À La Recherche du Temps Perdu************************20 000 Lieues Sous Les Mers de Jules Verne

Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une des mes trois immenses passions: la littérature!¸

Lire c'est choisir d'habiter un(e) autre. C'est explorer l'univers d'autrui. C'est s'ouvrir sur un nouveau monde, un nouveau modèle de pensées, de réflexion, c'est s'humaniser de l'intérieur. C'est voyager à très peu de frais. Ça, beaucoup ça me plait. C'est accepter de nouvelles idées, confronter certains corridors mentaux, c'est découvrir de nouvelles visions, apprendre. C'est comprendre et voir autrement. C'est s'ouvrir les sens. C'est accepter de respirer sur le rythme de quelqu'un d'autre. 

Et respirer, c'est vivre. 

20 000 LIEUES SOUS LES MERS de JULES VERNE.

Non, il ne s'agit pas d'un ancien orthographe ou d'une faute, lieue: est une longueur marine, oui, anciennement utilisée. 

L'action se déroule en 1866, où une bête monstrueuse menace les mers du monde et le professeur Aronnax est chargé de monter une équipe de trois (s'incluant), dont son fidèle domestique flamand appelé Conseil et un Québécois (oui, oui, un an avant le Canada d'Amérique), Ned Land. On pense d'abord à un titanesque narval. Mais on découvrira, à bord du navire Abraham Lincoln, plutôt un sous-marin. Où s'y trouve le capitaine Nemo, déconnecté de la surface terrestre, qui s'y trappe depuis quelques années, ermite, et garde les 3 explorateurs en otages. Qu'est-ce qui a fait quitter le monde terrestre au capitaine Nemo ? Sommes nous toujours dans une épopée scientifique ou une randonnée sous marine prisonnière ? Le Nautilus de Nemo est un sous marin nettement en avance sur son époque. La fine pointe de la technologie. 

Verne, qui avait connu un grand succès avec Voyage Au Centre de la Terre et Cinq Semaines en Ballon. En correspondant avec George Sand, qui avait adoré ces deux livres, celle-ci lui suggère de mettre un terme à sa peine d'avoir fini deux livres qu'elle avait trouvé délicieux en écrivant cette fois une histoire d'aventure sous marine comme Moby Dick de Melville avait été aussi, un grand succès, quelques 14 ans avant. Suivant le conseil de la romancière, Verne commence ce qui s'appelle alors Voyage Sous Les Eaux, à l'été 1865. Il prend la relève de Théophile Lavallée qui décède avant la fin de sa rédaction de La Géographie Illustrée de la France et de ses Colonies pour se faire un peu d'argent et gagner du temps pour écrire ce qui sera un de ses meilleurs romans. Encore de nos jours un des 10 livres les plus traduits dans le monde. 

L'éditeur trouve que c'est un peu court. Verne livrera tout de même 446 pages. Le technologie d'alors étant devenu parfois risible de nos jours, plusieurs éditions ont largement coupé dans les détails techniques scientifiques qui n'étaient plus d'appoint. Offrant de nos jours des version écourtée de parfois tout juste plus de 250 pages. Une lecture qui peut alors se faire assez vite. 

D'abord publié dans les magazines comme c'était alors la tendance au 19e siècle, les aventures passant de l'Océan Pacifique à l'Océan Indien, ainsi que par la Méditerranée, l'Atlantique, l'Arctique et l'Antarctique, ne pouvait que charmer le globe entier. 

Le Capitaine Nemo est un des premiers Elon Musk supervilains, parfaitement déconnecté des réalités de l'époque tout en baignant dans ce qu'il y a de plus moderne. Homme de 20 000 contradictions, c'est un personnage si fascinant que le cinéma a adapté à plusieurs reprises le roman de Verne. Y ajoutant quelques fois une femme ou deux, ce qui est absent du livre. On y trouve aussi de l'humanité dans la famille manquant aux gens en mission. Nemo, de par son nom simplement, est une relative énigme. Il a des commentaires politiques sur les Hommes en général qu'il trouve aussi sauvages que les tribus non civilisées, et qui les attaquent. Il est aussi parfois héros sauvant le vie de gens aux prises avec un requin. En commentant les opprimé(e) de la terre et plus on avance dans leurs aventures, plus il s'humanise. Il transforme ce qui semble d'abord une égoïste envie de s'isoler des habitants de la terre, à une vue de ce  monde parfois fort éclairée. 

Une suite à ce chef d'oeuvre, L'Île Mystérieuse, sera aussi écrite presque 10 ans plus tard, révélant que Nemo était d'origine Indienne, ce qui n'est aucunement révélé ici, mais qui fait de lui, avec les propos tenus dans ce livre, un roman anti-impérialiste. Et rend la lecture encore plus captivante quand on le sait. Et certains réflexes, plus justifiés. 

Pour les claustrophobes terrorisés par la mer et l'idée d'habiter dans une boîte de métal au fond de l'eau, Verne rend l'expérience très intéressante. Plaisante. 

L'eau, comme toujours, servant de métaphore de la liberté à conquérir. 

Graal du Capitaine Nemo.  Personnage aussi charmant qu'hantant.

Fuyant ce qu'il considère comme du déséquilibre.

20 000 lieues au fond de l'eau. 

Je trouvais que l'eau nous parlait beaucoup depuis deux semaines, Montréalais...

 (Verne ne connais rien aux Québécois, Land est caricatural, bourru, capricieux alimentaire, notamment des fruits de la mer, Normal, il s'appelle Land ! Un nom de famille pas Québécois du tout.)