Chaque mois, dans ses 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: La littérature.
Lire n'est pas un effort pour moi. Je suis traducteur, je lis et écrit tout le temps. C'est un troisième poumon.
Lire c'est accepter de s'abandonner dans l'univers d'un(e) autre. C'est vouloir explorer l'inconnu ou approfondir ses convictions, découvrir l'autre, plonger dans des mondes qu'on ignore, se découvrir, s'ouvrir les sens, se stimuler l'intelligence, c'est apprendre à respirer sur un autre rythme que le sien.
Et respirer c'est vivre.
UNFAITHFUL MUSIC & DISAPEARING INK d'ELVIS COSTELLO
Je n'ai jamais placé de biographie ni d'autobiographie dans cette case de chronique mensuelle et je me dois de le faire. La bio/autobio, son genre, peut être formidable et celui qui est né Declan Patrick MacManus écrit simplement merveilleusement bien. Et pas simplement de la musique.
Il fait surtout rire. Ce livre est une autobiographie. Et l'idée de ne pas en faire une histoire de sa vie racontée en ordre chronologique est une excellente idée. Ce qui fait que j'aime tant Costello, c'est qu'il est très passionné par son art, la musique. Il pige dans absolument toutes les époques et tous les genres, et tricote à sa manière, une toute nouvelle matière. Unique. Il a fait de même avec ce livre de 2015 que j'ai volé dans la bibliothèque d'un bateau de croisière.
Papa était musicien, Elvis est donc un enfant de la balle. La pomme tout près de l'arbre. En plaçant chaque chapitre un peu n'importe où dans l'histoire de sa vie, on arrive facilement à lire ce livre comme on lit un livre de nouvelles. Par petits morceaux, de temps à autres, entre deux livres. Quand on a un 10 minutes à tuer. Et avec les moyens de diffusions musicales de nos jours, il est toujours très agréable d'aller valider sur-le-champ les dires quand on dit quelque chose comme "J'ai piqué l'air à The Chantels, mais c'était peut-être aussi mon amour pour les Ronettes."
Il a prouvé être un excellent intervieweur en sachant mettre en valeur ses invités et en les écoutant avec intelligence et un étonnant talent. Cette fois, ce sont ses voix intérieures qu'il fait parler et c'est moins la narration de son parcours musical, que l'exploration de ses parcours mentaux. Costello est excessivement drôle. Vraiment. Il sait rire de sa personne. Il sait se moquer et reconnaître ses erreurs du passé, comme cette fois où il a dit les pires grossièretés racistes (saoûl) à la bande à Stephen Stills, pour les offusquer, que sa popularité grandissante aux États-Unis s'en est vue ralentie, sa tournée freinée et sa réputation, salie jusqu'à aujourd'hui.
Bien que non chronologique, le livre reste panoramique de sa carrière. Et il l'a rendue fort intéressante sa carrière. Qu'on aime sa musique ou non. Et Costello n'est pas raciste du tout. Il est tout simplement frondeur. Et assez con. Et s'en amuse. En nous amusant aussi. Beaucoup. Presque toujours à ses dépens. Il a du Woody Allen dans le pif. Avec un certain degré de controverse aussi. (pas du même niveau).
Et grâce à Spotify, Youtube, Itunes, Applestore, ses disques, ses cassettes, enfin tous les moyens de diffusion musicale sur commande, on (re)découvre plusieurs de ses morceaux autrement. Un angle nouveau sur une vieille canaille. Un sympathique bougre au bout du compte. Le titre de l'auto bio est diablement bien choisi, à mon très humble avis. Il a eu plusieurs directions à sa musique et ne peut nier qu'il vieillit.
Véritable passionné de la musique. Et qui le rend bien à l'écrit autant qu'à l'instrument.
Toute personne qui écrit sur soi-même choisit bien ce qu'elle veut qu'on retienne d'elle.
C'est assurément le cas, ici, aussi. Et Elvis parait très mal par moment. Ce qui donne au livre un zest d'honnêteté assez fort.
On a même l'histoire de la superbe photo d'Anton Corbyn qui fait la couverture du livre. Sans même souligner qu'elle fera la couverture du livre. On le comprend tout de suite. Elvis ne prend pas son public, ses lecteurs, pour des cons. Ne leur donne pas tout cuit dans le bec. Faites l'effort vous aussi.
Lecture amusante de début d'année.
Pas besoin de connaître son oeuvre pour s'y amuser.
C'est une phrase de lui, que la pandémie m'inspirait, et qui m'était venue en tête cette semaine au bureau, qui m'a inspiré ce titre à vous recommander.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)