Il y avait une sensibilité qui me faisait plier vers un grunge auquel je ne croyais pas vraiment ailleurs. Ironiquement, la formation d'Abington, en Angleterre ne croyait pas tant au grunge non plus. Dès le 4ème album, apprenant à la lettre la méthode Bowie, ce qui n'était pas pour me déplaire non plus, on changeait de direction, blasé par son propre son, et on prenait un virage électronique et exploratoire en utilisant des instruments rares en musique populaire comme les ondes Martenot ou le mellotron. Ne se badrant justement plus au niveau de la popularité pour se concentrer sur l'art musical qui les inspirait. Que les ventes soient au rendez-vous ou non.
Ils ont même expérimenté un nouveau système de distribution en lançant un de leurs albums avec l'option de l'obtenir tout à fait gratuitement, en ligne, ou de choisir de payer un montant discrétionnaire choisi par le client. Expérience qui s'est avérée assez intéressante puisqu'au final, 62% ont choisi de prendre l'album, gratuitement. 38% ont donné pas grand chose pour.
Mais Thom Yorke, chanteur du band, a creusé l'exploration musicale davantage avec ses albums solos. Merveilleusement planants. J'en écoute une liste de lecture d'1h14 toute personnelle plusieurs matins par mois. Justement sorti de mes rêves depuis peu, mais aussi, en y replongeant, en quelque sorte. En y flottant encore un peu dans les eaux. Entre 6h AM et 8h00, au bureau. Avant l'arrivée des zombies.
Ces albums solos sont de très intéressants songes. Mot qui se rapproche absolument de songs (chanson) en anglais. Son (excellent) album de 2019, Anima, est entièrement inspiré des théories de l'inconscience de Carl Jung. Plus précisément de ce qui se passe dans nos cerveaux dans le sommeil, à l'étape du rêve. Ce monde a toujours inspiré les artistes. John Phillips dit avoit rêvé l'harmonie de California Dreamin avant de la composer. Johnny Cash dit avoir rêvé les trompettes mexicaines de Ring of Fire avant de faire de même. Keith Richards se couche avec une enregistreuse à ses côtés pour y écrire les riffs qu'il rêve. Robert Altman a tourné Three Women après l'avoir rêvé. David Lynch inclut plusieurs de ses rêves dans ses films et les rêves sont omniprésents dans ses oeuvres. Le rêve est métaphore d'inspiration au quotidien.Le rêve a toujours été dans l'esprit de Yorke, avec les frères Greenwood, Ed O'Brien & James Selway, qui forment avec lui, Radiohead. En 1995, il composait (Nice Dream). En 2003, Go to Sleep. En 2016, Daydreaming. C'est aussi très présent dans ses paroles d'autres chansons: "Woke up sucking a lemon", il marmonne ailleurs qu'il se voit couper un enfant en deux. Il raconte aussi être tombé d'un oiseau géant, qui était en fait, un lit, qui au final, n'était, oui, qu'un long rêve vivifiant.Yorke m'est toujours intéressant car il évoque mémoire, effluves de moments, traces de rêves. Dans sa chanson Fake Plastic Trees, le passage "She looks like the real thing, she tastes like the real thing" m'arrache toujours la moitié du coeur car c'est le rêve que j'ai fait en 1992 en rencontrant celle qui partage toujours ma vie.
De plus, avec Radiohead, qui ont l'admirable particularité de voir ses membres faire plusieurs projets parallèles (Tous les membres) tout en revenant toujours au groupe, comme si ils ne s'étaient jamais quittés, le band donc, disais-je, s'est associé plus d'une fois au réalisateur Paul Thomas Anderson pour lequel j'ai une certaine admiration et qui est porté sur le rêve à l'occasion. Du moins, il le suggère par quelques moments de surréalisme ici et là.Dans Magnolia, des grenouilles tombent du ciel. Pour Inherent Vice, le rêve y était promptement rattaché. Ne serais-ce que par l'état second et planant qu'engendre la consommation de canabis, qui est très présente dans le film. Le dernier film de PTA , Licorice Pizza a un parfum nostalgique, la photographie semble tout droit issue d'un rêve de 1973. Je n'ai pas vu, mais j'ai hâte d'y planer. PTA a tourné des clips pour Radiohead. Ça semble approprié comme association.
Mon téléphone a sonné peu de temps après. C'était une jeune femme de la Vievlitohèque qui se présentait à moi. Je la reconnaissait. C'était le jolie brune des lundis. Elle me remarquait par l'emprunt de dvd/livres, je le remarquais par l'effet qu'elle me faisait en posant les yeux sur moi quand j'y passe.
Elle se présentait soudainement à moi. Souhaitait me rencontrer. Me déclarait qu'elle était si charmée par ma personne, que, dans le secret de la découverte de mes emprunts à la Vievliothèque, elle était tombée encore plus amoureuse de moi, elle voulait qu'on prenne rendez-vous au sans rendez-vous, chez elle ou chez nous. J'ai dit "quoi?"......Puis, je me suis réveillé.
En écoutant Yorke, j'avais tant mentalement voyagé, je m'étais assoupi...
J'étais dans la prophétie d'une ère de rêve, dans l'exploration sans compromis d'un artiste face à un grand mystère humain: l'univers de l'inconscience.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)