1972. Si jolie cuvée.
Seventh Sojourn de The Moddy Blues: 8ème album du band de Birmingham, ce sera celui qui les fera faire une percée en Amérique du Nord. Ironiquement, c'est un morceau lancé 5 ans avant, relancé à nouveau cette année-là, qui sera leur plus gros hit à vie, mais qui ne sera pas sur l'album Seventh Sojourn. Deux singles en seront aussi issus dont un voulant bien spécifier qu'il ne faut pas prendre les paroles des chanteurs comme la parole de Dieu.
Un Amour Qui Ne Veut Pas Mourir de Renée Martel: Elle vient tout juste de nous quitter avec la grâce d'un papillon. 5 ans après nous avoir chanté la plus pop Liverpool, la belle Renée nous arrive avec son plus gros hit, mais cette fois, versée dans les cordes qui étaient aussi celles de son paternel, le country. L'amour du Québec pour cette Femme ne mourra jamais.
Young, Gifted & Black d'Aretha Franklyn: À 30 ans, la grande Aretha en est déjà à son 18ème album studio. Rien de moins. Elle y reprend Elton John et Bernie Taupin et les Beatles, et rafle cette année-là, le Grammy de la meilleure performance R & B. Le titre sera aussi un emprunt d'un autre titre de la toute aussi grande Nina Simone.
Manassas de Stephen Stills & Manassass: Premier album du nouveau band du membre de Crosby, Stills, Nash & Young, cette fois avec sa formation Manassas, composée de Chris Hillman, Al Perkins, Paul Harris, Dallas Taylor, Calvin Samuels et Joe Lala. Il s'agit d'un album double qui comprend des participations de Bill Wyman, des Rolling Stones et Jerry Garcia des Grateful Dead. Un hommage à Jimi Hendrix, Al Wilson et Duane Allman, trois très récents précoces disparus, clôt l'album double.
Roforofo Fight de Fela Kuti & Africa 70: La musique de ce géant Nigérien a tendance à souvent être 4 longs jams afro-jazz-funk. Cet album ne fait pas exception. Et pourtant, chaque nouvel effort, dans les années 70, semblait continuellement nouveau et rafraichissant. Répétitifs dans la proposition d'un morceau, mais rarement dans la proposition d'albums. Il y a des indices de reggae et de très claires influences de James Brown. Kuti sera une influence pour bien des artistes, Talking Heads, entre autres.
Pag de Michel Pagliaro: Huit morceaux seulement, enregistrés avec "Thunder bass J.August Gessinger, Franl "Lo" Russo, "The Arab" H.Hagaopian, George Lagios et la collaboration de Pierre Létourneau pour un morceau. Pag signe un immortel classique. C'était moi qui arrivait parmi vous, poliment. L'album est majoritairement en français, lui qui passait de la langue de Shakespeare à la langue de Molière comme on le fait dans Montréal-Nord. Pag rocks.
Faust So Far de Faust: Formation allemande de krautrock, il s'agit de leur second album. Qui se voulait moins expérimental et plus commercial. Quoique la trace expérimentale reste très présente. Guitare, cuivres, synthés glacés, funk hypnotique, cet album sera reconnu comme le sommet de leur carrière qui durera jusqu'en 2017.
Les Matins d'Hiver de Gerard Lenorman: Depuis 2 ans, Lenorman, 25-26-27 ans, voit sa carrière prendre de l'élan. Il a écrit des morceaux pour Bardot et a fait une tournée avec Sylvie Vartan pour y faire la promotion de son tout premier effort. Il remplace Julien Clerc dans la comédie musicale Hair, version française. Il est sur scène jusqu'au printemps 1971. Il écrit et enregistre son second album. Bientôt la consécration, présentement, le style qui s'impose.
For the Roses de Joni Mitchell: Après Blue qui la catapulte dans les intérêts certains, et tout juste avant un autre immense succès public et critique, la chanteuse du Manitoba, pense avoir trouvé l'amour de sa vie en James Taylor. Même si celui-ci est toxique et intoxiqué et qu'elle le raconte dans son portrait jazzé de l'héroïnomane. Elle s'inspire de Beethoven et cet album sera si aimé qu'il sera enregistré à la Librairie du Congrès des États-Unis comme culturellement pertinent, phénomène rare pour une artiste canadienne.
Trilogy d'Emerson, Lake & Palmer: En tournée la majorité de 1971, le trio progressif fait une pause en septembre pour y enregistrer son 4ème album, dont un arrangement d'un ballet d'Aaron Copland, qui sera vite un des morceaux préférés par le public en tournée. De tous les albums du le formation, c'était le préféré de Greg Lake.
Zeit de Tangerine Dream: Le troisième album de la formation allemande d'Edgar Froese est sous titré Largo in Four Movements. On reste dans l'atmosphérique avec un rythme légèrement plus lent. Album double de plus de 74 minutes, on qualifie la musique de spatiale. En tant que fin connaisseur de l'espace, laissez-moi vous dire que c'est toujours une construction de l'esprit. Il n'y a pas de musique dans l'espace. Simplement du fameux silence.
Let's Stay Together d'Al Green: Cet album sera le premier de 6 consécutifs à atteindre le #1 des palmarès soul d'Amérique du Nord. La chanson titre est un très grand succès et les critiques sont dithyrambiques, louangeant sa voix de crooner, ses cris, son scat, ses montées vocales, ses doux falsettos qui ont très certainement aussi beaucoup influencé Prince. Funky par moments, Green est cool.
Science Fiction d'Ornette Coleman: L'hyper productif jazzman du Texas est très inventif sur cet album, inventif et justement presque extra-terrestre dans ses explorations et ses inventions sonores. De la le titre de l'album. Il y glisse ses sons du passé et du futur. Toute sa carrière, il aura un pied à la fois dans le passé et une oreille dans le futur. Il était brillant.
Paranoid de Black Sabbath. Non seulement cet album est le plus vendu groupe de Tony, Ozzy Geezer et Bill, mais c'est aussi l'un des rares #1 à ne jamais jouer (ou presque) à la radio, ET en Angleterre ET aux États-Unis. Le heavy blues rock n'était pas courant sur les ondes FM, d'alors. Surnaturel dans ses thèmes, science-fiction au menu, obsessivement sombre, il y avait peu qui faisait "grand public". Le vocabulaire simple de la guitare électrique de Tony Iommi et les textes tortueux d'Osbourne ont rejoint beaucoup de gens. Anxiogène pour certains, cathartique pour d'autres, le son métal allait rester.
Back To Front de Gilbert O'Sullivan: Jusqu'à maintenant, l'irlandais se présentait dans des costumes de la période de la grande noirceur, inspiré aussi des films muets, avec bretelles, cravate et casquette. Cette fois, il choisit d'être tout simplement mâle. 1971. Décolleté montrant sa poitrine velue, tête frisée aux cheveux longs, pendentif avec la lettre G inscrite dessus. Par son look, il avait attiré l'attention. Maintenant il veut attirer par le son et y arrivera avec un hit majeur qui ne sera même pas de l'album qu'il lance en 1972, son second.
Let My Children Hear Music de Charles Mingus: Mingus était un monstre du jazz. Un très mauvais tempérament, un terrible gestionnaire financier, mais un extraordinaire musicien. Il compose ici des arrangements orchestraux pour un ensemble de jazz, et travaille avec plusieurs chef d'orchestres pour cet album. Au moment de l'enregistrer, il considère que c'est le meilleur album qu'il a travaillé de sa vie. Il sera nommé aux Grammys de l'année suivante.
Saint Dominic's Preview de Van Morrison: La chanson titre est l'une de mes préférée de la tête folle irlandaise. Folk, R & B, blues, jazz, presque soul, il a même un petit côté gipsy. Qui est aussi un des titres de son 6ème album solo. Il continue d'être amoureux de la nature sans ses écrits et propose deux morceaux relativement long dans le même style de son réussi essai sonore Astral Weeks. Qui lui, à déjà 4 ans.
Demons & Wizards de Uriah Heep: La formation hard rock, metal, progressive recrute le néo-zélandais Gary Thain comme bassiste, et le batteur Lee Kerslake alors que le groupe est en tournée pour faire la promotion de ses trois premiers albums. Pour ce 4ème, le groupe britannique choisit une couverture de pochette médiéviale, un peu dans le style de ce que suivra la formation Yes. Mais la comparaison s'y arrête. Ce band est plus lourd de la guitare.
Ege Bamyasi de Can: L'enregistrement du troisième album du band allemand de krautrock sera difficile à enregistrer. Le claviériste Irmin Schmidt et le chanteur Damo Suzuki jouent obsessivement aux échecs se retardent les sessions. On se rend compte à la fin que c'est trop court, qu'il manque au moins 10 minutes. On pratique un morceau qui en fera 10:23 et qu'on enregistrera en une seule prise. Faute de temps. On fait tout ça dans un ancien cinéma et ça inspire, justement, un cinéaste, Samuel Fuller, à faire de un des morceaux, une chanson thème de son film.
Brigitte Fontaine de Brigitte Fontaine: J'adore BF! Elle a déjà 3 albums studio quand elle choisit d'enregistrer un album éponyme. Textes surréalistes, poétiques, absurdes, expérimentaux, socialement critiques, sur des thèmes de cruauté, de torture, de slogans révolutionnaires cyniques, de folie sur des tempos parfois sinitre. Elle collabore, sur ce disque, avec les complices de toujours Jacques Higelin et Areski Belkacem, mais aussi Olivier Bloch-Lainé et la soeur de Joe Dassin, Julie, qui est violoniste virtuose.
Obscured By Clouds de Pink Floyd: 7ème album de l'excellente formation britannique, il se trouve entre le fameux Meddle et le phénoménal The Dark Side of The Moon. Plus court et plus acoustique, il s'agit d'abord et avant tout de la trame sonore du film de Barbet Shroeder, La Vallée, étiré sur un album de moins de 40 minutes. La chanson Echoes, tirée de Meddle, à elle seule, faisait plus 23 minutes. Ça n'en fait pas un moins bon album. L'élégance de certains morceaux instrumentaux nous amènent clairement vers le mythique Dark Side of the Moon.
Honky Château d'Elton John: 5ème album du petit gars de Pinner, Middlesex. Ballades, rockers, blues, country-rock, soul, pop, Elton offre ce qu'il fait de mieux jusqu'alors, avec à la fin de la face A, un classique dans la lignée de Space Oddity de Bowie. Taupin et John sont en pleine forme et le château en question ne laisse pas Bowie indifférent puisqu'il y enregistrera une partie de Low, 4 ans plus tard.
Sail Away de Randy Newman.: Comme Lady Gaga, Lou Reed, Ashford & Simpson, Jacques Dutronc, Gainsbourg, et tant d'autres, Newman écrivait d'abord des chansons pour les autres avant d'endisquer lui-même. Tel un scénariste tournant finalement sa propre version d'un même film, Newman lance ce troisième disque de morceaux principalement enregistrés par d'autres ou encore sur des trames sonores de films qui n'ont jamais vu le jour. Le disque sera adoré, Brian Wilson des Beach Boys le plaçant parmi les 5 meilleurs de sa vie, et le pointant comme un album qui l'a plongé davantage dans la dépression, en étant maladivement jaloux.
You Don't Mess Around With Jim de Jim Croce: Jim aura une carrière très courte. 5 Albums en 7 ans. Au sommet de sa popularité, en septembre 1973, il périt dans un accident d'avion avec 4 autres personnes. Cet album est son troisième et son meilleur vendeur avec trois singles très populaires, dont l'un redeviendra encore plus populaire après sa mort. Le chanteur folk avait développé un délicieux partenariat avec Maury Muehlelsen qui périt dans le même accident.
Caravanserai de Santana: Après leur découverte sur scène à Wooodstock, en 1969, la formation Mexico-Étatsunienne lance trois albums qui seront immensément populaires partout dans le monde. Salsa, rock, jazz, toutes les plages sont instrumentales sauf trois. Ce sera le dernier du guitariste Neal Schon qui quitte le band pour aller co-fonder Journey, band qui recrutera aussi l'important claviériste Gregg Rollie qui ne s'entend plus avec Santana.
Octopus de Gentle Giants: Le band britannique progressif aux pochettes mythiques offre son 4ème effort, son deuxième effort la même année, le dernier album avec le fondateur du groupe Phil Shulman et le premier avec le batteur Jim Weathers. Cet album est largement considéré comme le début du meilleur de ce que pouvait offrir le groupe. L'album comprend 8 morceaux voulant représenter chaque membre du groupe.
Transa de Caetano Veloso: Le musicien brésilien exilé à Londres offre son 6ème album, son troisième depuis son exil à Londres et son premier de deux la même année. Lui qui ne devait que rester en Angleterre un mois, pour l'enterrement de ses parents, y prend goût et reste. Les militaire Brésiliens lui proposent d'écrire un morceau pour la Transamazonica Highway qui se construit, proposition qui sera refusée de sa part mais qui donne naissance à cet album. Il retournera vivre au Brésil, à la sortie de ce disque. Classé parmi les 10 meilleurs albums brésiliens de tous les temps par le Magazine Rolling Stones.
Paul Simon de Paul Simon: Second album solo de Paul Simon, premier depuis 7 ans, qui ont été largement occupées par l'immense succès du tandem Simon & Garfunkel, Paul est cette année-là, marié et papa. Stéphane Grappelli, Ron Carter et Airto Moreira sont invités sur ce disque qui indique un intérêt pour la musique du monde qui ne sera que davantage creusé avec le temps. Doux et fort agréable.
Something/Anything? de Todd Rundgren: L'une des toutes premières tâches de Todd Rundgren sera de mixer pour la formation The Band, trois ans avant ce troisième effort sur disque. Cet album double est enregistré aux 3/4 par Rundgren jouant de tous les instruments et faisant toutes les voix tout en étant l'unique producteur. Un de ses plus gros hits s'y trouve. Rundgren sera un très important producteur de disques, producteur de vidéos et grand adepte des nouvelles technologies jusqu'à nos jours.
The Slider de T.Rex: À la recommandation d'Elton John, Marc Bolan enregistre son 7ème album au Château d'Hérouxville afin d'éviter la fiscalité anglaise. Il complète le tout en seulement 5 jours. Tony Visconti produit l'album. Bolan sera un immense succès en Angleterre et pourtant presque rien en Amérique du Nord. Très très écoutable. Survit à l'épreuve du temps. Contrairement à l'homme, décédé prématurément à 29 ans, 5 ans plus tard.
Fu Man Chu de Robert Charlebois: La chanson titre est un morceau épique de plus de 10 minutes. La pochette est aussi légendaire avec son afro. Références aux aventures du fictif héros de Sax Rohmer, dans la première moitié du 20ème siècle, aux westerns (Charlebois avait tourné avec Sergio Leone), et avec quelques touches d'exotisme sud américain, Charlebois est au sommet de son art et déifié au Québec.
La Solitude de Léo Férré: Accompagné de la formation progressive Zoo, le poète français marque un intérêt marqué pour la musique et les groupes anglo-saxons. Il avouera lors être un grand consommateur des Beatles, de King Crimson, des Moody Blues (qu'il intègre dans ses textes) et de Pink Floyd. La chanson titre est un exemple réussi de fusion entre musique pop et approche symphonique, le dernier morceau est une condamnation militante de l'arrestation des directeurs du journal maoiste La Cause du Peuple et de l'interdit de publication. Intense, comme toujours avec Ferré.
On the Corner de Miles Davis: Funk, post-punk, electronica, jazz et hip hop, le grand Miles continue son exploration du jazz fusion avec des influences avouées de Sly Stone, James Brown, des explorations sonores de Karlheinz Stockhausen, des idées du compositeur Paul Buckmaster et du free jazz d'Ornette Coleman. Micheal Henderson est à la basse, John McLaughlin à la guitare, Herbie Hancock au synthés et Miles y joue de sa trompette et de l'orgue électrique. Teo Macero monte la bande sonore afin qu'on distingue moins facilement quel instrument joue quel son. Innovateur.
Never A Dull Moment de Rod Stewart: 4ème album solo du chanteur des Faces, Rod the Mud travaille toujours étroitement avec son guitariste des Faces, Ron Wood, future Stones, avec lequel il compose trois chansons. Il reprend aussi Bob Dylan et Sam Cooke ainsi qu'un morceau que Jimi Hendrix avait écrit pour sa mère. Ronnie Wood était avec Hendrix, au Soho Club, le soir de la mort de Jimi.
Neu! de Neu!: Klaus Dinger & Micheal Rother quittent Kraftwerk et fondent ce groupe de Motorik beat allemand qui sera une large influence pour Bowie, Eno, Visconti, Pop et compagnie, 5 ans plus tard, à Berlin. Frais sorti de la séparation, les deux amis enregistrent tout en 4 soirs de décembre 1971. Leur Krautrock sera une influence importante pour la musique ambiante, allemande expérimentale et punk, puisqu'on y trouve toutes les traces sonores.
Machine Head de Deep Purple: Le 4ème album de Led Zeppelin, Paranoid de Black Sabbath, et cet album de Deep Purple forment la trilogie lourde du rock anglais qui a résisté à l'épreuve du temps et qui a donné naissance, au heavy metal. C'est la sainte trinité conçue sur les 9 mois qui ont précédé le 325 mars 1972, année de sortie de ce 6ème effort du band de Londres. Inspiré des tragiques évenements de Montreux, en Suisse, pendant un concert de Frank Zappa, le riff d'ouverture de Smoke on the Water est probablement l'école de la guitare électrique. On l'a tous gratté à nos débuts. Mais l'intensité du premier morceau et la versatilité du reste n'est pas à dédaigner.
Eat a Peach des Allman Brothers Band: Le 29 octobre 1971, Duane Allman se tue en moto. Le matériel de cet album est alors pratiquement tout écrit. Voilà pourquoi ce 4ème album est à moitié livré de performances en spectacle. Plusieurs membres du groupe luttent alors contre leur dépendance à l'héroïne. Cet album sera le dernier avec le talent de leur leader Duane à la guitare qui avait si magique de ses doigts avec Clapton et ses Dominos et à Fillmore sur l'album d'avant.
Roxy Music de Roxy Music: Un des meilleurs premiers albums selon moi, la seule chanson d'ouverture est un parfait exemple sonore de présentation de band. Bryan, Brian, Andy, Phil, Paul et Graham offrent du parfait glam rock, original, entre jazz et rock, lumineusement aérien par moments sophistiqué comme Ferry nous l'offrira dans sa carrière solo.
Talking Book de Stevie Wonder: 15ème album du prodige non voyant, il s'agit de l'un des deux albums qu'il lance cette année là et que l'on classe dans sa "période classique" explorant ses synthés de manières très développée, avec un grand hit en prime. Rarement verrons nous Stevie sans lunettes sur une pochette, rarement le trouverons-nous si riche dans ses textures musicales qui naviguent de progressive soul, funk, soul rock et même jazz.
Can't Buy a Thrill de Steely Dan: Premier album de Donald Fagen et Walter Becker. Formation fort intelligente et inspirée, ce sera l'unique album incluant le chanteur David Palmer sur deux morceaux, Fagen craignant maladivement la scène (alors). Le style oblique, parfois philosophique, plusieurs les ont trouvé si "clever" qu'il restait difficile de penser que ce n'était que leur premier album. Ni trop pop, ni trop jazz, ni trop rock, presque mellow soft rock, rien n'est désagréable dans leur son, beaucoup plus travaillé qu'il n'y parait à première écoute.
Superfly de Curtis Mayfield: Trame sonore de film de blaxploitation. En 1970, Mayfield quitte la formation The Impressions afin de faire carrière solo. Il a le temps de lancer deux albums avant de lancer celui-ci. Anti-drogue il se gagne un public pudique facilement aux États-Unis. Le terrain sonore avait été fabuleusement tracé par Isaac Hayes et Marvin Gaye dans les années précédentes et cet album en est un parfait croisé sonore avec sa guitare chat, son cool soul, son mielleux falsetto et même des morceaux purement instrumentaux pas fâcheux du tout. Franchement bien coussinné. Un de mes préférés de ces 50.
Fugain & Le Big Bazar de Michel Fugain & le Big Bazar: Découvrant les Humphries Singers, Fugain choisit de se monter un groupe sensiblement pareil, composé de dix chanteurs, comédiens, danseurs qui seront Martine Chevalier, Stéphanie Coquinos, Roland Gibelli, Gérard Kaplan, Maurice Latino, Johnny Monteilhet, Jérôme Nobécourt, Christiane Mouron, Carine Reggiani et Valentine Saint-Jean. Le premier album est un instantané classique avec pas moins de trois immortels classiques de la francophonie mondiale.
Foxtrot de Genesis: 4ème album studio de Peter Gabriel, Tony Banks, Steve Hackett, Mike Rutherford et Phil Collins. Le band n'est pas encore un succès, mais l'album précédent devient #1 en Belgique et en Italie et le réponse du public, en tournée est très encourageante. On signe le plus long morceau du groupe (23 minutes). Dernier album dont la pochette est désigné par Paul Whitehead. Gabriel portera la tête de renard et la robe en tournée ce qui fera au groupe beaucoup de publicité. Les deux morceaux ouvrant chaque face du disque sont particulièrement agréables et sont composés par absolument tout le monde.
Thick As A Brick de Jethro Tull: Quand on dit au band de blues qu'ils sont un band progressif, ça les fait rire. Ils tricoteront un album concept assez excellent dans le style progressif, et se font plaisir en inventant l'histoire d'un petit génie de 8 ans. L'album est découpé en deux morceaux longs morceaux. Bien qu'ils feront principalement du blues pour le restant de leur carrière, cet excellent album est considéré comme un classique du style progressif (endurable). L'ai écouté en loop dans ma voiture un bon trois mois quand j'avais un lecteur de CD dedans.
Transformer de Lou Reed: Le plus social des albums de l'anti social Lou Reed, celui-ci accepte David Bowie et Mick Ronson en studio, mais surtout, nous invite dans son monde de drag queens, de jalousies, de queers, de mal aimés, avec une violence douce, parfois sourde, et un regard extérieur qui parfois semble traitre alors qu'on le savait très très dans le Wild Side. Les "colors" girls étaient d'ailleurs un travestisme en soi puisque les "do-dodo-dodo-dodelo-do-dodo-dodo" étaient chantés par les thunderthighs, trois blanches...Satellite d'amour lancé comme un cliché des Warhol Days.
Pink Moon de Nick Drake: Après deux albums arrangés avec goût de l'hypersensible chanteur de folk du Sud de Birmingham, ce court album, qui serait son dernier, lui fera dire qu'il n'a vraiment plus rien à enregistrer. Ce type de fatalisme a donné naissance à des groupes comme Cigarettes After Sex ou Belle and Sebastian. L'angoisse pouvait devenir séduisante. Pas de musiciens, juste Nick, sa guitare, son piano. L'ironie voudra que 30 ans plus tard, Volkswagen utilise le morceau d'ouverture pour vendre ses voitures. Alors qu'on devrait savoir qu'il s'est enlevé la vie. Ce qui teinte un peu l'élégante mélancolie de l'ensemble. La délicatesse étant transformée en hyper fragilité. À couper le souffle.
Exile On Main Street des Rolling Stones
The Rise & Fall fo Ziggy Stardust & The Spiders From Mars de David Bowie: Entre le glam de Bolan et les droogies de A Clock Work Orange, David choisit 6 jours après mon apparition sur cette planète pour incarner pour la première fois sur scène, dans un pub, l'extra-terrestre Ziggy, un second père, donc. Propos paranoïaques. androgynie, provocation, sentiment apocalyptique, le flair que Ronson et lui ont eu avec cet album, alors qu'ils rajoutent à la toute dernière minute une petite chanson vite composée (Starman), sera historique.
Tout ça a 50 ans aujourd'hui.
Un extra-terrestre en particulier, undercover sur terre, a aussi 50 ans, parmi vous, maintenant.
Depuis 0H13, heure d'Amérique du Nord-Est.
Un chiffre qui n'est pas quantité. Et un # "chanceux".
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)