Ni ma douce, ni ma fille, ni mon fils.
Je m'inquiétais sur plusieurs niveaux.
Ma fille Punkee (de 16 ans) se rendait à la fête d'une amie (qui en aurait 17).
Elle avait comme tâche, elle et son chum, appelons-le T.Byentômor, avaient comme tâche, dis-je, de fournir de la vodka pour la soirée de quelques 20 jeunes.
Ma fille était parmi les fournisseurs car ses amies savent qu'elle a des parents plus "libéraux" . Son chum, pour sa part, cachait l'achat et la procuration de sa bouteille à ses deux familles (ses parents sont séparés) et faisait acheter son alcool par un collègue de travail plus âgé.
Mes contentieux étaient les suivants:
-Pourquoi fournissez vous tout le monde? Est-ce que chacun ne pouvait pas s'occuper de ses propres drinks?
-Si T.Byentômor le cachait à sa famille, sa famille est contre l'idée? Nous devenons complices?
-Si notre fille est l'autre qui fournit la vodka, nous sommes plus que complices, mais aussi parents corrupteurs envoyant deux bandits chez les fées?
-Et l'amie dont c'est l'anniversaire, qui reçoit les 20 invités, ils sont d'accord pour que 20 mineurs consomment de l'alcool sous leur toit?
Mes questions me semblaient très légitimes, mais madame ma blonde me trouvait un peu angoissé pour rien, ma fille disait que c'était entendu avec celle qui recevait. Mon fils riait tout simplement de me voir un peu nerveux.
"Je n'aime pas l'idée que ma fille et son chum soient ceux qui arrivent avec de l'huile autour du feu de camps, entouré de gentils chants. Et que nous soyons parrains de tout ça. Ils seront peut-être la dynamite qui fera tout sauter"
"C'est toi qui me dit toujours de se moquer de "ce qu'on a l'air" que c'est ce qu'on EST qui compte" m'a lancé l'amoureuse.
"Et si on est des parents corrompant la jeunesse?"
Ma fille a dit que son chum allait charger 3$ le shooter. Et qu'elle ferait de même avec sa demie-bouteille.
Bien entendu cette règle n'a pas tenu. Tout le monde a bu gratis. Et pas beaucoup parce que, sans trop d'expérience, on buvait cul sec, sans glaces, sans mélanger avec du jus de quoi que ce soit. Les jeunes ne duraient pas plus qu'un seul cul sec. Et les 5 gars sont passé vite à la bière. Une seule des 15 autres filles a bu de la bière. Quelques autres, dont ma fille, ont jeté leur dévolu sur des Smirnoff que je lui avait fait apporter, soupçonnant qu'elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait avec son 750 millilitres pure Absolut vodka.
C'était le tout premier party organisé par celle qui allait fêter ses 17 ans, qui allait inclure des garçons. Ça ajoutait une couche de demi-stress, car nous fournissions, par la bande, 1/5ème de ces garçons.Dieu sait que planter 5 garçons dans un groupe de 15 filles peut fondamentalement changer toute la dynamique de groupe (L'inverse est encore plus vrai... et dangereux). Les parents qui recevaient devaient être nerveux d'emblée eux aussi.
Surtout quand tout le monde a décidé, vers minuit, de coucher sur place. J'écoutais de la musique tranquille chez nous, attendant des nouvelles de ma puce, qui allait me texter quand aller la chercher. Mais elle ne m'a pas texté, elle m'a appelé.
"C'est correct si on couche ici?"
"Ça...ça dérange pas les parents?"
"Non, ils sont o.k. avec ça, mais j'ai pas mon pyjama ni ma brosse à dent"
"Je t'amène tout ça"
15 minutes plus tard, elle avait pyjama, brosse à dents, fil à recharger son téléphone. Mais son chum était toujours sur place.
"Oh! Salut T.! Tu veux que je te ramène?"
"Bonjour M.Jones, non on couche ici finalement, merci"
J'ai un peu paralysé, regardant la mère de celle qui fêtait ses 17 ans derrière.
Elle semblait d'accord et en contrôle de tout ça.
J'ai pas dû avoir l'air plus rassuré car T. a ajouté:
"On est 3 gars qui restent à coucher"
Plongeant mon regard vers la mère qui recevait, elle me faisait comprendre du regard que tout était ok. T.Bientômor me faisait comprendre que les gars coucheraient sur un étage, les filles sur un autre.
"T'es le meilleur papa du monde, papa" m'a dit ma fille après une accolade.
"Parce que t'es la meilleure fille du monde, voilà pourquoi" j'ai aussitôt répondu.
Sans manquer un seul beat T.Byentômor a tout de suite dit:
"Ça c'est vrai Monsieur Jones"
T.changeait de nom de famille. Il devenait T.Pamalcorrek.
Si il tenait à me charmer, ça fonctionnait.
Je ne tenais aucunement à faire de même, mais semblerait que j'ai moi-même charmé tout le monde en allant porter ses accessoires de nuit et de matin dans la nuit. Incluant la mère de celle qui recevait.
Mon bébé n'en est plus un. En revenant j'écoutais un morceau de Lana Del Rey que j'aime beaucoup. Qui cache T-Bone Burnett derrière. Que j'aime beaucoup aussi. Et dont je vous reparle en partie dans deux dodos.
Arrivé chez moi, Spotify me suggérait un morceau qu'il croyait qui me plairait dans le même ton. Lana Del Rey encore. Love. J'ai effectivement aimé. Encore plus quand j'ai été visionner le (superbe) vidéo.
Je dois accepter que ma fille est parfois sur une planète qui n'est pas toujours la nôtre.
Je me garde un air de cosmonaute pour les alunissages.
Au lendemain matin, seulement 3 filles au final étaient restées à coucher. Les 3 gars avaient quitté en taxi vers 3h du matin. L'un d'eux avait un cours de conduite 7 heures plus tard, un autre avait le coeur brisé et le chum de ma fille a simplement suivi les deux autres, ne voulant pas être l'unique garçon sur place au déjeuner.
Ironiquement, à 2h49 du matin, j'étais soudainement parfaitement réveillé. Sentant que quelque chose se passait quelque part.
Look at you kids, you know you're the coolest.
Ma fille m'a confirmé qu'ils se sont tous amusé ferme.
Et que la maman m'avait trouvé tellement dévoué.
Qu'elle n'arrêtait pas de poser des questions sur moi.
I'm just a dad.
Just a dad.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)