Je l'avoue j'ai eu hier un brin de sympathie pour Daniel Breton.
Je les connais ces gens-là.
Enfant, on les voit tout rouge d'intensité mal calibrée sur le terrain de soccer. Ils poussent l'adversaire avec leurs mains et crient après l'arbitre pour rien. Ils pleurent si ils ne gagnent pas, ragent si ils se font compter des buts et ne sourient jamais autant qu'ils froncent les sourcils. Ils veulent gagner à tout prix alors que les camarades sont plutôt concentrés à s'amuser entre eux, à arracher de l'herbe ou à se donner des bines pour rigoler sur le banc.
On les connait extrêmes parce qu'ils ont connu l'autre extrême. La défaite, la pauvreté, l'humiliation qui accompagne tout ça. Des fonds qu'ils ne veulent plus visiter et que seule leur extrême intensité, bouclier sentimental, saura peut-être bloquer.
HéHo! ça roulait à 212 km/h en se faisant fermer des rues juste pour eux et tu veux nous faire verser une larme Jones?
Pas du schtroumpf.
Je n'excuse en rien Daniel Breton, il a fraudé, il a triché, il a semé ce qu'il a récolté. Je ne fais que mettre en lumière le masque d'homme un peu rond qui colle à son visage avec le temps. Cet homme aurait pu être mon père -qui n'était surtout pas un tricheur toutefois- , plus Amnor que Sillery, plus bulldog que chat persan, plus Hell's que joggeur, plus football ou hockey que golf ou finesse. Et pourtant mon père aura été tout ça. Souvent en même temps et au même moment. Le jour de son décès il avait joué au volleyball en après-midi puis au hockey deux heures après. Il est décédé, un patin dans chaque pied.
Plus intense que douceur.
Je connais cette accumulation infreinable qui fait foncer sans voir le mur.
Je n'ai aucune difficulté à imaginer Daniel Breton, enfin roi, enfin en train de séjourner chez les "nantis", entrer comme un rottweiler dans une maison de chat quand il est allé voir les gens du BAPE.
Vous connaissez les histoires d'horreur qu'on entend au football des États-Unis. Des gars qui n'ont jamais eu d'argent de leur vie et qui soudainement pourraient acheter l'État dont il sont issus. Vous savez pourquoi ça vire à l'horreur? Parce qu'on leur a donné un pouvoir soudain qu'ils n'avaient jamais eu. Et là c'est trop de bonbons pour un même garçon, il s'étouffe avec. Il est multimillionnaire et soudainement il fait un vol à main armé, précédé d'une entrée par effraction.
Mais pourquoi? il avait tant d'argent! il n'avait pas besoin de ça!
Il avait aussi les mêmes réfléxes d'antan. Il avait tant mal décidé dans la vie qu'il ne savait trop comment s'y prendre une fois en position de force.
Daniel Breton l'a dit, profondément ému, et il l'a dit avec des mots de la rue.
"Je le sais c'est quoi perdre son emploi, je le sais c'est quoi perdre son apart., je le sais c'est quoi ne pas être certain d'avoir un plat su'à table en soirée".
Ça ressemblait à un discours de travailleur social. Mais c'était le ministre de l'environnement.
Perde son apart... qu'il a dit.
Ça a sonné comme un point d'orgue dans sa très très courte allocution de départ. Aussi courte que son séjour comme ministre (deux mois). Il n'a pas perdu de maison, une maison c'était comme son poste de ministre: plus grand que lui. Il a perdu son apart. Plus petit assurèment. Un apart qu'on a fui pour ne pas le payer pendant 13 mois. Un mot, appartement, qu'on a appris à simplifier par économie. On ne vivait que d'économie. Sauf en énergie. Là on avait de l'excès. L'énergie d'un joueur de football. Mais on ne peut pas être plus grand que nos 5 pieds 10 quand on mesure 5 pieds 10. Et Daniel était ce joueur qui garde des réflexes d'antan...
Le gars était une cible facile pour l'adversaire. Ça lui sortait de partout. Vous l'avez vu japper quand on a parlé de faire dévier des tuyaux de bitumineries par ici. Waf!Waf!Waf! Et c'est con parce qu'il avait en gros assez raison. Mais comme les propos venaient du gars qui fait du bruit avec sa paille quand il boit sa sloche, ça faisait rond un peu. Encore. Puis le trésor...
Tout ce passé qu'on ne peut jamais complètement effacer. Les fraudes. Les mauvais réflexes. L'absence de freins.
Il n'y avait pas que sur les circuits fermés que ça roulait à 255 km/h. Dans toutes les fibres de son être aussi.
Daniel n'avait pas de frein. C'est vers un nouveau mur qu'il fonçait. C'est de là qu'il nous parlait hier.
De son mur des lamentations.
La face crapou dans le dash.
C'est ça qui m'a touché.
Foncer comme ça à l'aveugle, c'est moche mais je connais.
Je voyais le bouclier sentimental dans le trémolo de la voix du rottweiler la queue entre les jambes.
Senti,
mental.
Pour une peut-être trop rare fois, il a pris hier la bonne décision.
Je te trouve très sévère mon cher ce matin!
RépondreEffacerÀ ne vouloir que des êtres sans tache et sans reproche, nous allons nous retrouver qu'avec des émules Stephen Harper en politique. Ouache!
Je l'aimais bien moi Breton, dans son rôle de chien de garde de notre environnement, je le trouvais rafraîchissant et bon il n'a tué personne, n'a pas distribué d'enveloppes brunes, il croyait à une cause.
Il travaillait pour autre chose que sa poche, lui, et je préfère ça aux pourris qui cautionnent la mafia, qui se laissent draguer par des tueurs par procuration.
Breton paie très cher une erreur de Marois, elle aurait pus lui conseiller de payer ses dettes et de faire des confessions publiques, elle a joué fessier, encore. Triste.
... je ne le condamne pas, je l'explique.
RépondreEffacerJ'explique ses manières de bull-in-a-china-shop.
Je ne mets pas en doute non plus qu'il croyait en ce qu'il faisait.
Marois a érré c'est certain. Daniel a foncé c'est aussi sur.
Dans le mur.
Je vous trouve sévère envers ma supposée sévérité...
Sans doute une mauvaise perception de ma part. Je suis désolée, loin de moi l'idée de vous juger sévèrement.
RépondreEffacerC'est plutôt cette manière faire de la politique qui me fâche, pas vous mon cher, pas vous.
Mais je te confesse que j'ai l'épiderme sensible ces jours-ci, les vrais bandits s'en sortent trop bien.
Bonne journée et mes excuses encore.
Allons! pas d'excuses à faire ici très chère, je me relis et je le juge un peu c'est vrai.
RépondreEffacerDehors Novembre, difficile pour tous depuis quelques temps.
Partout où je vais je le sens.
Good day :)
Un petit clair-obscur à notre tableau, ça met les choses en perspective! :)
RépondreEffacerTu tiens tellement souvent le fanal dans mon obscurité!
Bonne journée à toi aussi.