Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle littérature.
Lire c'est apprendre, explorer, s'évader, vivre autrement.
Je suis traducteur, je lis presqu'en tout temps. Ce n'est pas travailler pour moi, c'est simplement une autre manière de m'oxygéner le cerveau.
Je vous parle d'un livre qui en vaut selon moi la peine. La peine d'être visité par vos yeux. Ce mois-ci, une légère brique.
CHRONIQUES DE L'OISEAU À RESSORT de Haruki Murakami.
2009. Je vis la période la plus difficile de ma courte vie. Je ne me doute pas encore que cette annus horribilis se terminera par la mort prématurée de mon père. Pour le moment je me fais signer un arrêt de travail. Avant de savoir que je dois m'occuper le cerveau, conseillé par mon médecin consultant, j'ai déjà naturellement ce réflexe. Quand on veut entrer dans les dédales de notre système de santé, il faut de toute manière se prévoir entre 8 et 10 heures de végétation en attente de toute manière. Je m'étais donc justement apporté un livre. Mon premier de cet auteur japonais dont j'avais entendu le nom ici et là. 607 pages.
J'aurais le temps de me rendre jusqu'à la page 514 avant qu'on m'appelle dans le bureau du médecin.
Une femme quitte un homme, sans raisons claires, le laissant dans un profond état de dépression et le plongeant dans une série de relations personnelles étranges, reliées à un puits secs, dans lequel il se réfugie, parfois contre son gré, et à partir duquel des phénomènes surnaturels et des rêves intenses semblent y naître. Des enjeux financiers aussi. En contact avec une riche créatrice de mode ainsi que de son fils muet, le protagoniste se découvre des talents de guérisseur. Il entre aussi en contact avec un ancien lieutenant dont le passé en Chine occupée et dans les camps de travail soviétiques auraient changé le cours de l'Histoire. Un passage entre la vie et la mort relève aussi du fantastique. Toujours à portée dans les récits de Murakami.
On navigue entre vie réelle, conscience et rêve. Murakami nous fait perdre, peu à peu nos repères. À l'instar du protagoniste qui, peu à peu, le monde tel qu'on le comprend nous échappe. Le chant de l'oiseau à ressort sortant d'un cadran étant le seul lien avec le monde tel qu'on le connaissait.
On parle de désir, de pouvoir, d'opposés polaires et d'aliénation.
Les lecteurs et adorateurs de IQ84 (J'en fût par la suite) un autre de ses romans divisé en trois parties aussi, et contenant une demie tonne de pages, et partageant le même type d'univers dystopien y trouveront leur compte. on y retrouve le même environnement déjanté, fantastique, dans un monde très réel. Vous y trouverez des chats parce que Murakami est adorateur des chats et ils sont dans toute ses oeuvres. Son écriture est d'une tendresse teintée de mélancolie.
Je nageais dans la mélancolie, mes douches perlaient de gouttes de langueur.
L'adynamie mentale se resolidifie avec les mots et la dystopie de Murakami.
Une lecture comme un rêve en apesanteur. Lire son oeuvre c'est comme nager dans un état de veille, dans un clair-obscur de la conscience qui semblait pourtant relever de la nuit.
Comme une série d'oiseaux chantant dans la noirceur.
L'érotisme y est aussi au rendez-vous.
Un érotisme de bon goût.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)