dimanche 4 février 2024

1972

Micheal Caine se faisait interviewer sur la télévision française et on lui posait la question sur les années 60 qu'il avait connues. Caine offrait son oeil pensif glissant vers la mémoire et qui la ramenait dans cette décennie qui avait fait de lui et de son cercle d'amis comprenant Terence Stamp, Vidal Sassoon et Harold Pinter des stars nouvellement catapultées très publiquement dans la stratosphère sociale dans leur champs de compétence respectif. Il y avait une fenêtre d'opportunités alors qui n'existait plus tellement par la suite, ou du moins, différemment. Il disait en quelque sorte qu'il était au bon endroit au bon moment.

Il expliquait le succès, en général. Une question d'astres alignées par une série de hasards, de coïncidences, de charme et de talent, bien entendu. Les grands chefs cuisinier savent que le dosage et la chance y sont souvent pour beaucoup. 

 En 1972, Caine allait jouer dans un de ses meilleurs films à vie, avec Sir Laurence Olivier, sous la direction de Joseph L.Mankiewicz. Nick Kent, journaliste musical, en Angleterre allait débuter sa carrière au New Musical Express, couvrant Benny Hill qui détenait la chanson #1 au pays. Il ferait bientôt la rencontre d'une égaré Étatsunienne cherchant sa place dans le monde de la musique du nom de Chrissie Hynde. Ils seraient un couple, un temps. Il finissait sa première journée de travail dans une chambre d'hôtel avec Led Zeppelin et leur dangereux entourage. Le band qui me ferait plonger dans l'univers musical vers mes 12 ans. Et changerait ma vie.

À cet âge, je découvrais une pièce chez mon voisin d'en face où le père d'un des mes amis, un des rares gars de la rue qui ne comprenait que des filles de mon âge, où étaient soigneusement enlignés des centaines et des centaines de 33 tours qu'il collectionnait, classés en ordre alphabétique d'artistes. Il achetait tout ce qu'il aimait tous les mardis, jour de nouveautés. Impulsivement. Tout aussi impulsivement, je lui emprunterais chaque samedi matin, dans l'ordre alphabétique tout ce qui allait piquer ma curiosité, enregistrerait sur cassette ce qui me plait, et lui ramènerait le tout en fin de samedi pour en reprendre d'autre que je lui ramènerais le dimanche. Mon père serait jaloux de cette passion musicale qu'il n'arriverait pas à comprendre. 

Nous habitions la maison en haut de la pente douce. Le 902 Chemin St-Louis, qui était aussi le 1200 Belvédère puisque nous faisions le coin des deux rues. Au bas de cette pente douce se trouve la station de radio du FM 93. Qui était la radio #1 dans la région. Une autre source de découverte musicale. La première en fait. 

Un soir de l'émission "L'Intégrale", animée par un jeune Mike Gauthier, à qui j'aimerais y en parler un jour, émission qui ne faisait que diffuser en entier un album au complet, intégralement, jugé incontournable. Ce soir là, un lundi soir, il me semble, mais je ne suis pas certain, le ciel s'est ouvert pour moi. Je me revois descendre le sous-sol, qui était mon royaume où j'y avait ma chambre et où se trouvait le système de son, où jouait le FM 93 depuis un certain temps, sans que je ne l'écoute. Pour personne en particulier. Je me revois descendre les marches passant le mur en tapis au moment même où commençait alors When The Levee Breaks de Led Zeppelin. J'était hypnotisé par ce riff et resterais hanté de musique pour la vie. La chanson serait suivie de Stairway to Heaven, que je découvrais, nous étions en 1984, et qui me plaçait dans un univers qui me ferait passer par toutes sortes de planète pour le restant de mes jours. Ce moment est un point tournant dans ma jeune vie de 52 ans.

La musique accompagne facilement 75% de mes journées de nos jours. Au travail, presque 90% par moments. 

Ce moment de 1984 est un exemple criant d'avoir été au bon endroit, au bon moment, pour déterminer la personne que je suis aujourd'hui. J'étais éponge qui demandait à recevoir quelque chose, le riff de Jimmy Page, les disques du père de mon voisin d'en face, allaient cimenter des airs en moi pour toujours. Des tons. Des univers. 

Je serai piètre musicien moi-même, par manque de rigueur au travail sur les instruments., mais trouverai des alter ego en David Bowie, Dylan, Iggy Pop, U2, Robert Smith, Johnny Marr, Mick Jones & Joe Strummer, Mick, Brian & Keith. Aurait comme père un croisement de Frank Sinatra et John Lennon. Sentimentalement.

Martin Scorcese allait lancer son excellent film Mean Streets et son ami Françis Ford Coppola, un des films les plus marquant de l'histoire des États-Unis, The Godfather.  David Bowie deviendrait Ziggy dans la semaine où je naîtrai. Lou Reed accepterait à contre coeur que le tandem Bowie/Ronson le fasse renaître en solo, post-Velvet Underground. Patti Smith réciterait ses première poésies dans un micro, sur une scène, devant public. Roxy Music ferait un premier album parfait. Les Rolling Stones, après deux ans sans Beatles ensemble, seraient au sommet du monde rock. Avec maintenant Led Zeppelin à leurs côtés. Qui m'avaient aussi fait naître en quelque sorte, en 1984. 

Hunter S.Thompson venait de lancer son récit Fear & Loathing in Las Vegas que mes parents avaient aimé lire et ils avaient choisis de me donner son prénom. 13 mois plus tard, fans de Donovan, mais comprenant mal son anglais dans une ère sans ressources internet, ils comprenaient Janiper Juniper dans cette chanson où Donovan chantait aussi en français. Ma soeur serait baptisée à son tour ainsi en mars 1973. Nous l'appellerons toujours J.J. Elle a les plus belles de nos initiales avec trois J qu'elle dessine d'une main habile.

Quand le Canada gagnera la série du siècle, en septembre 1972, mon père, alors enseignant au CEGEP de Victoriaville et entraineur des Vulkins au football et au hockey, si passionné qu'il en peinturera sa voiture coccinelle orange et mauve, aux couleurs des Vulkins, trainait apparemment une petite télé noir et blanc pour suivre les match en direct de l'URSS d'une main et moi dans un banc de bébé, dans l'autre.

Un artiste celui-là. 

Il y a 52 ans, il y avait aujourd'hui tempête de neige qui allait paralyser une large partie de la province de Québec.

De Victoriaville, je poussais mon premier cri. De l'hopital d'Arthabaska en fait. Victo n'en a pas.

Aujourd'hui, on agrandit la famille de deux bébés chatons. N'oubliant jamais Spooky

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)