lundi 27 mai 2024

Yorgos Lanthimos

Dans la première scène du film Poor Things, le personnage incarné par celle qui gagnera l'Oscar de la meilleure actrice, Emma Stone, meurt. 

Ça ne devient pas moins étrange dans les 140 minutes qui suivent. 

Minutes qui comprennent du sexe original et des expériences plus ou moins propre sur des animaux. 


Quand on sait que c'est dirigé par le réalisateur d'origine grecque Yorgos Lanthimos, tout s'explique. Il est porté sur l'animalerie. De lui, j'ai vu The Lobster (le homard) et The Killing of a Sacred Deer (l'assassinat d'un cerf sacré). La majorité de ses films, il les as écrits et tournés. Et si mon attention a été portée sur lui pour The Lobster, lancé en 2015, c'était parce qu'il était nommé pour le meilleur scénario original, aux Oscars. Ma (première) formation scolaire a été en scénarisation. J'écris toujours. J'ai un coin de mon coeur réservé à ceux et celles qui écrivent des scénarios originaux. Et Lanthimos est très original.

Et pas pour tout le monde. 

En 7 films sur 14 ans, le réalisateur de tout juste 50 ans, s'est niché dans un genre étrange qui est aussi amusant qu'inconfortable, entre Wes Anderson, Lars Von Trier ou David Lynch. Que ce soit dans Dogtooth en 2009 (encore un animal) ou  dans The Lobster, 6 ans plus tard, ou encore dans The Favourite, en 2018, Lanthimos nous fait rire autant qu'il nous répugne. Ces films sont inconfortables. Absurdes. Ces films nous testent. Ces personnages sont parfois sadiques, malades, rigolant de choses horribles, cruelles, ces personnages sont malchanceux, souvent ensanglantés, au minimum émotivement cicatrisés. Sinon morts dès l'ouverture. 

On rit car on y reconnait plein de choses, toujours inconfortablement, et souvent, étrangement, on peut arriver à comprendre qu'on a vécu, vivra, été témoin, de choses s'en rapprochant. 

Dans The Favourite, Emma Stone joue la méchanceté magouilleuse de manière splendide auprès de sa mère dérivant mentalement, une autre oscarisée de la meilleure actrice (et pour ce film précis) l'excellente Olivia Colman. Bien qu'il ne fasse mal à aucun animal, il en montre beaucoup, morts. Voilà pourquoi je vous dis, qu'il n'est pas pour tout le monde. Et voilà pourquoi je vous parles de cruauté aussi. Le cinéma de Lanthimos est cruel. 

Les excellents Willem Dafoe, Mark Ruffalo, Ramy Yousseff, Christopher Abbott et Jerrod Carmicheal sont aussi du film Poor Things. Que je n'ai pas vu encore. Et que je sens que je vais simplement acheter. Ce film était nommé dans la catégorie du meilleur film en mars dernier. Il était nommé aux Oscars 6 fois. Tom McNamarra l'a adapté du livre du même nom d'Alasdair Gray. Ce film me semble un nouveau Frankeinstein Et je crois comprendre un scénario féministe. Très 2024. C'est un pari que je penses faire en l'achetant. 

Lanthimos ne se gêne pas pour nous montrer des images qui pourraient nous troubler et c'est qui me plait chez lui. Il ne semble par répondre à des diktats de producteurs/productrices qui imposeraient du très commun pour faire  beaucoup d'argent. Il y a donc place pour du bel art. 

Le désordre social arrive souvent de grotesqueries dans ses films. Ou de surnaturel absurde. Dans The Lobster,  nous sommes dans une société dystopique où tout le monde doit se retrouver en couple. Avant de devenir, animal. Mélancolique et drôle. Dans The Killing of a Sacred Deer, une famille est menacée par un mystérieux jeune homme qui a le pouvoir d'imposer la misère sur eux. Dans Dogtooth des adultes se comportent comme des enfants, leurrés par leurs propres parents sur le monde extérieur quand ils étaient enfants. Surréaliste mais aussi proche de l'anxyogène qui emprisonne certaines personnes. Comme spectateurs, on peut se permettre d'abandonner le film, mais pour ensuite retraiter dans un monde réel qui n'est pas si différent que le difforme qu'on vient de quitter. 

Il tourne du cauchemar comique. Dans un film de 2011, une troupe de comédiens est spécialisée dans l'incarnation de gens récemment décédés et engagée par les familles éplorées. C'est presque une esquisse de Poor Things

Il tourne aussi des courts-métrages, 5 entre 1995 et 2022. 

Plus on écoute ses films, plus les cauchemars comiques paraissent vrais. Ridicules. Absurdes. Liés aux icongruité du quotidien. Plus on vieillit, plus on réalise que la vie peut être extraordinairement stupide. On se le fait rappeller tous les jours.

En Alberta, la semaine dernière, on a pensé que c'était une bonne idée de faire une soirée de danse "with the youth" (avec la jeunesse)pour gens entre 14 et 25 ans...

25 ANS ! C'était un appel aux prédateurs ? 

Tout de suite, dès le lendemain, le chef de police de la région, une banlieue rurale d'Alberta, a lancé sur les réseaux sociaux que ce n'était pas une idée bien pensée selon lui. On a retiré l'annonce de la soirée dansante, mais surtout, le message du chef de police. Et la rumeur veut qu'on fera la soirée quand même, sans l'annoncer davantage, ce qui renforce l'idée du cercle de prédateurs. On s'est expliqué qu'on fait les choses différemment en région qu' en ville...oui...est-ce que ça rend "la chose" meilleure ? Enfin...

Yorgos Lanthimos n'est pas cet inconfort moral Mais presque. Il nous peint plusieurs absurdités sur pellicule. Comme dans Poor Things où le sujet est le patriarcat à dompter. C'est un cinéaste qui aime tourner l'inconfort.

Et votre planète est si malaisante parfois...

Son prochain film est lancé le 21 juin prochain

J'ai très hâte.    

Yahou Yorgos, I like U. Tu me plais.  

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