dimanche 22 novembre 2020

12 Femmes en (saine) Colère


 "It's a man's world, this is a man's world. But It wouldn't be nothing, nothing without a woman or a girl"

-J.B. 

J'ai dévoré cette semaine une lecture passionnante. Le Boys Club de Martine Delvaux. Recommandé. 

Delvaux expose clairement son objectif dès le début, exposer (justement) le boys club afin qu'il ne passe plus inaperçu et qu'il soit plus facile à surveiller. Ce qui est tout à fait sain. Que celui ou celle qui ne surveille pas le féminisme depuis ses débuts lui lance la première pierre. Le vent retournera celle-ci aux pieds des lanceurs. 

J'ai aussi compris, en partie, pourquoi je déteste tant le golf.

Au 19ème siècle, les Femmes devaient être patientes, sacrificielles, maternellement idéalisées, innocentes vierges et de manière générale dénigrées et infériorisées. Plusieurs gardent encore inconsciemment cette vision de la Femme bien ancrée dans leurs moeurs. Ça ne change pas rapidement, des moeurs. Ça bouge comme un paquebot. C'est aussi lourd.


Ironiquement, la semaine dernière aussi, j'écoutais un épisode, tous les soirs, de Scener Ur Ett Äktenskap, ou Scenes From a Marriage d'Ingmar Bergman.  Il y en a 6. C'était une série* télé suédoisede 1973. Où le personnage de Liv Ulmann (et son mari) commence la série, interviewée par une amie, pour le magazine Love,  sur le succès de son couple qui vient de renouveler le contrat de mariage après 10 ans et deux enfants.  On en vivra 20.


Monsieur, quand vient le temps de se décrire, trouve deux douzaines de lignes pour parler de lui et il faut même l'arrêter. Quand vient le tour de Liv de faire la même chose, elle ne trouve rien pour parler d'elle. Trois lignes. Toutes dirigées vers les autres. "J'ai un bon mari, deux merveilleux enfants" et ainsi de suite. Elle n'existe pas pour elle-même. Leur relation se développera autrement sur 6 épisodes. 

On a accusé Bergman, passé 1973, d'être l'influence qui aurait fait monter le taux de divorce en Suède. 


Les Hommes et les Femmes seront toujours différents les uns des autres. Je maintiens ma vision que les écoles, strictement de filles, ou strictement de garçons, particulièrement entre 12 et 17 ans, sont un embouteillage mental et physique qui peut prendre des années à en effacer les effets négatifs. If ever.  

Mais le plaisir de se rapprocher les uns des autres est toujours de trouver cet endroit commun, au milieu. Où on frôle la fusion. Mentale, physique, ou les deux. Les enfants devenant une magie formidable en résultante. 

Voici 12 Québécoises que j'admire parce qu'elles n'acceptent pas la Femme comme autre chose que l'égale de l'homme. Comme moi. Et le disent haut et fort. 12 Femmes en Colère. De la saine colère. 12 Femmes nécessaires.


Fanny Britt. 43 ans, auteure, traductrice, dramaturge, chroniqueuse, scénariste. Diplômée de l'École Nationale de Théâtre du Canada, en écriture, en 2001, elle écrit très bien. Assez pour se mériter de nombreux prix ou être constamment nommée pour le faire. Elle est une voix très intéressante cherchant, justement, tout le temps l'espace commun entre humains. Sa famille a été frappée par le drame ce qui l'a peut-être rendue plus aiguisée des sens. Elle a du punch dans le verbe et brandit de l'espoir dans ses cris et ses écrits, empreints de poésie aussi. 

Françoise David, 72 ans, militante et femme politique féministe et altermondialiste, ancienne présidente de la Fédération des Femmes du Québec, ancienne porte-parole de Option Citoyenne qui deviendra Québec Solidaire lorsque fusionné avec L'Union des Force Progressistes, ancienne co-porte-parole de Québec Solidaire, députée sous cette bannière de la circonscription de Gouin depuis 2012, elle quitte en 2017 pour des raisons de santé. Elle écrit depuis et chronique à la radio. Elle est vaillante, attentionnée, attentive, très portée sur les causes sociales et environnementales. Sa colère est douce, mais rarement mal ciblée.


Martine Delvaux, 51 ans, Femme de lettres Québécoise, professeure de littérature à l'UQAM, auteure, essayiste je suis certain de l'avoir eu, soit comme enseignante ou encore comme élève à mes côtés (après tout elle n'a que 3 ans de plus que moi) elle me dit trop quelque chose. On oublie pas un ton de voix comme le sien, assez franchement désagréable. Mais son propos est toujours intéressant. Il stimule les échanges. Elle aborde souvent ses sujets par l'angle du cinéma ou de la télévision, et rarement ne vise-t-elle pas juste. Très intéressante dans ses projets. Je suivrai.


Agnes Gruda, âge de son coeur, correspondante étrangère pour le journal La Presse d'origine polonaise mais née au Canada, auteure, et récipiendaire de nombreux prix journalistiques, c'est la soeur de la journaliste Alexandra Szacka, autre femme admirable, ce que j'apprends en vous écrivant. Gruda s'intéresse à l'humain d'à travers le monde. Contextualisant souvent brillamment sur la situation dans certains pays. Un de ses prix lui a d'ailleurs été remis pour ses écrits sur le mouvement salafiste. Ses visions dépassent toutes les frontières.


Micheline Lanctôt, 73 ans, actrice, réalisatrice, scénariste, monteuse, productrice, musicienne, auteure, enseignante, elle a toujours milité pour les cause qui lui tiennent à coeur, le rôle des femmes dans l'industrie cinématographique en étant une. Elle est gourmande de justice, ce qui n'est jamais une vilaine chose, je l'ai eu comme enseignante et j'ai aussi eu un de ses anciens chums comme enseignant. C'est une femme extrêmement intéressante et beaucoup plus ouverte et humble que bien des gens se l'imaginent. Elle et son oeuvre sont à découvrir ou à redécouvrir. 


Aurélie Lanctôt, finissante en droit de l'Université McGill, chroniqueuse, auteure, militante féministe, oui, c'est effectivement la nièce de l'autre. La pomme est tombée tout près de l'arbre. Je l'ai souvent trouvée coupable d'absence de toute forme d'humour, ce que je trouvais dommage car ses propos sont souvent très intéressants (et très internationaux), mais je reprochais la même chose à sa tante, ce qui n'a jamais ralenti mon admiration pour elle. (Et Micheline se présente régulière comme 4ème roue des gars comiques de La Soirée Est (encore) Jeune.


Claudia Larochelle, 42 ans, journaliste, auteure, animatrice, chroniqueuse, elle a ce ton de voix qui ferait arrêter toutes les guerres. C'est probablement pour cela qu'elle a du succès avec les plus jeunes, elle a trouvé le ton de leur parler. Claudia aborde souvent des sujets qui ont des portées sociales importantes, voire sombres, mais lui donne une twist personnelle admirable et on se surprend à ne pas détester ses arguments et points de vue. Ses colères sont toujours toujours saines, même autour de sujets douloureux. 

Leurs colères sont toujours nécessaires ne serais que pour rétablir cet équilibre qui penche trop souvent du même côté. 


Régine Laurent, 63 ans, infirmière d'origine haïtienne à l'Hôpital Santa Cabrini en 1980 et pour les 35 années suivantes. Elle deviendra la première Femme noire à la tête de la Fédération Interprofessionnelle de la Santé du Québec de 2009 à 2017. C'est avec un certain succès qu'elle a négocié avec les différents gouvernements de meilleures conditions pour les travailleurs/travailleuses de la santé. En mai 2019, dans la foulée de la mort horrible d'une enfant mal atterrie dans la vie, à Granby, elle est nommée à la tête d'une commission spéciale sur les droits et la protection des enfants au Québec. Ses rôles parlent d'eux-mêmes. Elle est maman depuis ses 18 ans. 


Eugénie Lépine-Blondeau, 31 ans, chroniqueuse culturelle, elle est relativement jeune dans le métier à grande échelle, et j'ai eu la chance de la voir évoluer assez ponctuellement depuis un an et demi. Inégale dans ses choix de combats, elle s'insurge régulièrement sur les micro-agressions et les injustices faites aux femmes. Fière Femme LGBTQ, elle ne manque jamais de glisser un bon mot en faveur de la communauté, sans jamais s'en déclarer porte-parole. On ne devrait jamais déterminer quelqu'un par sa manière de coucher au lit. Ça ne fait aucun sens. Je ne m'ennuierais jamais de jaser avec elle. 

Michelle Ouimet, âge de son coeur, journaliste, chroniqueuse, elle a couvert de nombreuses zones de guerre comme correspondante, et milite très souvent autour de la condition féminine d'ici et dans le monde. La réalité des Femmes l'intéresse hautement, mais la justice aussi, toute ses Femmes sont empreintes d'une lourde envie de justice, que qui en font des Reines de la Liberté en ce qui me concerne. Je l'ai eu comme enseignante invitée dans un cours de Marc Laurendeau et j'ai adoré sa manière d'être.

Toute ces Femmes ne questionne, au fond, que nos manières d'être. Ce que je fais souvent ici. Voilà pourquoi je les aime tant, probablement.


Francine Pelletier, 65 ans, bien que née en Ontario, c'est au Québec qu'elle a principalement vécu. Journaliste bilingue, elle est l'une des fondatrices du magazine d'actualités féminines La Vie En Rose. Elle a aussi écrit pour La Presse, de 1988 à 1992, puis, chronique pour Le Devoir, depuis 2013. Il va s'en dire que, comme chroniqueuse, elle expose régulièrement ses points de vue. Elle était ciblée par l'assassin de la Polytechnique de 1989. Fière féministe, elle ne milite pas que pour les Femmes, mais aussi pour toute formes d'incohérences sociales. Et Dieu sait qu'elles sont nombreuses.   


Laure Waridel, 47 ans, co-fondatrice et ancienne présidente et porte-parole d'Équiterre, organisation écologique Québécoise, militante sociale, chroniqueuse et écrivaine, environnementaliste et commentatrice radio et télé, anciennement partenaire de vie d'un de mes amis, réalisateur, ils ont eu ensemble 2 enfants, dont une jeune fille autiste. Ses colères sont principalement écosociales, mais elle est aussi très éprise de justice en général et très récemment, on a pu l'entendre critiquer le plan environnementaliste, trop vague, présenté par la CAQ de Legault.  

Ces femmes sont perpétuellement conscientes que la vie n'est que ce qu'on en fait, et elles travaillent très fort pour toujours faire mieux.

Aucune de leurs colères ne sont totalement vaines. Aucune ne sont complètement malsaines.

Toutes sont sources de dialogue. 

Toutes ont écrit. Et écrire, c'est dessiner des phrases pour sculpter un dialogue.

Dialoguer c'est déjà commencer à se comprendre. 

À essayer, du moins. 

*Une version film de 2h49 existe aussi.

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)