vendredi 23 mai 2025

À La Recherche du Temps Perdu**********************************Deliver Me From Nowhere: The Making of Bruce Springsteen's Nebraska de Warren Zanes

Chaque mois, dans ses derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parles de l'une de mes 3 immenses passions: La littérature !

Lire, c'est accepter d'apprendre, de découvrir, c'est s'ouvrir les sens, se confronter à de nouvelles visions, différentes personnalités, différents choix, c'est explorer des univers, tremper dans un milieu, dans une tête qui n'est pas la sienne, c'est danser sur les méninges d'un(e) autre, c'est se calibrer la respiration sur le rythme de quelqu'un d'autre. 

Et respirer, c'est vivre.

DELIVER ME FROM NOWHERE: THE MAKING OF BRUCE SPRINGSTEEN'S NEBRASKA de Warren Zanes

En 1982, le monde musical, les radios, MTV et les émission de vidéos, proposent Duran Duran, Toto, Styx, Culture Club, Human League, un univers syntho pop, axé parfois sur les claviers. Mais il y avait aussi Stevie Ray Vaughan, Dire Straits, Rush, Steve Miller Band. Mais rien qui ne ressemblait à Nebraska de Bruce Springsteen. L'écho glauque des temps durs qu'on trouvaient dans l'Angleterre de Thatcher, maintenant sous l'austérité Reagan, aux États-Unis. 

Bruce Springsteen, dont l'oeuvre était publiquement proposée depuis 1973, se trouvait à la croisée des chemins après 5 albums très payants pour lui et les membres de son E Street Band. Il avait envie d'une plongée réelle dans les États-Unis qui l'intriguaient. Les cols bleus et les marginaux. La vulnérabilité de la bête que sont le pays de l'Oncle Sam. Et pourquoi souvent, ce n'est pas le meilleur pays au monde. 

Warren Zanes est lui-même musicien. Et il a rencontré Bruce et ceux qui l'entouraient, Rosanne Cash, Steven Van Zant, Jon Landau et autres, il nous assoit à la table des créateurs. C'était 17 chansons qu'offraient The Boss. Entre l'excellent album The River et l'historique Born in the USA, qu'il compose aussi en partie au même moment. Zanes posent les bonnes questions aux bonnes personnes. Et écrit avec une charmante intelligence. Dosant humour et profondeur. Il a du style. Quelques lignes restent mémorables. On le comprend créateur lui aussi. Ses observations sont fort intéressantes aussi. 

On explore les décision de Springsteen. Comment il en arrivait aux conclusions qu'il tirait dans la prose dont il accouchait de manière acoustique en 17 chapitres. 320 pages qui se consomment en une seule journée si on accroche dès le départ. Et avec vos diffuseurs en ligne, écouter l'album en même temps, petit délice presque cinématographique.

Pas surprenant de voir que Scott Cooper l'eût adapté et ai tourné avec Jeremy Allen White, vedette de la série The Bear, dans la peau de Bruce. Le film doit sortir le 24 octobre prochain.

Zanes dit que quand il a rencontré Springsteen pour la première fois, avant même de penser écrire ce livre, il ne pensait pas au gars qui avait signé les albums Born to Run ou Darkness at the Edge of Town, qu'il avait tant aimé. Non, il ne pensait pas non plus à la star qu'on entendait sur toutes les stations de radio ou qu'on voyait dans les magazines ou les journaux. La première chose qui lui était venu à l'esprit et qui l'avait gravement impressionné était "Wow, voilà celui qui a composé Nebraska". 

Le livre est peut-être né là pour lui. Avec une envie de jeter un oeil sur celui qui obtenait son premier #1 dans les albums vendus et qui proposait au studio un démo de 17 chansons qui n'étaient pas pensées pour la diffusion publique. Mais qui étaient appelées à être retravaillées avec le E Street Band. Enregistrées sur cassette 4 tracks. Au bout d'un lit. Pas de single. Pas de hits. Rien de populaire catchy. Les chansons, qui sont souvent des histoires, sont sombres et largement des destins sans espoirs. Des chutes morales. Des rêves brisés. De la part d'ombre. Des restes de la Jungleland. Là où il ne restait plus qu'une guitare acoustique et surtout, une âme, inspirée des écrits de Flannery O'Connor ou de l'histoire même du pays. 

Une âme de fils d'italienne qui a toute sa carrière peint le vie de ceux et celles qui partent de rien. Une partie du rêve des États-Unis des 50 dernières années. 

Et voilà que cette fiente de président menace (fait-il autre chose ?) de le faire enquêter...Sur quoi vieux criminel ? Sur son âme trop pure ? 

Pas de sons de foule, juste les fantômes de murmures anxieux. Livre et album hantés. 

Le film de Cooper a de la matière avec laquelle tourner quelque chose d'assez mythique.

Pas de tournée, pas de promotion, pas de grande orchestration sur disque. On revisite cette intimité qui puisait dans le collectif inconscient d'Amérique du Nord. 

No it's not America & never it'll be. L'Amérique ce sont trois territoires d'un même continent.

Mais c'est de la fêlure Étatsunienne. Qui pourrait être commune avec nos prairies Canadiennes. Et nos états d'esprits Nord Américains. Nos propres cages mentales. Où les frontières cérébrales sont nettement plus fragiles que celles qu'on menace d'effacer.  Y a de la poésie en musique, et Zanes sait écrire. Brièvement. Et parfois même avec répétitions, comme reviendrait un refrain de chanson.

À lire dans un hôtel isolé.

Pour avoir une meilleure loupe sur certains déserts intérieurs. 

Parfois même noyé(e)s dans des foules.

Livre à posséder sur sa table de chevet si vous êtes d'Amérique du Nord. Parce que derrière la fenêtre c'est nous. Disque à découvrir. Parce que c'est du tonnerre dans une bouteille. Lancée à la mer des poètes qui se magasinent du rêve. Merci Zanny, ton livre inspire autant que le disque. 

Mais c'est une vérité de la Palice. Même si il y a film promis, et même facile à imaginer en lisant, le livre est toujours meilleur...chuuuuuuuuuuurt!

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)