mercredi 21 novembre 2018

Le Village d'Astérix

Je vous avais prévenu en mars dernier.

Faut maintenant vivre avec le singe, gardien en chef du zoo.

On ne peut pas reprocher à Doug Ford de faire du Doug Ford.
Ce serait comme reprocher à Julie Snyder de faire la sotte.
C'est dans la construction de l'animal.

On peut toutefois reprocher à tout ceux et celles qui lui ont fait une place de l'avoir fait. Mini-Trump est comme son mentor. Comme Donald. Comme François Legault. Ce sont des hommes d'affaires. Ils pensent en chiffres.

Ford s'est fait croire que la francophonie ontarienne leur coûtait cher, et il a choisit de sabrer dans tous les programmes francophones de la province.  Il a d'abord aboli le Commissariat de la Langue Francophone en Ontario, la police de la langue là-bas. Toutes plaintes devra maintenant passer par l'ombudsman du pays, ce qui était le cas, avant la difficile création du rôle de Commissaire de la Langue. Aussi bien dire que toute plainte à l'égard des écarts de langage sur les francophones sera noyée, puis enterrée dans l'esprit minoritaire des dossiers prioritaires.

Comme avant.

Et si on a d'abord aboli le poste de Commissaire de la Langue, s'est aussi pour ne pas l'entendre japper quand on fermerait tout le reste. Donc l'Université Francophone qui allait se construire a aussi été enterrée.

La francophonie existe 400 000 fois en Ontario. Mais disséminée un peu partout. Ce lieu, l'Université, allait promettre un genre de foyer de la langue française remarquable. Une concentration de jeunes et de moins jeunes têtes, parlant le français, en se forgeant une identité toute Ontarienne, mais en français.

Mais Doug, le français, il s'en torche tellement. Mais teeeeeelllllllement,

Il n'y pense jamais, tout comme nous (moi en tout cas) je ne pense jamais aux canadiens anglais. Ou  quand je le fais, je ne le différencie pas vraiment de l'Étatsunien, Obésité grandissante de plus en plus équivalente d'ailleurs.

Ennnnnnnnnnnnnnnnnnnnncore une fois, on se mobilise, comme on l'avait fait pour l'hôpital Montfort, qu'on avait sauvé, et ennnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnnncore et toujours, la minorité que nous sommes, et serons toujours, devra se défendre bec et ongles face aux intolérants, aux ignorants et face à ceux qui veulent de l'hostilité, là où on ne voudrait que vivre sainement.

Toute minorité ethnique comprend de quoi je cause.
Ce film est archi-connu. Mais la fin est toujours incertaine.

Ce sera toujours le lot des francophones d'ici. Bordés au sud par l'ignoble Donald Trump, à l'Ouest par Mini-Trump Ford et à l'Est par un gouvernement anti-blinguisme, dans la seule province bilingue au pays. Nous sommes le village d'Astérix. Le seront toujours.

Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a, hier, promis de s'intéresser au bilinguisme.
C'est très très très inquiétant.
C'est un peu promettre de simplement respecter les textes fondateurs du pays.
Si il faut le souligner dans son programme, c'est qu'on promettait au préalable de ne jamais vraiment y penser.

En Honte-ario, ce qui m'impressionne, c'est la lente torture de Caroline Mulroney. Après avoir tenté de devenir la personne la plus importante du parti, sans succès, elle a été forcée de se ranger derrière Doug Ford, un homme derrière lequel il est extrêmement difficile de se placer tellement Mini-Trump est aussi ignoble que Big Trump. Fier élève de la même école de la polarisation que le président orange des États-Désunis, il a surtout pensé business. Mais si il pouvait aussi effacer du franco, qu'il ne comprend pas de toute manière. Why not?

Business first, right?

Ford traîne Mulroney en laisse et lui fait vivre humiliation après humiliation. Elle est forcée de défendre l'indéfendable.
Il y a quelques semaines, elle parlait aux futurs élèves de l'Université Francophone de l'Ontario en devenir avec entrain, en vantant tout ce que cette université apporterait à ses citoyens et à la province.

Puis, Mini-Trump a  croqué dans une cuisse de grenouille et a roté.

Les deux pieds sur le dos de Caroline qui lui servait de table de salon.
Elle est discrète, muette et refuse les tribunes depuis.

La vraie question qu'il faille se poser est celle-ci:
La place que l'on fait à l'argent dans nos vies, c'est sain?

Quand j'étais jeune, les bandes des patinoires de la LNH étaient blanches. Les seules couleurs qui pouvaient se trouver sur une bande de la LNH était le noir délavé d'une rondelle qui l'aurait frappée trop violemment.
Avec le temps, on a rendu public les salaires de joueurs. Tout s'est mis à coûter plus cher pour les clubs. Ça a tué les Nordiques de Québec, dans un trop petit marché. On s'est ensuite rendu compte que c'était payant de colorer les bandes aux couleurs des commanditaires.
Puis, on s'est rendu compte qu'on pouvait changer les pubs de période en période, pour faire plus d'argent. Et les contrats télé ont ensuite obligé que le match tombe en pause afin qu'on attende la fin des publicités télé des stations diffusant les matchs qui sont maintenant TOUS à la télé.

Parce que c'est payant.

Un spectacle sur place est un festival de l'arrêt de jeu. Arythmique. Désolant.

On a laissé toute la place à l'argent.
On ne reviendra plus aux bandes blanches et aux annonces de 15 secondes à la télé parce que le match reprenait l'action trop vite. Money rules.

Mini-Trump Ford n'effacera jamais les francophones ni de l'Ontario, ni d'ailleurs.
Impossible qu'il fasse de nous des bandes blanches.
Fuck you deep Doug Ford.
We're here forever
'cause we're survivors.

Quand nous mourrons tous, on pourra lire sur nos épitaphes:

1972-2xxx
(ou des dates comme ça)

Faudra surtout vivre le trait d'union entre les deux dates, le plus fort qu'on peut.

Et christ qu'un francophone ça peut, mon vieux.

Si tu savais, gros dadais.

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