jeudi 21 juin 2018

Générations

Au Québec, il y a eu la génération silencieuse, celle née avant 1945. Francophones, entourés d'anglos, trop jeunes pour participer aux grands conflits mondiaux, ils sont/étaient comme des Gaulois, en perpétuelle résistance face à l'oppresseur anglais, qui était souvent synonyme de pouvoir, d'argent, expliquant le pouvoir. Le francophone au gros accent étant facile à exploiter, il est devenu facile pour lui d'aussi avoir l'anglo en aversion. C'est la génération qui sera à cheval entre la fraction avec l'église, et le pur investissement catholique.

Cette génération c'est celle de Martin Luther King Jr, du pape François, du Dalaï Lama, de Malcolm X, des frères Kennedy, de Fidel Casto, Che Guevarra, Silvio Berlusconi, Mikhail Gorbachev,  Ursula Andress, Julie Andrews, Brigitte Bardot, John Cleese, Marylin Monroe, Andy Warhol, Jane Fonda, Muhammed Ali, Yogi Berra, Little Richard, James Dean, Clint Eastwood, Gordie Howe, Willie Mays, de mon beau-père et de ma belle-mère.

La génération silencieuse est plus officiellement celle des gens nés entre 1925 et 1944.

Avant eux, entre 1902 et 1924, lors des années folles, on parle de la génération des G.I. Celle trop jeune pour la Première Grande Guerre mais qui irait à la Seconde Guerre Mondiale.

Mon grand-père maternel était soudeur pour la plus grande compagnie de train canadienne et mon grand-père paternel, médecin, ils travaillaient tous deux pour des services essentiels du ministère de la guerre (appelé alors ainsi). Du côté de l'amoureuse, son grand-père paternel était embaumeur et son grand-père maternel, boucher. Ce dernier a feint la folie pour ne pas aller se battre, l'autre avait beaucoup de travail au retour des corps, qu'il embaumait au sous-sol et exposait dans son salon, après que sa femme eût maquillé la dépouille. Entre 9 enfants. Dans une maison trop petite. Où j'ai passé mes 10 premiers Noëls avec l'amoureuse. À imaginer ce salon où nous y buvions, et les âmes qui y traînaient autour. Ironiquement, comme un appel, le résident qui suivra sa famille, dans cette même maison, s'y suicidera.

Cette génération a souffert la Grande Dépression suivie de la grande noirceur dans la fleur de l'âge. Le journaliste Tom Brokaw a écrit sur eux, les appelant "The Greatest Generation".

Avant eux encore, on parlait de la génération perdue. Des gens nés entre 1883 et 1901. Ce sont eux qui se battront dans la Première Grande Guerre. C'est Gertrude Stein qui appelle cette génération ainsi. Ces gens sont aujourd'hui à 99% tous décédés.

Entre 1945 et 1961: Baby boom. Contrairement aux générations précédentes, la/les générations qui suivront feront face à une absence de conflits majeurs fauchant des vies trop rapidement. Empêchant une certaine croissance de la démographie. Avec le baby-boom post 1945, la population croisse immensément. Partout dans le monde. On se révolte contre le pouvoir et les abus de l'église. Les familles de 6,7, 8, 12, 14 enfants ne sont pas rares. Les familles d'enfants uniques sont même louches. Et jugées. Comme toute cohorte massive, des excès sont récurrents, les envies de révolution et de bouleversements sociaux entre autre, qui ne seront pas toutes de mauvaises idées, bien au contraire. Aux États-Unis, c'est la génération sacrifiée au Vietnam, ici, c'est celle qui écoute des chanteurs francophones chanter des airs anglophones traduits. C'est la génération qui rend le divorce moins anormal, tuant le concept du mariage pour la génération suivante. C'est la génération qui fera beaucoup plus d'argent que la précédente et encore souvent toujours plus que la suivante. Le terme "crise de la quarantaine" est créé dans cette génération.

C'est celle de Bill & Hillary Clinton, Steve Jobs, Billy Joel, David Bowie, Bjorn Borg, George, Laura et Jeb Bush, de la Princesse Caroline, du Prince Charles, d'Alice Cooper,  Bo Derek,  Mel Gibson, Micheal Jackson, Elton John, Diane Keaton, Stephen King, Jay Leno, David Lynch, John McEnroe, Wayne Gretzky, Olivia Newton-John, Barack Obama, Willem Dafoe, Dolly Parton, Guy Laliberté, de ma mère et de feu, mon père.

Ils ne nous auront rien rendus de facile ceux-là, sinon une enfance et une adolescent dorée.

Les gens nés entre 1962 et 1976 sont ma génération, la génération X. Comme dans anonyme. Ou éliminé. Douglas Coupland, auteur canadien que j'adore, a popularisé le terme dans son excellent livre de 1991 Generation X: Tales of an Accelerated Culture. Il a aussi inventé un joli terme pour nommer tous ces boulots ingrats dont nous avons hérités, nos parents étant loin d'être prêts à prendre leur retraite à 40 ans: McJobs. On sera toujours l'enfant de nos parents. Très longtemps. Payant et toujours payant, ce qui était si gratuit auparavant. Ma génération sera la première à mettre un pied dans l'informatisation internationale. Mais la moitié d'entre nous serons très informatisé, l'autre pas du tout. Je suis de la seconde branche ayant fait toute mon université jusqu'en 1994, sans toucher à un ordi. On appellera aussi ma génération celle de MTV, car le vidéoclip et surtout l'image, deviennent soudainement formidablement importants dans nos vies. Ce qui offre une drôle de fraction dans les années 80, où plusieurs deviennent conscientisés sur eux-mêmes, et plusieurs autres pas assez. Des images ne survivront pas aux époques sans de larges sourires gênés. L'absence de réels débouchés de travail pour notre génération oblige une débrouillardise qui se traduit pour certains, dans le trafic de drogue. Milieu fameusement payant, très rapidement. Mortel aussi.

La Génération X est celle de Mathew Broderick, Jodie Foster, Johnny Depp, Micheal Jordan, Mario Lemieux, Brad Pitt, Brett Easton Ellis, Robert Downey Jr, Cindy Crawford, Jennifer Connelly, Boris Becker, Molly Ringwald, Jennifer Aniston, Andre Agassi, Winona Ryder, Kurt Cobain, Leonardo Di Caprio, David Beckham, Kate Moss, Justin Trudeau,  Tiger Woods, Charlotte Gainsbourg, Reese Whiterspoon, Ronaldo, Elon Musk, Douglas Coupland, l'amoureuse et moi. 

 La génération comprise des gens nés entre 1977 à 1989 sera appelée Y. C'est un concept encore discuté car on les place souvent parmi les milléniaux. Qu'on appelle aussi millénariaux. Puisqu'être compliqué semble une valeur chère à leur génération. Les dates s'étirent alors jusqu'en 2004.

Les auteurs William Strauss et Neil Howe sont largement crédités pour avoir nommé cette génération les milléniaux dans leur livre Generations: The History of America's Future, 1584 to 2069.

Cette génération est largement plus indépendante que les autres, les faisant plonger parfois dans un narcissisme aveugle et inconscient. Ils sont nés avec les téléphones intelligents et l'internet au bout des doigts. Un certain cannibalisme social est né de cette génération. Des interdits moraux sont tombés. Le sexe est exploré de toutes les avenues. Mon fils a un ami qui est aussi attiré par les hommes que par les femmes. À part égale. Ils sont nés avec les réseaux sociaux et en sont le maîtres absolus. Bernant 98% de leurs enseignants. Ils sont ouverts sur le monde et leur impatience se traduit souvent par une saine débrouillardise. Il reste à voir comment réussiront-ils à se placer en société et en milieu de travail, adulte. Plusieurs le font déjà très bien. On leur promet un bel avenir. Un avenir que les X n'auront pas complètement eu. Tant mieux pour eux.

Appartenant à cette génération et ayant cette chance de briller dans leur vie: Mark Zuckerberg, Saoirse Ronan, David Karp, Ben Silbermann, Evan Sharp, Michelle Phan, Prince William, Kate Middleton, Prince Andrew, Megan Markle, Nicki Menaj, Beyoncé, Selena Gomez, Justin Bieber, Ariana Grande, Rihanna, Eddie Redmayne, Jennifer Lawrence, Danica Patrick, Justin Timberlake, Roger Federer, Anna Paquin, Usain Bolt, Bruno Mars, mon fils et ma fille.

Chiyo Miyako a connu toutes ses générations.

La semaine dernière, on apprenait, qu'au Québec, une croissance importante des enfants s'était opérée depuis 2005. Largement et presqu'exclusivement en raison de l'arrivé massive de migrants avec famille et enfants en bas âge. De 12 ans et moins. Une sorte de baby-boom sattellitaire. Dans un pays où on ne les sépare pas de leurs parents à la frontière.

On a d'emblée suggéré un nom pour cette génération (Québéco-canadienne, mais peut-être mondiale aussi) qui débuterait en 2005:

La génération migratoire.

Puisque de plus, nos jeunes voyagent davantage que n'importe quelle autre génération.

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