On aime beaucoup Netflix l'amoureuse et moi. Les enfants aussi.
L'amoureuse et moi sommes unis par la série télé Suits dont nous avons vu tous les épisodes disponibles. Si ce n'était d'elle, je n'aurais pas passé le troisième épisode. Les avocats, leur modus operandi, leur style, ne suscite que très peu d'admiration de ma part. De plus, aux États-Unis, les avocats n'ont pas le même statut qu'ici. Là-bas, ils sont tout simplement impliqués partout. Pas chez nous. On ne les fréquente qu'en dernier recours. Aux États-Unis, ils sont mieux perçus que les enseignants (vomir ici).
Je me suis vite aperçu que ce qui plaisait à l'amoureuse c'était Harvey Specter, qu'elle trouve beau, à qui elle me trouve des airs physiques (moi pas, mais bon, puisqu'elle le trouve beau...) et pour ses répliques faisant référence au cinéma qui, effectivement, pourraient exister parfois, sortis de ma bouche. Moi, au contraire, je me sens nettement plus proche du personnage de Mike Ross, un imposteur, à la mémoire phénoménale, joué par un acteur de source irlandaise, portant un nom irlandais à l'écran aussi, nettement plus humain que le froid Harvey. Nous avons écouté tous les épisodes et j'en ai surtout gardé quelques chansons que j'ai shazamé en cours de diffusion et qui sont maintenant sur mon Iphone. Il n'y a plus d'épisodes disponibles sur Netflix, mais je ne guette pas vraiment la suite.
Puis, je l'ai initiée à la série Love que mes amis me conseillaient vivement. Love raconte l'histoire d'une rencontre entre un cocu sympathique, enseignant (toute ma famille l'est), tuteur de jeunes acteurs sur les plateaux de tournage de Los Angeles (Je suis formé et ai travaillé en télé/cinéma) et d'une jeune femme un peu paumée, au caractère vif, easy go-lucky qui me ressemble davantage dans sa self-destruction. La série est principalement drôle. Mais cruelle aussi. Jusqu'à maintenant. Puisqu'on a vu que 8 épisodes sur 10. Je soupçonne l'amoureuse de ne pas aimer. Elle a dormi le dernier épisode et ne m'est pas revenue sur la série depuis trois semaines. Elle ne se reconnaît probablement pas dans ces personnages dont les traits sortent des cadres plus traditionnels.
On aime se reconnaître dans notre télé. Voilà pourquoi on a aimé Les Invincibles, Boomerang, Les Beaux Malaises, Hypno, Minuit, Le Soir en se reconnaissant pleinement dans les situations, dialogues, scènes. C'est aussi parce qu'on ne se reconnaît pas du tout que l'on évite l'émission de gags illustrée Dans Ma Tête, qui nous prend par la main pour nous faire comprendre des blagues et piétiner notre faible imagination, que l'on se sauve de TVA, que l'on fuit Salvail, Snyder ou McQuade.
C'est comme ça partout dans le monde. On aime ce en quoi on se reconnait.
(et pas juste en télé ou au ciné, je ne vous apprends rien j'espère)
On a perdu Nicole Leblanc cette semaine, une actrice qui a marqué le Québec en incarnant son personnage de Rose-Anna dans le téléroman Le Temps d'Une Paix de Pierre Gauvreau. Les gens l'ont adorée. Parce que toute une génération s'est reconnue en elle. Une autre génération découvrait un pan de société québécoise. C'était aussi, à la ville, une femme formidable. Une belle-soeur d'origine. Bien de chez nous.
Le Québécois consomme sa télé. Aime ses artistes.
Beaucoup.
Le CRTC a choisi de ne plus obliger les stations Séries +, Historia et VRAK, à diffuser du contenu francophone canadien original. J'ai travaillé dans la pauvreté extrême du milieu de la télé et du cinéma au Québec. Quand j'ai quitté le milieu, la norme était de faire des miracles. Une norme que j'ai étrangement retrouvée souvent dans d'autres milieux par la suite. La norme du miracle attendu est encore de mise sur les plateaux de tournage au Québec.
Je serais menteur de dire que je suivais beaucoup de contenu local sur Série + ou Historia. Mais VRAK, oui, avec mes ados. Et l'idée d'y trouver un autre Musique Plus doublé/sous-titré, mal foutu, est très certainement moins coûteuse, mais aussi nettement moins représentative de ce que nous sommes.
Qui ne devrait pas être ce qu'un certain Canada Conservateur veut nous faire croire au Québec.
Que nous sommes petits et pauvres.
On est peut-être petit.
Mais au niveau créatif, on ne sera jamais pauvre.
Parce qu'on faisait déjà des miracles.
Et qu'on fera maintenant de l'invraisemblable.
Parce qu'on se reconnait trop dans Netflix.
Et que l'argent domine les sens des diffuseurs.
Restons magiques. Envers et contre tous.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)