Cinema Paradiso********************Rear Window d'Alfred Hitchcock

Chaque mois, dans les 10 premiers jours, comme je le fais pour la musique (vers le milieu) et la littérature (vers la fin) je vous parle cinéma.

Mes trois passions sortent du jupon.

Je vous parle d'un film parce que j'en ai aimé tous les choix. Esthétique, musicaux, originaux, d'interprètes. Je vous en parle parce qu'il m'a séduit visuellement et stimulé tous les sens.

Un film peut vous habiter longtemps.

Celui-là, je l'ai vu au secondaire. Dans les années 80. Il avait déjà plus de 30 ans.
Je l'ai encore en tête pourtant.

REAR WINDOW d'ALFRED HITCHCOCK

1953-1954

Alfred Hitchcock tourne depuis 1945 plusieurs films aux États-Unis. Spellbound, Notorious, Rope, Under Capricorn, Stage Fright, Strangers on a Train. Il tourne même à Québec I Confess en 1952-53. Puis il tourne en couleur avec Grace Kelly un premier film.

Il est si excité par sa rencontre avec l'adorable blonde qu'il accepte de tourner très rapidement un scénario de John Micheal Hayes tiré de la nouvelle de Cornell Woolrich, "The Boy Cried Murder!" de 1942. Il fait construire, à Hollywood, une réplique parfaite de le cour arrière du 125 Christopher Street dans le Greenwich Village de New York. Avce eau courante et électricité pour les appartements.

Comme il a aussi accepté de tourner The Man Who Knew Too Much (aussi avec James Stewart) il est ravi de tourner sans trop de déplacement.

En effet, l'histoire raconte l'histoire de L.B.Jeffries "Jeff", photographe sportif, mais qui suite à un important accident de travail, est confiné à une chaise roulante, forcé de rester chez lui. Il développe l'habitude de scruter la cour arrière où il a vue sur ses voisins. Une thérapeute et une jolie copine (Kelly) viennent de temps à autres lui tenir compagnie. Peu à peu, convaincu qu'il a peut-être été témoin d'un meurtre, mesdames deviennent ses jambes pour accomplir quelques tâches d'investigation sur un potentiel voisin meurtrier.

Tourné entre novembre 1953 et février 1954, 8 appartements du décor de studio étaient complètement meublés et tout à fait habitables. L'actrice Georgine Darcy, qui incarne Miss Torso dans le film, y a d'ailleurs habité tout le tournage afin de s'imprégner complètement de son personnage. Hitch ne travaillait que dans l'appartement de Jeff, communiquant avec les acteurs d'en face, qui avaient tous des oreillettes pour suivre ses directions. Ce qui a donné une scène amusante restée au montage. Dans une scène où un couple se dispute un matelas dans un escalier près d'une fenêtre, Hitch donnait des conseils contraires à chacun, disant aux deux de tirer sur le matelas chacun de leur côté, ce qui les faisait se chicaner avec une certaine part de réalité. Quand l'un d'eux est tombé dans la fenêtre, en tirant, ça a ajouté un élément de comédie innatendu qu'Alfred a adoré.

Raymond Burr a été choisi parce qu'il ressemblait à David Selznick, un producteur qu'Hitch trouvait intrusif et pour lequel il était peu sympathique, malgré des films tournés pour lui.

Au moment du tournage, Hitchcock avait perdu 150 livres et était au meilleur de sa forme, se sentant très créatif (et de plus en plus obsédé par les belles blondes comme Kelly). La relation entre les personnages de Grace Kelly (absente de la nouvelle) et Jeff est inspirée de la liaison romantique entre Ingrid Bergman et le photographe Robert Capa.

Hitchcock y fait sa traditionnelle apparition comme horloger dans la cuisine du compositeur de musique.

La film traite de voyeurisme avec habileté puisque, comme spectateur, nous sommes dans l'exacte même position que L.B.Jeffries et vivons donc, les mêmes choses au même rythme que lui. C'est très efficace. Du début à la fin, nous sommes dans un wagon habilement conduit par le maître du suspense, dans un film qui n'a pas une minute de trop (112), et nous sentons nous-même que nous espionnons nos propres voisins. Médisance en veille, nous peinons à nous détacher de ses obsessions. Et la beauté divine et le charme de Grace Kelly sont sobrement chorégraphiés.

Bien que le film explore les noirs aspects du voyeurisme urbain, c'est plutôt en banlieue, où je dépéris vis depuis presque 15 ans, que je pratique malgré moi  j'observe ce type de voyeurisme pouvant devenir malsain.

Le film a beau avoir 63 ans, il est encore très 2018.

"We became a race of peeping Tom's" dit la thérapeute.
Encore trop vrai.