Chronique Cuisine & Civilisation.
Nous sommes dans une ère sombre.
Tout endroit public peut sauter sans préavis. Tous les aspects sociaux ont pris de "drôles" de virages et rarement a-t-on trouvé une relative unanimité à dire que nous trempons dans une époque douloureuse au niveau de nos leaders autant qu'au niveau des tangentes socio-culturelles à peu près dans tous les pays sur terre. Sauf en Scandinavie peut-être. Même l'alimentation, où il ne serait plus surprenant de découvrir un épicier en train de peindre ses poivrons rouges, est un domaine atteint d'absurdités assez lourdes.
Toutefois, quand vient le temps de trouver le confort, le gâteau, tout pays confondu, fait drôlement bien le travail pour rendre heureux. Personnellement, j'en veux un peu à Rose-Anna Vachon, qui a eu l'idée, vers 1932, de couper ses gâteaux avec des bouchons de poudre de pâte, donnant ainsi naissance aux Jo Louis. Puis, aux Vachons en entier, pour à la fois m'avoir fait croire que leur mille-feuilles était le meilleur dessert au monde pendant toute mon enfance jusqu'à mes 17 ans, où je découvrais alors les barres de Nanaïmo et faisait une croix sur le shortening du mille-feuilles Vachon; et à la fois pour avoir mis sur mon chemin une de leur plus ravissante descendante qui partage ma vie depuis bientôt 27 ans.
Je leur en veux, amoureusement.
En anglais on appelle les gâteaux-collations, les mug cakes. Ils sont tendances depuis(pour) au moins une minute. Parlons-en une minute.
Au Québec, nous avons un cuisinier tentant de gagner sa vie en conseil alimentaire par 10 000 citoyens. C'est une véritable business. Parlez-en à Ricardo. L'essor de l'industrie du mug cake a pris son envol à partir du moment où a choisi de ne plus faire cuire le gâteau dans un "mug" (une tasse). Comme Rose-Anna en 1932 ne coupait plus avec son couteau en Beauce.
Des milliers de recettes de mug cakes sont disponibles sur le net de nos jours. Toutes ont encore besoin d'oeufs et de beurre. Toutes ont encore besoin d'eau. Seuls les visages vendant les recettes changent.
Sarah Michelle Gellar, ancienne Buffy the Vampire Slayer, est une jeune femme très admirable. Rares sont les comédiens en couple, le restant pour toujours. Toujours durant maintenant depuis 17 ans avec son époux, et père de leurs deux enfants, Freddie Pinze Jr. Gellar a atteint des sommets de popularité, inégalée pour elle, entre 1997 et 2003, dans la peau de Buffy, la chasseuse de vampire, au petit écran. C'est ce qui l'a rendue célèbre. Je ne devrais pas aimer les chasseurs de vampires en étant un moi-même , mais bon, je l'aime.
Elle est grandement impliquée dans des causes philantropiques ce qui rend relativement noble.
Et comme bien des personnalités passées (Gwyneth Paltrow, Jessica Alba pour ne nommer que ceux-là), elle s'est redirigée dans sa carrière en devenant le visage de "nouvelles recettes" de mug cakes aux États-Unis.
Toutefois, le Washington Post, journal au coeur de bien des marasmes sociétaires et transmetteur de déceptions sociales suivant les résultats de nombreuses de leurs enquêtes, a probablement un bon tonneau de mépris pour l'ancienne chasseuse de vampires puisque le journal a qualifié son planning alimentaire d'existentiellement triste.
Je trouve que la tristesse s'associe mal aux mugs cakes. But it kinda does.
Un des collaborateurs de Gellar, a dit "...que la recette de mug cake proposée existait il y a 5 ans, mais les consommateurs n'étaient pas encore prêts pour ça, mais depuis peu, le mug cake prend son envol." Duncan Hines a même lancé, une recette de mug cake qui, en 18 mois seulement, a généré autour de 35 millions de dollars de profit.
(...)
Que le mug cake puisse être à la source d'une économie générant 35 millions, ou autour de, est tout simplement flabbergastant. Ça vous fait reconsidérer vos plans de carrière, non? Mais je disgresse.
Ce qui me titille l'oreille est de penser qu'il y a 5 ans, nous n'y étions pas encore. Peut-être que la Scandinavie y était, elle.
Ceci expliquant cela.
Il y a 5 ans, aux États-Unis, Donald Trump n'était qu'un clown de la télé. Dont les travers pouvaient rester des travers de fils de millionnaire à l'abri des grands enjeux de société. De nos jours, si les mugs cakes peuvent générer 35 millions ou plus, c'est que les États-Unis ont besoin de beaucoup beaucoup beaucoup de réconfort.
Buffy sauve encore le monde.
Je vous l'avait dit que c'était une bonne personne.
Aimable.
Si la fin du monde arrive bientôt, et que tout saute (sauf en Scandinavie), on pourra toujours se consoler à manger un mug cake de Buffy.
Ne serais-ce que pour mourir équilibré.
Ou se réveiller en Scandinavie. Région du bonheur terrestre.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)