Elle allait ce vendredi à un party.
Elle avait acheté une nouvelle jupe rouge et elle attirerait définitivement l'attention quand elle l'enfilerait.
Sa mère, une femme ultra conservatrice et pro-vie, lui avait interdit de se rendre à ce party sous prétexte que c'était une soirée organisée par le diable.
Au Chérubin Protecteur... franchement.
Jess s'en moquait. Sa soirée allait se dérouler comme elle l'entendait et peut-être pour la première fois de sa vie, les interdictions de sa mère ne la contraindrait en rien.
Elle attendrait que celle-ci se couche (toujours de bonne heure) et elle se rendrait au Chérubin Protecteur de toute manière. Habillée de son kit rouge dévastateur.
Le Chérubin Protecteur était ce bar underground situé au coeur de Tantateurdezum, la région où habitait Jess. Elle s'y rendait rarement, mais ce vendredi là, elle voulait montrer ses jambes, affronter les regards mâles, se faire du bien.
Jess était en feu.
Le Chérubin Protecteur, vers 23 heures, débordait de mortels en train de danser sur des bons beats. Il y avait les traditionnels zombies accrochés au bar, tels des chauve-souris passives au plafond d'une grotte. Toujours les mêmes garçons, célibataires, non-danseurs. voyeurs plus qu'entremetteurs. Sur le plancher de danse, pour la plupart des filles. Elles étaient si présentes sur la petite piste de danse qu'on avait empilé toutes les sacoches en plein milieu et toutes les dames dansaient autour. Jess se joignit rapidement à eux.
Tout de suite, elle sentit l'impact qu'elle avait sur l'assemblée. Les gars la remarquèrent et la reluquèrent sans relâche. Certains trouvèrent même, en la regardant, l'élan qui manquait pour se découvrir une envie de danser.
Les autres filles ne pouvaient pas l'admirer. Jess était une rivale. Elle générait l'attention que les autres filles convoitaient aussi. Elle n'était pas une régulière du Chérubin, la nouvelle écoeurait la cour des veuves de l'amour.
Mais il fallait bien qu'elles se l'avouent entre elles, Jess avait du charme. Elle dégageait ce je-ne-sais quoi qui la plaçait au-dessus de la mêlée. Même les morceaux jugés indansables par les autres, elle les rendaient mémorables grâce à une série de mouvements bien agencés mêlant élégance, sensualité et style. Jess était une star et le savait depuis qu'elle avait essayé cette robe rouge en boutique.
Parmi les ombres, un mâle se distinguait des autres. Un grand garçon qui, simplement par sa taille et ses longs cheveux en imposait. Il avait les cheveux très noirs, presque bleutés. Il était aussi tout vêtu de noir, ce qui donnait alors une silhouette plus svelte. Il s'appelait Yannick Sath mais n'aurait jamais à le dire à Jess puisqu'il était un homme de regard plus que de mots.
Et c'est par le regard que Jess et Yan se rencontreraient d'abord.
Tout le monde les regardait tous les deux, mais Jess et Yan s'étaient vus.
Jess dansait en se confirmant qu'elle avait bien dans l'idée que rencontrer un beau mâle pourrait tomber dans l'ordre des choses. C'était dans les possibilités de sa soirée. Jess s'en trouvait intérieurement excitée. Elle dansait sur l'envie de ces probabilités. Comment allait se terminer sa soirée? OÙ allait se terminer sa soirée? Et dans quel état?
Yan alla la rejoindre sur la piste de danse et les deux dansèrent ensemble.
À elle seule, elle dégageait déjà beaucoup, mais avec Yan, le charisme faisait exploser le thermomètre. Bien vite, les filles aux sacoches se tasseraient tout naturellement pour leur céder la piste de danse à eux seuls.
Ils étaient le show.
La sensualité avait atteint de nouveaux niveaux.
Il faisait chaud.
Dans leur chorégraphie inspirée et guidée par l'amalgame des éclats des testostérone et de phéromones phénoménales, leur réinvention du flamenco attirait maintenant tous les regards.
Jess elle-même ne lâchait plus son partenaire du regard et les orbites pâles des yeux de Yan plongeaient dans ses yeux à elle, étoilés.
Elle ne voyait plus sa rétine.
Jess baissa le regard sur ses propres jambes afin de voir si elle était toujours bien armée pour le charmer. Elle découvrit, au terme de sa propre cheville à elle...un sabot de chèvre... son autre pied, même chose...elle leva la tête, affolée, sur son cavalier. Ses cheveux longs s'étaient transformés en barbe lui montant presqu'aux joues. En baissant les yeux sur ses jambes à lui, elle découvrit deux cuisses poilues de sanglier...et derrière une pointe de queue...fléchée...
Il y avait le feu dans la maisonnée.
Hell of a soirée.
Jess en resterait toute excitée.
Pour l'éternité.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)