Le président de la compagnie Air Canada a pris une pause afin de bien mesurer sa réponse et de mieux assommer, une fois assumée et livrée, sa réponse à la question du journaliste masqué.
Il a livré "un hommage" à la ville de Montréal où il a pu passer 14 ans en y vivant strictement en anglais. Sans avoir besoin de la langue française.
C'était aussi un message à tous les hommes d'affaires anglophones du monde entier, it can happen, here.
Ça m'a fait penser à moi quand je dis que j'ai fait toute ma scolarité, entre 1977 et 1994, sans utiliser une seule fois l'ordinateur. Il n'y avait, à l'époque qu'une seule salle d'ordinateur dans les Universités, nous n'en avions pas tous chez soi, surtout pas étudiants. Il y en avait une vingtaine et le processus de réservation était aussi impossible que l'est devenue la simple prise de sang dans un CLSC de nos jours. C'était toujours plein et fallait s'y prendre trois mois à l'avance. Donc, quand on apprenait la semaine d'avant remise que notre prof voulait son devoir à l'ordi, on était bien baisés. Heureusement , comme le concept restait naissant, ils acceptaient de recevoir nos travaux tapés à la machine à écrire ou à l'écrit (moins).
Avec le temps, j'ai appris un peu. Vraiment assez peu. Par moi-même. J'ai pas eu le choix, je suis traducteur et 90% de mon travail est là-dessus. Toutefois de très nombreux emplois me sont tout simplement impossibles principalement par ce qu'on s'attend à ce que je sois plutôt habile de l'informatique. Et quand je dis habile, je suis généreux. On s'attend à ce que je connaisse bien des choses, prétendues simples, simplement jamais apprises. Il s'agit d'une richesse qui me manque. J'en suis handicapé.
C'est à ça que j'ai automatiquement pensé en voyant le président d'Air Canada qui répondait à la question, répétée en anglais car il disait ne pas l'avoir comprise en français tout juste avant: "Comment on fait pour ne pas comprendre ou savoir parler français après 14 ans au Québec?". Ce qui était une question tout à fait légitime, je vous explique pourquoi.
Le problème du français chez la compagnie aérienne Air Canada n'est pas naissant. Il a plus de 45 ans. En 1976, la cour réussissait à casser la règle, au sein d'Air Canada, qui interdisait les employés francophones de se parler en français entre eux. Vous avez bien lu. Vous voulez éteindre un peuple, coupez lui la langue. Le mépris d'hier est le même que celui d'aujourd'hui. Air Canada est toujours l'entreprise qui collectionne les plus nombreuses plaintes remises au Commissariat de la Langue Française. Depuis toujours.
Quand le lendemain, après que tout le monde eut crié au loup, le même président en a remis en parlant de la langue d'usage, en parlant du français, au lieu de la langue officielle, ça sentait l'arrogance bien cuisinée. Il s'est excusé "à ceux qui auraient pu être offensés", c'est-à-dire toutes les têtes intelligentes et scolarisées. La majorité de la population. Maintenant, c'est au Québec entier qu'il devrait s'excuser n'ayant pas compris que la langue officielle au Québec, c'est la langue originale de sa mère et de son épouse. Ce qui rend aussi le "Je n'ai pas le temps de l'apprendre et c'est une langue difficile à apprendre" plutôt cyniques et irrecevables.
Mais les feux de Bengales ne durent jamais longtemps. La semaine prochaine, ce sera en dessous du tapis. Le journal de Montréal nous aura pondu de plus fraîches indignations.
Les roches que nous lui tirons ne tombent même pas proches de lui. Il s'excuse gardant la distance entre lui et "ceux qui auraient pu être offensés", mais en rigolera among friends, cheering with a cocktail, over the week-end. Notre colère en est une autre qui passe dans le beurre. De l'eau sur le dos d'un canard boiteux. Parce qu'il faut être terriblement boiteux pour ne pas faire l'effort, avec une maman francophone et une amoureuse francophone, pour ne pas au minimum comprendre le français. Handicapé.
Il ne semble faire aucun doute qu'il y a mauvaise foi. C'est ça qui ne passe pas. Le mépris sur son épaule qui ne demande qu'à sauter, tel un pou, dans les cheveux des Québécois francophones, pour le faire simplement chier, chatouiller, incommoder, à s'en arracher le frisé du poil.
Ça, on l'a tous bien senti dans nos colonnes vertébrales.
Ne donnez pas la bullshit du "si vous habitiez l'Italie ou l'Allemagne 10 ans, peut-être ne parleriez vous ni l'italien, ni l'allemand, non plus".
Vous seriez alors aussi handicapé que lui. Et tout autant de mauvaise foi. Aussi coquerelle dans le bel hôtel.
La langue française est dure à écrire, à lire. Pas à parler ni à comprendre. Si il ne comprend pas le français, il ne comprend pas le Québec. Les citoyens du Québec ont un pouvoir. Celui de ne plus jamais faire fleurir son entreprise.
Le Premier Ministre Legault, gauchement encore, a dit vouloir suivre l'évolution de ses prétendus cours de français...Non, François, il n'a pas besoin d'un nouveau papa. Ça ne sert à rien de courir si on ne va nulle part.
Il en existe de très nombreuses compagnies aériennes, atterrissant et décollant par ici.
On ne meurt pas moins en première classe quand l'avion pique du nez.
Air Canada, en tout temps, boycottez. Vous exigez de la sensibilité d'un homme d'affaires? Soyez moins naïfs svp. Je me souviens? Honorez.
Et entre vous et moi, y a pas de quoi mettre le feu au clocher de l'église, y a des gens qui font de la radio au Québec depuis de nombreuses années, d'autres de la télé, de la téléréalité surtout, sans jamais avoir appris le français...
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Certaines Conditions S'Appliquent:
Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)