film s’appuie sur les témoignages de deux ancêtres de l'île-Aux-Coudres, sur la vie des insulaires. C'est la première docufiction canadienne et, en même temps, sa première ethnofiction. Merci Pierre Perreault, cinéaste-poète des eaux.
7. Bar Salon de Marc-André Forcier (1975). Montréal. 1972. Mais ça aurait bien pu être Au Clair de La Lune, Une Histoire Inventée ou L'Eau Chaude, l'Eau Frette, Marc-André Forcier est le sorcier d'une folie toute simple derrière une mine perpétuellement patibulaire. Brouillon autant que bouffon. Magicien de la cannette, Forcier est un besoin dans le beige de nos quotidiens. À quand une série télé, carte-blanche à Forcier? Merci Albinos d'Albinie, enfant terrible de notre cinoche.
6. Mon Oncle Antoine de Claude Jutra (1971). Black Lake, 196x. Noël au Québec dans le magasin général, l'éveil sexuel d'un jeune ado, un cadavre dans le banc de neige, de l'alcool toujours en réserve pour se garder au chaud. Jean Duceppe en Oncle Antoine, Lyne Champagne jouant la petite Carmen et duquelle j'étais amoureux car elle avait le même âge que moi quand j'ai vu le film la première fois. Le Québec rural, notre neige unique filmée de main de maître par un rare cinéaste ayant frayé avec la Nouvelle-Vague française. Michel Brault à la direction photo, Ti-Jean Carignan à la musique. Triste de penser que Jutra soit mort ne se rappellant probablement de rien de tout ça. Merci Claude.
5. La Bête Lumineuse de Pierre Perreault (1982). Maniwaki, 1982. Documentaire sur le week-end improbable, un week-end de chasse, entre deux cousins dont l'un est accompagné de sa gang de chasse et l'autre, poète naif et excessif, recrue de la chasse et en admiration totale face à son cousin tourne au désastre émotif. Extraodinaire étude du comportement humain, touchante relation entre chien et loup. Formidable huis clos de l'enfer. Merci encore Pierre Perreault.
4. Leolo de Jean-Claude Lauzon (1992). Montréal. 196X-197X. Même si largement emprunté à L'Avalée des Avalées de Réjean Ducharme et à l'ensemble de l'oeuvre de Philip Roth le seconde film de Lauzon est un chef d'oeuvre qui ne décolle pas de mon esprit. Lauzon avait présenté le script à son directeur photo en se plaçant au dessus de son épaule et en lui jouant sur un système de son la musique (ingénieusement choisie) aux moments où il comptait l'utiliser dans son film. La photographie de Guy Dufaux est époustoufflante. La réalisation est pleine de culot comme Lauzon l'était et notre cinéma sera marqué indélébilement de son empreinte malgré son départ, fougueux toujours, en 1997. En 2005, le magazine Time a déclaré Léolo un des 100 meilleurs films de tous les temps. Merci Lauzone!
3. C.R.A.Z.Y. de Jean-Marc Vallée (2005). Montréal. 196X-197X- 198X. Zachary est le fils d'un père qui explique le fait d'avoir eu cinq garçons par son « surplus d'hormones mâles » et qui estime que l'homosexualité est un choix qui coupe du bonheur ; élevé avec ses quatre autres frères à la personnalité affirmée, Zachary, adolescent, tente de se définir. Il doit composer avec une crise d'identité sexuelle émergente et le désir intense qu'il a de plaire à un père bouillant et intransigeant qu'il adore par-dessus tout. La victoire du budget investi sur une trame sonore qui fait écho à son public. Une saprée bonne histoire, magistralement jouée par Marc-André Grondin, Michel Côté, Danielle Proulx et Pierre-Luc Brillant. Merci J-M.
2. Les Bons Débarras de Francis Mankiewicz (1979). Laurentides. 1979. Scénarisé par le fantastique Réjean Ducharme, interprété par une intense et remarquable Charlotte Laurier de 13 ans, tourné par l'hypersensible Françis Mankiewicz. Une histoire d'amour, d'excès, de famille, une histoire bien de chez nous par un auteur indéracinable de son territoire créatif. Merci Réjean, Merci Françis, Merci Charlotte.
1. Tout Est Parfait de Yves-Christian Fournier (2008). Petit village. 2008 Cet ancien de la course destination-monde, avec l'aide de la plume de Guillaume Vigneault, a réalisé le film parfait. Inspirant du coup, à l'instar du sujet qu'il traite, les réactions les plus inexplicables. Des Jutra qui l'ont ignoré aux français qui l'ont rebaptisé Everything is Fine malgré l'absence d'anglais dans le film (!?!). Merci Yves-Christian, tout était parfait. La chanson de Blonde Redhead sur la séquence finale aussi.
J'en oublie cest certain.
Anne Trister de Léa Pool
Polytechnique de Denis Villeneuve
La Moitié Gauche du Frigo de Phillippe Falardeau
Vous avez de quoi vous inspirer pour un temps avec le cinéma de chez nous.
4 commentaires:
Je le sais je suis en retard mais je voulais absolument souligner Roger Toupin: épicier variété.
On a souvent les mêmes goûts, ça se confirme encore une fois, sauf que je n'ai pas vu Tout est parfait, j'ai un peu la chienne je crois.
Merci pour cette liste bien exhaustive, tu as remué de bon souvenirs.
Je viens de découvrir ce site.
Note sur le film "Les mâles"
La partie en forêt du film "les mâles" a pas été tournée à Ste-Émélie-de-l'Énergie. Plus précisément à 10 km plus au nord vers St-Zénon, près d'une ancienne scierie à 200 mètres de chez moi.
Ainsi, ce film a beaucoup influencé ma jeunesse. Leur cabane a été la place de mes premières de jeunesse.
Zitoune ,j'aimerais connaitre l'emplacement precis des scenes en foret du film les males de gilles carle, aussi celles dans le village si possible,merci !
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