Bob Dylan et Quentin Tarantino ont écrit à peu près le même livre.
Deux livres que je vais m'acheter avant même que le père noël ne passe. Il y a quelques semaines, Dylan a lancé The Philosophy of Modern Song et Tarantino, Cinema Speculation. Deux livres qui ne sont pas de la fiction. Deux essais qui sont aussi de passionnés flux de pensées autour de 65 chansons qui ont marqué le premier et 13 films entre 1968 et 1981 qui ont marqué Little Q watching big movies (entre ses 5 et 18 ans).
Regards personnels, voir mythiques, éléments fondateurs de leurs moteurs de créations respectifs, moi qui ait beaucoup aimé les deux, c'est un maudit beau cadeau que je vais m'offrir avant le 25 du mois. Lorsque lu en parallèle, ça doit être une maudite belle conversation qui nous nait en tête. Tous deux fort inspirés par toute une série de Faces B et de films de séries B, on ne parlera probablement pas de The Twist de Chubby Checker ou de Citizen Kane, mais plutôt de On The Road Again de Willie Nelson ou de la cinématographie d'Andrew Laszlo dans The Funhouse.Ni Dylan, ni Tarantino ne sont critiques. Ils sont d'abord et avant tout fans et lourds consommateurs de leur art. Les deux sont aussi très animés et plutôt articulés quand ils parlent de leur métier. Dylan à l'écrit comme à l'oral, Quentin dans la couleur de ses propos et la passion presqu'adolescente qui l'anime généralement. Les deux sont comme moi, très très curieux. Très enclin à revisiter le passé afin de mieux comprendre la maintenant qui fait qu'ils sont ce qu'ils sont. Je viens de me tricoter 66 listes de lecture, une pour chaque année musicale, de 1956 à nos jours. Une heure trente (minimum) chacune. Jamais 1h40. Et je vais en quelque sorte revisité ma vie de 1972 à nos jours, du même coup. Jones l'enfant, l'ado, l'adulte, le papa.
Pour les deux auteurs, c'est très probablement moins intellectuel qu'émotif. Les deux sont à peu près à un même carrefour. Bob ne rajeunit pas et a lancé un triple album de standards musicaux comme dernière offrande musicale. Regardant davantage derrière son épaule que devant. QT a promis "de ne plus faire de films" après Once Upon a Time in Hollywood. Les deux ont animé ou animent un ballado fort cool. Bob Dylan avec Theme Time Radio Hour. QT et son ami Roger Avary, avec lequel il avait travaillé, jeune adulte, dans le même club video, avant que les deux ne deviennent réalisateurs, animent ensemble Video Archives Podcast. Je me suis abonné aux deux ballado. C'est donc agréable de travailler au bureau depuis. Ce qu'une chanson, un film, a comme impact sur ta personne, est ce qu'il y a de plus important. La fine ligne entre l'artiste et le fan s'efface alors. Et la magie opère. C'est ce qui fait que certaines chansons, certains films, touchent tant de gens en même temps. Bob et QT nous disent ce qui les as marqués 65 fois pour le plus âgé des deux, 13 fois pour le plus jeune.
Amusant de constater que Tarantino est né l'année même, 1963, où Dylan devenait stratosphériquement phénoménalement connu. Les deux redéfinissent du même coup ce que c'est que d'être une icône de son milieu. C'est d'abord être amoureux de ce qu'on fait. Être un(e) fan.
Les deux savent très bien ce que c'est que de se réinventer. Dylan surtout, qui a vite compris l'illusion qu'il était dans les années 60 et qui a refusé l'étiquette folk qu'on voulait lui coller. Tarantino est extraordinairement verbeux et la version audio est probablement plus intéressante que la copie papier, je ne doute aucunement que les disgressions y pleuvent comme les variations du mot "fuck" peuplent ses dialogues.
Les deux livres semblent des extensions, (un vol de connexion) entre deux artistes compagnons d'aventures dans le spoken word qui ne seraient pas étrangers à l'univers des poètes beat de Ginsberg, Burroughs, Carr, Cassady, Huncke ou Kerouac. J'aurai l'impression que j'aurai avec moi des guides du routard de la musique et du film. En littérature. Ma sainte trinité ! Peut-être même en prose pour Dylan !
Ce dernier, Nobelisé, sera surement plus poétique que QT, plus streetwise.
Le premier me parlera de ses années 30-40-50 après avoir révolutionné les années 60 et 70 lui-même.
L'autre me parlera des années 70-80, après avoir révolutionné les années 90 à nos jours. Chacun dans son art.
Dylan est un geek musical. Tarantino, un rat de club video.
Je suis tellement les deux. Ces deux livres sont tout à fait pour moi.
Dylan chante comme si chaque morceau serait le dernier de sa vie. Si QT adoptait cette philosophie au lieu de dire qu'il en a terminé pour vrai. On aurait peut-être droit à un autre de ses efforts sur pellicule d'ici quelques années.
Ironiquement, Greil Marcus, qui écrit si bien sur Bob Dylan que parfois on pourrait penser que c'est Zimmerman lui-même, qui s'y met, où son frère, lance dans 6 jours Folk Music, une biographie en 7 essais de Bob Dylan sur autant de chansons à lui, tel que narrée à la sauce Marcus.
Ça a trouvé ma liste de suggestion de cadeaux, ça.
Il était une fois Robert Zimmerman, il était une fois Quentin Tarantino.
J'en ai deux excitantes esquisses depuis l'autre tantôt.
Dans la file d'attente de mes lectures.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)