La tournée mondiale de David Bowie, qui tient à ne plus jouer ses vieux hits dans le futur (le fera) commence à Montréal. La tournée fait aussi la promotion du fameux coffret Sound & Vision qui a aussi été lancé peu de temps avant et qui contient des raretés encore introuvables. Bien entendu j'ai acheté. Je suis grand fan de Bowie depuis presque 10 ans, et cette tournée arrive tout juste au bon moment, moi, qui n'ai acheté en temps réel que son album Never Let Me Down (en cassette) et deux Tin Machine, mon Bowie préféré est nettement avant tout ça. Entre 1970 et 1979 en fait. Il y a des petits trésors ici et là mais des albums que je savoures en entier, Bowie a respecté la tradition du 7à 10 ans de bonne créativité inspirée.
Le timing est donc bon pour moi aussi. Bowie ferme les livres sur son passé, et moi j'allais voir et écouter le résumé condensé du principal interressé.
Le premier spectacle a lieu dans ma ville. Le 4 mars. Au Colisée de Québec. Là où jouent mes Nordiques. J'y vais avec quelques un(e)s de mes ami(e)s. Un écran géant défilait derrière Bowie montrant des mises en scènes et des chorégraphies pré-enregistrées avec Louise Lecavalier de Lalala Human Steps. Cet écran ne fonctionnera que pour la première chanson, Space Oddity. Québec servira de ville-test et on aura simplement David et sa guitare, Adrien Belew et la sienne, un pianiste, un bassiste et un batteur sous les yeux tout le spectacle. Tout ce qu'il y a de plus simple. Sound mais très très peu Vision. Trop peu. Ça déçoit un peu. Et par moments, ça fait aussi très très boomer qui rebrasse avec complaisance sa vieille soupe, ce que nous cuisine quand même David. On l'avait compris avant le spectacle. On avait 18 ans.Cet impair technique nourrissait l'idée que la ville de Québec était toujours trop petite pour les grandes choses. Comme les Nordiques, les olympiques, les élections, viennent le souligner aussi par la suite, dans le futur.
Mais dans les villes où les gens "pensent petits" tout est aussi plus "lousse". Comme la sécurité au Colisée. Il y a 5-6 ans, dans un spectacle d'Iron Maiden, un intoxiqué spectacteur avait réussi à frayer son chemin sur la passerelle la plus haute du Colisée et en était tombé dans la foule et sur le plancher cimenté, 300 pieds plus bas. Il en était mort. Mais comment s'était-il rendu-là?Souvent, autant aux matchs des Nordiques qu'aux spectacles, on achetait nos billets moins chers très haut et très loin, mais après quelques temps, si des bancs, repérés au préalable, étaient restés libres trop longtemps l'étaient encore, on y descendait. Et on occupait de meilleures places. Notre show à 17$ prenait de la valeur. Pour Bowie, on l'aimait trop, on avait acheté gros. Ce qui nous avait placé bas et près de la scène. Mais aussi, près de l'arrière-scène. Ce qui avait donné l'envie à quelques uns d'entre nous de se glisser en arrière-scène. Encore plus quand on a vu que les vrais agents de sécurité étaient en avant-scène afin que les gens ne tentent pas d'y monter ou d'y tirer des choses, et que ceux qui semblaient surveiller l'arrière-scène étaient tous de boomers anciens Chevaliers de Colomb. De vieillissants retraités plus ou moins attentifs et désorientés par tout le bruit.
Aglaë et moi, on a eu envie de transgresser. On s'est glissé en arrière-scène. Je savais, Aglaë aussi, qu'avec une belle femme toute en cuisses, on pouvait se rendre loin. Même si au final, elle ne se commetterait en rien. Aussitôt en arrière, j'y entends "Hey Hunter! t'es ici toi aussi ?" on y découvre un de mes oncles, Slapstick Jones, le frère comique à mon père. Il n'y travaille pas plus que nous, il termine une bière et en commence une autre dans un costume trop grand pour lui, comme David Byrne des Talking Heads le porte dans Stop Making Sense. C'est tout à fait Slapstick Jones, le bouffon. Digne de l'entreprise de se glisser à l'arrière-scène. Et il fait 6 pieds 5. Il impose. Donc à trois, notre chemin se faisait aisément. Le premier surveillant qu'on a croisé était si poli (ou intimidé) il s'est tassé du chemin et nous as guidé vers l'arrière. Ça se faisait tout seul. Les yeux de vieux cochons étaient sur les cuisses d'Aglaë et personne ne voulait s'imposer sur ce qui semblait être un garde du corps stylé de 6'5, qui n'était que mon oncle, dans un costume trop grand, qui avait maintenant fini sa xème bière.On arrive sous la scène, près du garage où on appercoit sa limousine. On voit aussi sa loge, on ose pas y entrer. Puis un escalier sur la scène où on voit...Bowie...de dos, en train de chanter China Girl. Aglaë m'a sourit de nervosité : Qu'es-ce qu'on fait, on monte sur scène ?". Une entrée sur scène de la part d'une belle fille, ça pouvait faire du sens, mais pour un géant de 6'5 dans un costume trop grand et un gars de 18 ans, ça ne pouvait qu'attirer l'hostilité.
Soudainement d'autres agents de sécurité nous ont regardé de loin. On a évité leurs regards comme si il était normal que nous y soyons. J'ai eu le réflexe de prendre une planche de bois et fait semblant de travailler la scène. Je me promenais avec mon morceau de bois, avec un homme de 6'5 à mes côtés, je pouvais aussi passer pour, je ne sais pas, le fils de Bowie avec sa blonde protégé d'un garde du corps.
J'ai pu voir qu'on se posait la question visuellement du regard autour. Mais mon garde du corps portait un costume démesurément trop grand pour lui. Et je ne sais trop comment il a fait ça, mais il avait maintenant une nouvelle bière au bec. Ça nous as trahi.On a été repéré, puis expulsé. Même pas hors du Colisée, un Chevalier de Colomb reste intimidé par un 6'5 habillant trop grand. On nous as renvoyé simplement sur le parterre.
150 pieds plus loin, mais maintenant où on voyait Bowie de face.
Nous étions passé de station en station juste à temps pour Station to Station.Qu'au parterre, on a davantage savouré que nos amis assis 120 pieds sur la droite.
Qui nous voyaient. Et nous jalousaient, le regard par dessus les gardes du corps du parterre.
Young Americans, Suffragette, Fame, Heroes, Changes, Jean Genie, White Light/White Heat, Modern Love du parterre.
On avait surclassé notre spectacle dont l'écran nous avait abandonné. On y avait réorienté notre visuel.
David de la scène a aussi remarqué les cuisses d'Aglaë. C'est dire si on était près de la scène.
C'était une fameuse soirée de faux retraité.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)