Mercredi dernier, pas hier l'autre, une massive manifestation féministe a paralysé les rues de Barcelone en Espagne.
En Amérique, le même jour, un déséquilibré tuait un soldat à Ottawa et tirait du fusil dans le parlement de la capitale canadienne. Cette seconde nouvelle allait écraser l'attention que l'on aurait pu porter à la première nouvelle.
Les manifestants espagnols ont bloqué le trafic, les accès au métro et le métro lui-même, peinturé des slogans féministes sur les murs de la ville et ont occupé les bureaux des gens d'importance politique et économique de Barcelone.
Dans les dernières années, les espagnols ont eu leur lot de mouvements de grève. Pratiquement tous reliés au travail. Jamais n'y avait-il eu de gestes réels de révolte sur la condition de la femme espagnole.
La maternité compulsive exigée par les hommes. la violence faite aux femmes, les réformes législatives qui soudent davantage les iniquités sociales dont les femmes sont déjà victimes au travail, les coupes dans les programmes sociaux dont la presque totale majorité des travailleurs sont des travailleuses, sont les griefs qu'exposaient en gros les manifestants.
Le même jour en Espagne, des étudiants allaient débuter une grève de trois jours afin de protester contre les coupures dans le milieu de l'éducation. Et ça, ça serait couvert par les médias. Des médias machistes de surcroît.
C'était plus de 600 groupes féministes différents qui étaient sur place.
600 groupes de plus d'une personne. ça fait beaucoup de monde déjà.
La crise économique est mondiale. Additionnée à la tension catalane, l'Espagne est une marmite qui menace toujours d'exploser. La crise de l'emploi est une tache dans la paysage espagnol. 50% des gens de moins de 25 sont sans emplois. Regardez autour de vous, il s'agit d'une personne sur deux. Vous imaginez un de vos amis sur deux qui soit sans emploi? La tension perpétuel que ça créerait?
L'Espagne est actuellement l'un des pays comptant le plus de diplômés universitaire, mais personne, une personne sur deux. ne réussit à décrocher un emploi. C'est une génération entière que l'on bâillonne. Ce rassemblement c'était pour faire entendre leurs voix. Même si personne dans le monde ne les écoutait.
À long terme, ces forces fraîches laissées dans les gradins auront un effet sur la productivité de certains domaines.
Je vous ai parlé des Catalans tout à l'heure. Ce sont les Québécois de l'Espagne. Ils veulent se séparer de l'Espagne depuis longtemps. Ils voteront sur le sujet le 9 novembre prochain. Ils prendront tous les désenchantés de l'Espagne sous leur aile si il le faut pour gagner leur cause. Ça créé des tensions. Le taureau rugit.
La Catalogne possède traditionnellement un important produit intérieur brut qu'elle a l'impression de dilapider aux Espagnols qui ne leur en sont pas reconnaissants.
Les femmes dans les rues de Barcelone y sont descendues car elles ressentent les contrecoups de tout ça. Elles se sentent prisonnières d'un système patriarcal qui les prend pour acquis. On pouvait lire "Muerte al Patriarcado, Huelga de Cuidados" sur les affiches dans la foule du mercredi 22 octobre dernier. "Mort au patriarcat, les aidantes naturelles sont en grève!" en serait la traduction libre.
Libre.
Un mot que les femmes espagnoles voudraient bien savourer.
Une dirigeante d'entreprise a rajouté de l'huile sur le feu quand elle a affirmé haut et fort qu'elle préférait engager des femmes de plus de 45 ans afin d'éviter les problèmes de congé de maternité.
En fin de journée, pendant que le Canada cherchait toujours un second tireur et que l'hélicoptère TVA faisait des rondes pour emmagasiner de l'image aérienne. c'était des milliers d'Espagnols qui meublaient les rues de Barcelone. Surtout des femmes, mais beaucoup d'hommes aussi. Et des gens de tout âge, pas juste des jeunes, disponibles parce que sans travail de toute façon. On pouvait encore lire "Stop Pujades" sur les murs, par référence aux augmentations de tarifs dans les moyens de transport, une colère qui ne dérougit pas au pays.
Plusieurs ont même souligné qu'il manquait des centaines de femmes sensibles à leur cause sur place, qui doivent composer avec deux ou trois jobs en même temps, des jobs humiliants et sous payés et probablement occupées à y bosser le jour de la manifestation.
Si l'Espagne ralentit à tous les niveaux, économique, politique, sociaux, la femme espagnole. victime collatérale de cette dégringolade sociétaire, est placée en mode survie.
C'était des milliers de têtes hors de l'eau qui voulaient éviter la noyade qui se pointaient dans les rues la avenida Meridiana, la Gran Via, la avenida Diagonal et El Paralel.
Ma cousine habite Barcelone, son mari, un espagnol, y enseigne.
Elle ne travaille pas.
Ils ont l'âge d'avoir des enfants.
Le même regroupement compte frapper un plus grand coup encore au printemps 2015 si la situation ne s'améliore pas.
Quand les gens auront le goût d'écouter.
Ce n'est pas une révolte prétendent-ils.
C'est du désespoir.
«Ce n'est pas une révolte prétendent-ils.
RépondreEffacerC'est du désespoir.«
Mais le désespoir mène à la révolte sinon c'est au suicide qu'il te conduit.
Je leur souhaite une belle grosse révolte, seul moyen d'après moi pour que leur situation change.
Et pour 2015 à leur prochaine manif, j'espère que nos médias traditionnels ne seront pas au courant qu'un chat c'est fait écraser au coin de la rue, seulement là on a peut-être des chances d'être informer du sort des femmes sur notre planète.
L'une des meilleures façons de contrer le suicide reste encore l'écoute :)
RépondreEffacerEn effet, écoutons leur révolte avant qu'elle se taise dans l'abîme noire du silence infini.
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