La mode d'après-guerre, dans les années 50, a clairement tracé une ligne entre les tenues vestimentaires entre hommes et femmes.
Ce qui n'est plus du tout vrai aujourd'hui. Mais si le modernisme d'aujourd'hui peut avoir lieu, c'est parce que le conservatisme et le genrisme a eu lieu avant. Solidement. Et dans les cas qui suivront, avec une certaine élégance.
Pendant que la mode des hommes se dirigeaient vers les "bad boys" à la James Dean ou Elvis, ou vers les Teddy Boys d'Angleterre pour l'Europe, la mode pour les femmes priorisait l'élégance, la formalité et les accessoires parfaitement agencés, solidifiant que la Femme devait d'abord être belle avant d'être quoi que ce soit d'autre (si il y avait autre chose, parfois).
La haute couture pour Femmes a vu des changements rapides avec une flopée de néo-designers d'envergure qui ont vite établi les standards de la mode. Ils ont redessiné la silhouette féminine avec originalité, créativité, goût, et redéfini les codes vestimentaires tout sexe confondu.
Voici 7 perles de l'époque.
Cristobal Balenciaga (1895-1972)
Fils d'un poissonnier et d'une couturière, devinez de quel côté l'ado Cristo a penché? Il a tout appris de sa mère. Adolescent toujours, la marquise de Casa Torres, la personnalité la plus influente de sa région d'Espagne devient sa cliente et c'est elle qui l'envoie étudier à Madrid pour qu'il se perfectionne. Et il sera parfait. À sa mort, en 1972, on dira que le roi est mort.
À 25 ans, ses boutiques sont bien établies à San Sebastian et les affaires roulent bien. Mais la Guerre Civile d'Espagne le force à tout fermer et à s'exiler en France. Où il ouvre ses boutiques, sur l'avenue George V, en 1937. Ce n'est qu'après la Seconde Grande Guerre qu'il ne reprend un solide envol. Élargissant les épaules pour mesdames et redessinant les tailles, il a tout simplement révolutionné le style pour les Femmes. En 1955 il crée ce qu'on appelle aujourd'hui la tunique. Développée deux ans plus tard en chemise-robe. En 1959, il culmine dans sa créativité avec des robes à la taille haute et des manteaux à saveur de kimonos.
En 1960, il dessine la robe de mariée de Fabiola de Mora Y Aragon, épouse du roi Baudoin de Belgique. Il sera designer pour la femme de société Aline Griffith devenue comtesse, la diplomate Margarita Salaverria Gallaraga, qui seront ses muses. Il sera aussi influencé par la designer Meye Allende de Maeir. Il ferme ses maisons en 1968, il a 74 ans. Il aura été grandiose.
Pierre Balmain (1914-1982)
Son père décède alors qu'il n'a que 7 ans. Mais comme il était propriétaire d'une draperie, il baigne très tôt dans le textile. Sa mère et ses tantes opèrent plusieurs boutiques de mode dans les Galeries Parisiennes, il sera inspiré par les femmes de société qui peuplent leur univers. Il fera la connaissance de Lucien Lelong, designer des années 20-40, et fera aussi la connaissance de Christian Dior pendant la Seconde Guerre Mondiale. Il ouvre sa maison de couture dès 1945, proposant de longues jupes en forme de cloche, serrée à la taille. Gertrude Stein lui écrit des critiques très élogieuses de ses collections et la duchesse de Windsor devient une fan. Il prend de l'expansion aux États-Unis, produisant en Australie, et favorisant les marchés internationaux. Marlene Dietrich et Katherine Hepburn seront ses clientes. La reine consort de Thaïlande aussi. Il sera le couturier des uniformes olympiques de Grenoble en 1968. Il sera aussi le designer des employés de l'aviation pour les lignes aériennes Malaisie-Singapour et pour la première femme pilote d'Air France en 1975.
Il travaillera en collaboration avec le designer danois Erik Mortensen pour une bonne partie de sa vie. Il avait aussi engagé un jeune Karl Lagerfeld, récemment décoré d'un prix scolaire en mode. Il reste encore populaire, Angelina Jolie, Penelope Cruz, Alexandra Kerry, Tatiana Sorokko, Kate Moss et Kristin Davis portant toujours ses modèles.
Coco Chanel (1883-1971)
Orpheline de mère à 12 ans, celle-ci était néanmoins couturière, elle sera placée par papa dans un pensionnat pour orphelins où elle développe un talent pour la couture. Comme l'orphelinat est austère, elle s'en inspire pour dessiner des modèles épurés à l'instar de l'architecture sobre et géométrique de l'abbaye qui l'héberge. Ses couleurs sont neutres. Noir ou blanc ou beige. Ce sera chez les dames chanoinesses de l'Institut Notre-Dame qu'elle se perfectionnera couseuse, et sera ensuite placée à l'atelier de couture Grampaye.
À 24 ans, elle fréquente les théâtres et aspire à faire de la scène, c'est là qu'on lui trouve le surnom de "Coco". Elle fréquente un riche officier qui lui fait côtoyer la haute société et elle monte à cheval, non pas en robe, mais en tenue équestre. Première révolution. Elle commence son métier par confectionner des chapeaux. En 1909, jeune femme tantôt charmante et sobre, tantôt plutôt garçonne, en pantalon, polo, tenue équestre, elle ouvre sa boutique à elle de chapeaux. Voulant libérer le corps de la femme, elle raccourci les jupes et supprime la taille en éliminant les corsets. S'inspirant d'une vie dynamique et sportive, elle offre des vêtements simples et pratiques. Elle se coupe aussi les cheveux très court. Chanel sera toujours une nouvelle allure. Avec les restes de jersey dans les pénuries de la Première Guerre Mondiale, elle créé la marinière.
Elle fréquente Picasso, José Misia Sert, Stravinsky. Elle s'établira au 29 rue Cambon, annexé peu à peu au 27 et au 31 où la maison qui porte son nom se trouve toujours. Fréquentant un grand duc Russe, elle développe des robes aux motifs slaves. Elle fait fructifier l'industrie du parfum avec succès. L'arrière petit fils de Victor Hugo lui dessine des faux bijoux qui ont beaucoup de succès. Elle conjugue des éléments de vêtements masculins (alors) pour en faire du féminin: le bérêt, le chandail, la pelisse, la veste en tweed. Le pyjama pour femmes, le pantalon pour femmes, la jupe plissée courte, le tailleur orné de poches, c'est elle. Plus fort encore, la petite robe noire.
Ces fréquentations font controverse pendant La Seconde Guerre Mondiale alors qu'elle fréquente un baron allemand lui proposant de collaborer, ce qui n'est pas clair quand à son implication personnelle.
Mais c'est un véritable empire qu'elle met sur pied, un empire encore immense de nos jours. Ne serais-ce qu'avec le seul parfum #5.
Christian Dior (1905-1957)
Très jeune, il se fait dire par une liseuse d'avenir que les femmes lui seront bénéfiques et que c'est par elles qu'il réussira. Il vit les années folles avec Max Jacob et Jean Cocteau et sa famille veut en faire un diplomate, mais il étudie en sciences politiques et en sort sans diplôme. Il commence sa carrière comme propriétaire de galeries d'art et y expose les plus grands, Dali, Eluard, Duchamp, Magritte, Picasso, Giacometti, Ernst, Man Ray, Miro. Mais il perd tout des contrecoups du krash boursier de 1929. Dior dessine beaucoup. On remarque son talent de dessin. Des amis lui conseillent d'en vivre. Il créé d'abord des costumes de théâtre et de cinéma. Dessine des robes, des chapeaux. En 1938, il est engagé par le grand couturier Robert Piguet comme modéliste et dessinateur. Il signe déjà 3 collections. Balenciaga acceptera quelques uns de ses croquis. Démobilisé pendant la Seconde Guerre Mondiale, il travaille chez Lucien Lelong avec Balmain. Il fait la rencontre de Marcel Boussac, le roi du coton, qui investit 60 millions sur la maison Christian Dior. Les silhouette qu'il dessine sont révolutionnaires. Taille cintrée, poitrine haute et ronde, épaules étroites, jambes couvertes à 40 cm au-dessus du sol.
De 1947 à nos jours la maison et le style Christian Dior fera sensation. Au lendemain de l'Occupation Nazie, son new look fait fureur. Josephine Baker portera ses tenues sur scène. Il invente des tonnes de lignes de création originales: corolle, en 8, envol, zig zag, ailée, trompe l'oeil, milieu du siècle, verticale, oblique, naturelle, longue, sinueuse, profilée, tulipe, vivante, muguet, H, A, Y, flèche, aimant, libre,fuseau. Il lancera en parallèle sa ligne de parfum avec autant de succès. Il sera immense longtemps. L'est encore. Même mort.
Jacques Fath (1912-1954)
Son arrière grand-mère paternelle était illustratrice de mode. Son grand-père paternel peintre paysagiste. Dès ses 10 ans, il veut dessiner des robes. Il suivra des études dans ce sens. Il fait son apprentissage chez le couturier Paillard-Lacroix, fait son service militaire, puis s'installe avec 8 employés, rue de la Boétie, dans un studio. Il présente ses premières collections en 1937. Après quelques déménagements, il se démarque par les mannequins célèbres portant son linge. Lucky, qui deviendra mannequin principale chez Dior, Bettina, Sophie Litvak, Geneviève Boucher de la Bruyère, qu'il épousera. Sa réputation se fait vite.
Autodidacte, il engage de nombreux jeunes créateurs qui auront un jour leurs propres lignes aussi, De Givenchy, Laroche, Garavani, Guilbourgé. Il conçoit des jupes amples pendant la Guerre pour que les Femmes puissent circuler en vélo pendant le rationnement. Il habille la jeune parisienne chic et confectionne ses lignes aux États-Unis suivant les traces de Dior. Ses jupes sont conçues pour ressembler à des fleurs. Il donne aussi dans le parfum. Il est maître de la robe de velours. Ses clientes sont Ava Gardner, Greta Garbo, Rita Hayworth. Il est l'Europe en Amérique. Il lance des bas luxueux. Il reste connu pour ses robes fourreaux moulants à col pointu destinées aux femmes grandes et sveltes. Il décède de la leucémie en pleine gloire. L'Oréal a racheté plusieurs de ses créations.
Hubert de Givenchy (1927-2018)
Charles James (1926-1978)
Anglo-américain, ce grand couturier était aussi sculpteur. Il est particulièrement reconnu pour ses somptueuses robes de bal et les coupes très complexes de ses modèles. Il combinait de couleurs de manière extravagante. Il offrira la première veste de satin ce qui fera dire à Dali que c'est plus que de la mode, c'est de la sculpture douce.
Ses lignes seront achetées par Lord & Taylor, Bergdorf Goodman et Elizabeth Arden. Il sera responsable de la robe de la journaliste Austine Hearst. Sa création préférée. Cette robe pesait 12 livres à elle seule et ne tenait pas sur un cintre mais sur une structure rigide. Ses manteaux et ses capes ont aussi été fort populaires. Souvent agrémentés de fourrure et de broderies.
J'ai en envie de vous parler de ces gens qui ont inspiré le dernier film de Paul Thomas Anderson que j'ai écouté dimanche dernier.
Élégant effort.
Pas nécessairement chic.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)