Chaque mois, dans ses 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parles de l'une des mes trois immenses passions: Le cinéma.
Je l'ai largement consommé (le fais toujours), l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, ai été récompensé, en suis sorti pour une famille tout à moi, mais on ne sort pas le cinéma de ma personne.
Toujours de nos jours, je le revisite et le collectionne.
Je vous parles d'un film qui m'a charmé par ses interprètes, son scénario, ses thèmes, sa réalisation, son audace, sa cinématographie, son style, sa musique, bref, je vous parles d'un film dont j'ai aimé pas mal tous les choix.
Et je ne comprends toujours pas, après tout ce temps, pourquoi je ne vous ai jamais détaillé celui-là. Un des plus grand. (les deux premiers en fait, qui dans ma tête, n'en font qu'un).
THE GODFATHER de FRANÇIS FORD COPPOLA.
1969. Pendant 67 semaines, le roman de Mario Puzo, trône au sommet des meilleures ventes de fiction, aux États-Unis. Il vend plus de 9 millions de fois. Le rêve de Puzo est accompli. Mais Puzo a des dettes de jeu. Et quand Paramount choisi d'acheter les droits d'adaptations de ce qui s'appellerait Mafia, ils paieront les 10 000$ de dettes de Puzo. On compte sortir le film autour de Noël, en 1971.
La production tombe dans les mains de Robert Evans qui souhaite un réalisateur d'origine italienne. Sergio Leone est le premier choix. Mais celui-ci travaille sur son propre film de gangster qui deviendra Once Upon a Time In America, beaucoup plus tard. Peter Bogdanovich (de mère autrichienne et de père Serbe, l'idée italo-américaine tombe), Peter Yates, Richard Brooks, Arthur Penn, Costa-Gavras, Otto Preminger sont approchés, tout le monde décline.
Coppola vient de faire patate avec The Rain People. Il est suggéré, puisqu'italo-américain. Mais ses tournages défoncent toujours les budgets. Mais comme sa maison de production à lui est en dettes, il accepterait 125 000$ et des % de recettes. Il est loin de se douter que son film pourra rembourser plusieurs fois ce qu'il devait.
On pense d'abord tourner avec 2,5 millions et à Kansas City. Coppola fait un bon travail de lobbying, obtient plus et tournera là où l'action s'y passe, à New York. Puzo et lui travaillent un scénario de 163 pages. Joseph Colombo, président de la Ligue de Défense des Droits Civiques des Italo-Américains, mais surtout solide mafiosi, a un oeil sur le script final est reste déçu de ce qu'il trouve être des stéréotypes. Au contraire, après visionnement, la Mafia saluera la véracité du produit fini. Mais on expurge le mot "mafia" du film.
Puzo veut Brando et personne d'autre comme parrain. Mais Brando vient de s'enligner quelques flops, et il n'a pas bonne réputation sur les plateaux. Ernest Borgnine, Laurence Olivier, George C.Scott, Richard Conte, Anthony Quinn et Orson Welles ont été considérés. Brando est choisi, mais il doit signer une déclaration qui dit qu'il ne ralentira pas la production. Robert Duvall est tout de suite choisi pour l'avocat, consiglieri et fils adoptif de la famille Corleone. Al Martino est choisi pour jouer le chanteur Johnny Fontane (inspiré de Sinatra), mais Coppola préfère Vic Damone. Martino, très près du mafieux Russell Bufalino, s'en plaint, Damone en prends les jetons, il ne veut pas de chichi avec la mafia, lui cèdera le rôle. Robert DeNiro est choisi pour jouer Paulie, mais quand Al Pacino hérite du rôle de Michaeal, celui qu'il avait dans The Gang That Couldn't Shoot Straight se libère et DeNiro en était le second choix, choix qu'il fera.
Les premières images tournées inquiètent tout le monde. Micheal et sa femme font des emplettes de Noël, ricaneurs, rien de tellement terrifiant. Mais c'est tout à fait l'objectif: montrer Micheal détaché et en marge de la familia, pour bien développer la suite. Le scénario sera peaufiné par Robert Towne. Et on parlera tout autant de la Mafia que des liens familiaux. C'est une histoire de famille, qui a pour décor, la Cosa Nostra, et qui fictionnalise les relations entre les 5 vraies familles mafieuses de New York. C'est l'ultime film couvrant la mafia. Maintes fois copié. Même la Mafia sera impressionnée. Faut dire qu'ils ont plus ou moins imposé quelques acteurs italo-américains dans le casting et sur la production, très liés à la Mafia. Et au montage final, on ne saura jamais clairement qui a eu le dernier mot. Ce qui dit tout.
Françis cache sa propre famille dans le film. Sa femme, leur 2 fils et sa mère sont parmi les figurants. son père fait la musique du film et joue du piano dans une scène. Talia Shire est la cousine directe de Coppola. Enfin Sofia, sa fille, naissante, joue le fils naissant de Connie et Carlo.
Coppola et Gordon Willis, son directeur photo, s'entendent pour ne pas utiliser d'artillerie lourde comme des tournages en hélicoptères, des grues, ou des zoom modernes. On a intelligemment choisi de filmer comme si chaque plan était un tableau. Créant des éclairages extraordinaires. Une réelle intimité est créée. C'est aussi dur que touchant. Des oranges (clin d'oeil au phénoménal A Clock Work Orange, retiré en automne 1971 en raison de sa violence?), précède chaque moment de violence.
Nino Rota compose un thème musical principal et Carmine Coppola fait le reste. Le film fait 15 millions en simples réservations de présentations en salle et un autre 10 millions pour une présentation télé, une seule fois, en 2 parties. Il fera plus de 287 millions en profits directs.
Il y a 50 ans cette année, était lancé un film aussi brutal que touchant transcendant autant son milieu que son genre et ayant une influence certaine sur la Mafia, elle-même.
Un vrai chef d'oeuvre dont le second segment, lancé 2 ans plus tard, est tout aussi extraordinaire.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire
Certaines Conditions S'Appliquent:
Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)