samedi 12 octobre 2024

Fighting Irish

Quand on entend le nom The Fighting Irish, on pense aussitôt à l'Université Notre Dame et à son programme de football. Ce que peu savent est que quelques centaines d'étudiants se sont battus avec dignité avant que ce nom ne colle aux équipes sportives de l'endroit, en Indiana. 

Il y a 100 ans, cette année, les Fighting Irish (alors Ramblers) ont probablement gagné leur meilleur match à vie. De manière historique. Et ça ne se passait même pas sur le terrain de football. En 1924, le racisme est beaucoup moins décomplexé que de nos jours. Le Ku Klux Klan a des bureaux connus et n'est généralement pas préoccupé par quiconque. Mais en trois jours de révolte, ils auront leur leçon. Au nom de la religion (hélas) de la dignité humaine (au moins) et de l'idée de rejeter tout concept de haine entre frères, entre le 17 et le 19 mai, on allait dompter le mépris. 

Le Klan planifiait une parade et un rassemblement afin d'exhiber la "supériorité blanche" et marquer sa présence dans les esprits autour. Quand les étudiants de l'Université Notre Dame ont eu vent de leur projet, ils ont fait le leur. Même si leur directeur d'école, l'irlandais Révérend Matthew Walsh, les avait pressé de faire une résolution pacifique, on allait créer un certain chaos dans les rues de South Bend. 

Entre autour de 500 élèves ont surnombré les membres du Klan, leur arrachant ce qui leur servait de capuche empêchant de les identifier,  et en les pourchassant dans les rues. On leur a déchiré leurs toges et sans caméras pour filmer quoi que ce soit, on a usé de bien des violences. On a brisé les vitres de leur bureaux avec des patates et on a saccagé l'intérieur dans le but d'en faire un endroit infréquentable. On a détruit une croix illuminée les annonçant dans la nuit. On a tiré les meubles du troisième étage de leurs bureaux. 

Pendant trois jours. Assurément alliée, la police n'est jamais intervenue.

Les étudiants étaient de toutes les nationalités. Principalement d'origine irlandaise. ils étaient enfants de cols bleus, et non gosses de riches. C'était souvent les premiers enfants à aller plus loin que l'école secondaire dans leurs familles respectives. Ils ne se battaient pas pour eux, mais pour ce en quoi ils croyaient: le respect pour tous. 

Le Ku Klux Klan avait plus ou moins disparu eu début du siècle, mais presque 25 ans plus tard, avait une certaine renaissance. Et en réponse à l'émancipation saine d'une frange de la population noire, aux États-Unis, le Klan grondait ici et là. Et d'étranges fruits pendaient aux arbres certaines nuits. Sans explications. On pouvait même placer les Catholiques et les Juifs sur la liste des indésirables dans certains milieux. Avec les immigrants arrivant de plus en plus du Sud ou de l'Est de L'Europe, la racisme était nourri. On entendait alors le même type de rhétorique que de nos jours: "Speak american if you want to fit in". Alors que TOUS les Américains, paroles d'autochtone, sont immigrants. 

Je suis autochtone (Atikemekw). Mais suis aussi irlandais de par mon père et du sien et surtout en raison de l'arrière grand-père de mon père. Médecin de Grosse -Isle. Qui a épousé ici. Une infirmière francophone. Suis donc aussi graine d'immigrant.

Le gouverneur de l'Indiana d'alors. Edward L. Jackson, était lui-même membre du Klan. Mais après le fracas de ses trois jours de violence, le vent a quelque peu tourné. La résistance est devenue publique. Et après avoir identifié bien des gens, dont le gouverneur Jackson, on était ouvertement hostile à leur vue. On leur rendait la vie impossible. D.C. Stephenson, un de leur important leader a été trouvé coupable de viol et de meurtre d'une jeune fille, travailleuse de l'État, qu'il a kidnappé et torturé. Il a servi 31 ans en prison mais la réputation du Klan se salissait davantage. La corruption étant devenue si malsaine, et publique, les membres du Klan ont commencé à quitter les rangs. À dénoncer aussi de l'intérieur. 

Le tumulte a été si important dans la région qu'on a parlé des Fighting Irish et c'était la plus grande des fierté. D'avoir anéanti le Klan. 

Trois ans plus tard, le terme était si héroïque dans l'esprit collectif que le Révérend Matthew Walsh a accepter de changer le nom des Ramblers à celui des Fighting Irish pour les clubs sportifs de leur Université. 

Un club qui compterait par la suite de nombreux héros noirs. 

Dont Condoleezza Rice, Sunny Hostin, Monty Williams, Jaylon Smith, Chase Claypool, Jerian Grant, Adrian Dantley, Skylar Diggins-Smith, Alan Page, Nikole Hannah-Jones, Austin Carr et tant d'autres. 

Il y a 100 ans, une certaine dignité naissait d'irlando-Étatsuniens, et de sains humains. 

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)