dimanche 30 avril 2023

Paddy Chayefsky

Sidney Chayefsky est né de parents Russo-Juif dans le Bronx. Son père avait servi 25 ans dans l'armée Russe, à Moscou et a rencontré la mère de Sidney à Odessa. Ils émigrent en 1907 (lui) et en 1909 (elle) aux États-Unis. Sidney nait 14 ans plus tard. 

Dès ses 2 ans, il est verbomoteur et très expressif. Il peut tenir des conversations avec des enfants de 4 ans plus vieux que lui. Précoce, il fera toute sa scolarité en sautant plusieurs années, graduant le collège à 16 ans. Il jouera au football avant de faire son service militaire où il hérite du surnom péjoratif de Paddy, qu'il conservera toute sa vie pour bien montrer que ça ne l'atteint pas, et sera blessé au combat se méritant la Purple Heart Medal après la Seconde Guerre Mondiale. Pendant son passage militaire, il écrit une comédie musicale qui aura beaucoup de succès parmi les troupes. On joue même la comédie musicale sur scène, à Londres.

À son retour en Amérique, il travaille dans l'imprimerie de son oncle, mais le succès de ses écrits dans l'armée lui donne la chance d'écrire pour la naissante télévision. Il écrit pour le théâtre et pour les magazines qui achètent mais étrangement, ne publient pas toujours. À 24 ans, il s'établit à Hollywood pour tenter d'y écrire pour le cinéma. Ses amis Garson Kanin et Ruth Gordon lui trouvent un poste pour Universal Pictures. Étudiant le jeu, il a un petit rôle dans un film, mais est vite muté comme apprenti scénariste pour Universal, bureau de New York. Après 6 semaines, il est limogé, ses écrits sont toujours refusés.

Il écrit une pièce, qui devient une nouvelle, vendue à un magazine, mais qui, ironiquement, est achetée par un studio hollywoodien pour en faire un film. Il retourne donc adapter à Hollywood mais est si déçu de son expérience qu'il revient à New York et promet de ne plus jamais revenir dans ce milieu.

Dans les jeunes années 50, il écrit pour la radio. James Stewart, Ruth Gordon, Wally Cox, Van Heflin le jounte. Elia Kazan choisit d'adapter une de ses pièces mais ça ne sera jamais produit. Lamar Trotti a plus de succès avec une des histoires de Paddy qui sera adaptée en film mettant en vedette une jeune Marilyn Monroe dans un rôle secondaire. Il écrit alors pour la télévision et est très en demande. E.G. Marshall, Eva Marie Saint, Edward G. Robinson, Gena Rowlands le jouent sur scène. Kim Novak et Fredric March sont d'adaptation de ses écrits au cinéma.

En 1953, Paddy écrit Marty au théâtre, l'histoire, un peu la sienne, d'un boucher ne se trouvant pas particulièrement beau, désespéré de trouver l'amour jusqu'à ce qu'il rencontre une timide enseignante plaquée par un rendez-vous dans lequel on lui a posé un lapin. Rod Steiger et Nancy Marchand incarnent les personnages sur scène, et Chayefky accepte finalement d'adapter pour le cinéma, mais seulement si il est aussi co-producteur.  Bonne décision, le film gagne l'Oscar du meilleur film, de la meilleure réalisation (Delbert Mann) du meilleur acteur (Ernest Borgnine) et du meilleur scénario (Paddy). Ensuite, il est en demande partout.

Il écrit pour la radio, la télé, le cinéma. Il demande d'être co-producteur et on lui accorde. Il a donc souvent son mot à dire sur les tournages. Ça le fait souvent se prendre la tête avec certains artistes. Pour The Goddess, il n'avait que Marilyn Monroe en tête. Mais elle refuse de jouer ce qui ressemble trop à sa propre vie. Arthur Miller, son mari alors, s'en plaindra d'ailleurs. Kim Stanley jouera le rôle mais ne s'entend aucunement avec Chayefsky. Il sera nommé aux Oscars pour son scénario. 10 fois dans sa carrière il sera nommé pour l'Oscar du meilleur scénario.

Au théâtre, il est aussi nommé pour des Tonys et ses écrits sont souvent primés. Originalement dégoûté par le cinéma, il y collera, alors qu'ironiquement, c'est le milieu de la télé qui maintenant, au début des années 70, le désenchante grandement. Il ne faisait jamais ça, mais il est persuadé d'adapter les écrits d'un autre (William Bradford Hule) pour le cinéma et il en sera encore écorché. Même si Julie Andrews et James Garner parlent de leur meilleure expérience en film à vie. Après que sa femme eût eu une mauvaise aventure à l'hôpital, il s'en inspire pour écrire un de ses meilleurs films mettant en vedette George C.Scott & Diana Rigg. Il gagne un second Oscar pour son scénario. (J'ai acheté ce film)

Il demande à un ancien collègue de la télévision si ce serait plausible un présentateur de nouvelles perdant la tête en direct à la télé. On lui répond que "oui, tous les jours". En moins d'une semaine non seulement il écrit le scénario de Network, mais Christine Chubbuck se suicide en direct à la télévision.

Network est nommé 9 fois aux Oscars, les prix les plus importants, gagne 4 fois, meilleur acteur (Peter Finch), meilleure actrice (Faye Dunaway), meilleure second rôle féminin (Beatrice Straight) et meilleur scénario (Chayefsky). Il sera l'unique scénariste, seul, à gagner l'Oscar du meilleur scénario 3 fois, Woody Allen, Charles Brackett, William Wyler, Francis Ford Coppola l'ayant aussi gagné 3 fois, mais au moins une fois, avec d'autres co-scénaristes. 

Paddy a du caractère. Quand Vanessa Redgrave gagne un Oscar et qu'elle en profite pour faire une critique politique au micro, il lui réplique, le même soir, que ce n'est ni l'endroit, ni le moment de mettre à jour son agenda politique, que gagner un Oscar n'est jamais une catastrophe et qu'un simple merci peut aussi suffir.

Chayefsky signera souvent des écrits où il y a déshumanisation par la vie moderne. Un thème encore nettement pertinent. Il était impliqué dans l'adaptation de Ten Days That Shook The World de John Reed, avec Warren Beatty, un de mes films préférés. Mais les négociations entre les deux hommes achopperont. Beatty conservant l'idée des témoignages réels. 

Il écrit Altered States, mais Chayefsky, même si il est brillant scénariste, est douloureux collaborateur. Il limoge le premier réalisateur, Arthur Penn, et ne s'entendra pas avec le second, Ken Russell. Chayefksy ne voudra pas son nom au générique, mais le pseudonyme de Sidney Aaron.

Il meurt du cancer à 58 ans, en 1981. Méfiant des médecins qu'il avait dépeint défavorablement en 1970.

Là où plusieurs personnes évitent les conflits, Paddy les cherchait et s'en nourrissait. Il avait l'attitude d'une brute du football. Du chien parmi les chats. Il a fait beaucoup pour le rôle du scénariste sur une équipe de tournage en Amérique du Nord.

Étudiant diplômé et récompensé par le milieu comme scénariste, moi-même, c'est une idole pour beaucoup d'entre nous. Nous avons appris beaucoup de ses bons comme de ses mauvais côtés.

Mais avant tout, nous avons compris de rester allumé(e)s.

Paddy aurait eu 100 ans cette année.

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