Son grand-père paternel travaille dans la High Sierra dans la scierie familliale, tandis que son grand-père du côté maternel est juge de la cour suprême, membre du congrès de Fresno en Californie mais surtout propriétaire d'un ranch de bétail. Ce grand-père a une grande influence sur Peckinpah au point qu'il manque régulièrement l'école afin de s'adonner à des activités de cowboys avec son frère sur le ranch. Fin observateur, il étudie beaucoup les gens et ceci lui servira beaucoup plus tard. Très tôt, il observe une dualité entre le traditionnel far-west et la modernité.
Traumatisé , il est de retour aux États-Unis et fréquente l'université pour y suivre des cours d'histoire mais y rencontre surtout une enseignante d'arts dramatique qu'il mariera à 22 ans. Elle lui fait découvrir non seulement l'amour mais les arts de la scène aussi. Peckinpah est le metteur en scène d'une version de La Ménagerie de Verre de Tenessee Williams à sa dernière année d'Université. Il fera d'autres études en arts dramatiques tout en travaillant comme metteur en scène pour le théâtre parrallèllement. De nature très combative, il intimide les gens autour mais il inspire aussi confiance à ses employeurs. La télé le recrute et bientôt il est machiniste sur les plateaux. Il est renvoyé du Liberace Show quand il refuse de porter une cravate et pour attitude agressive en général.
À 29 ans, il est engagé comme dialoguiste pour Don Siegel sur le tournage du film Riot in Cell Block 11. Le tournage a lieu dans la prison de Folsom et son directeur ne veut pas que l'équipe de Siegel y tourne. Peckinpah gagne en valeur quand, grâce au fait que le directeur connaisse très bien son grand-père, juge et membre du congrès, il leur accorde finalement la permission de tourner. Peckinpah est marqué encore une fois par son expérience avec les prisonniers de l'endroit. Ses personnages seront presque toujours des solitaires ou des perdants qui ont envie d'être honorables mais qui font souvent les mauvaix choix afin de simplement survivre dans un monde nihiliste et brutal.
Il sera dialoguiste pour les 4 films suivants de Siegel, dont un classique de science-fiction. En parrallèle, il se développe une plume aussi et écrit pour la télévision avec succès des épisodes de la série-culte Gunsmoke. Il écrit pour d'autres séries télé, pratiquement toutes des histoires de cowboys. Il fait ses armes comme réalisateur jusqu'en 1961 pour son premier effort derrière la caméra pour un long -métrage. Incapable de retoucher le scénario ou d'avoir un oeil sur le montage, il se promet de ne plus jamais tourner sans ce contrôle la prochaine fois. Il divorce sa femme pour marier une actrice mexicaine. Bien que leur couple est tout ce qu'il y a de plus colérique, (ils se marieront/sépareront 3 fois), ils auront une fille et le Mexique deviendra à partir de maintenant un lieu sentimental, un halo de bonheur voire un oasis romantique, dans ses films. 4 de ses films y seront entièrement tournés et dans The Getaway, Steve McQueen et Ali McGraw (Kim Basinger et Alec Baldwin des années plus tard) y trouveront amoureusement refuge.
Il tourne son second film avec Joel McCrea et Randolph Scott dont ce sera le dernier film pour les deux mythiques acteurs.
Major Dundee est un flop majeur malgré les présences de Charlton Heston et James Coburn. Peckinpah, qui avait d'abord monté une copie de 4h38 est à blâmer.
Sa carrière qui commence est déjà précédée de la réputation d'un emmerdeur. Il doit réaliser The Cincinnati Kid mais, suite à des démêlés avec les producteurs, il est remplacé par Norman Jewison après seulement quelques jours de tournage.
Il se tourne vers la télé où il obtient un énorme succès avec un western pour la télé, Noon Wine, mettant en vedette Jason Robards et Olivia De Havilland. Il sera même honoré pour la qualité de l'adaptation du roman de Katherine Anne Porter et par la Guilde des Réalisateurs d'Amérique.
L'étoile de Peckinpah brillait à nouveau. Le scénario le plus hot à Hollywood étant Butch Cassidy & The Sundance Kid, afin de battre un studio concurrent qui a obtenu ce script, on demande à Peckinpah de réécrire The Wild Bunch. Inspiré par la violence dans Bonnie & Clyde la même année, il écrit son western en y plaçant de la violence digne de celle perpétrée au Vietnam au même moment. Le film, bien que jugé outrageusement violent, est un immense succès commercial et critique et vaut à Peckinpah sa seule nomination aux Oscars (pour le meilleur scénario).
Déjouant les attentes, Peckinpah tourne une comédie western l'année suivante. Le tournage est un telle catastrophe, Peckinpah étant plus saoûl et colérique que jamais, son contrat avec Warner Brothers est aussitôt résilié. Dommage, car on réservait les films Deliverance et Jeremiah Johnson pour lui.
Sur la liste noire à Hollywood, c'est donc en Angleterre qu'il tourne son film le plus sombre et le plus psychologiquement torturé. Straw Dogs,* qui semble inspiré de la mort de Brian Jones présente une scène de viol insoutenable dont on l'accuse d'avoir savouré chaque plan. Le film est banni plusieurs années en Angleterre, ce qui lui donne le statut de film culte aujourd'hui.
Ayant rencontré une femme en Angleterre sur le tournage de Straw Dogs, il la marie au Mexique mais après 4 mois de mariage elle se sauve en Angleterre et le divorce, car Sam est plus violent que jamais, l'agresse et boit sans arrêt. Un personnage qui tire au fusil dans un miroir est une image récurrente dans ses films, il s'agit en fait d'une tendance privée aussi.
Le tournage de Pat Garrett & Billy The Kid est une horreur avec d'innombrables difficultés techniques. Le film coûte 1,6 millions plus cher que prévu et le producteur¸ en colère, fera le montage final. Une catastrophe. Peckinpah pisse sur l'écran à la première. Ce n'est qu'en 1988 que la version originale est mise sur le marché et le film, malgré un Bob Dylan un peu égaré mais intéressant tout de même, est aujourd'hui considéré, à juste titre comme l'un de ses meilleurs.
Le film suivant sera largement incompris mais tracera la route au road movies de David Lynch et de Tarantino plus tard.
Le film d'après le rend dépendant à la cocaïne (merci James Caan) . Peckinpah ne tourne plus sobre.
Il refuse les tournages de King Kong** et de Superman*** pour tourner un drame de guerre. Le film bien que brillant, est étouffé par la sortie d'un film spatial qui fera école.
Le film suivant, avec une production si chaotique que c'est son ami James Coburn qui le termine, sera son plus gros succès à vie (46,5 millions) mais sa réputation de brute alcoolique et cocaïnomane le laisse sans emploi.
C'est Don Siegel, qui lui avait donné sa première chance qui le fera travailler comme assistant-réalisateur sur une comédie à l'été 1981.
On lui offre le scénario de The Osterman Weekend en 1982, un script que Peckinpah déteste mais il apprécie le fait que Dennis Hopper, Burt Lancaster et John Hurt ont accepté une diminution de salaire, simplement pour pouvoir travailler avec lui. Le résultat au final est un échec commercial et critique.
Il tourne deux clips pour Julian Lennon avant que son coeur n'éclate quatre jours avant l'an 1985. Il avait 59 ans.
Bien qu'extrêmement dur, difficile et parfois invivable, Peckinpah était d'une fidélité exemplaire à l'égard de la plupart des membres de ses équipes de tournage, retrouvant sa petite famille de comédiens à plusieurs reprises: Warren Oates, LQ Jones, RG Armstrong, James Coburn, Ben Johnson ou Kris Kristofferson.
Si il n'avait pas brûé la chandelle par les deux bouts, cet animal au talent largement sous-estimé, aurait eu 88 ans aujourd'hui.
*Lâchement refait en 2011 lui aussi.
** Qui était une refonte et qui sera plus tard aussi re-refait
***Refait en 2006
****Refait en 2011
Bientôt on aura complètement effacé Sam Peckinpah et le métier de scénariste sera officiellement déclaré maladie à Hollywood.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)