On a beaucoup parlé de cette annonce terrible des médias qu'une candidate avait gagné ses élections municipales à Québec "Si la tendance se maintient". Cette tendance ne s'est pas maintenue. On a parlé catastrophe parce qu'elle avait eu le temps de pleurer sa joie et de discourir tout en remerciements. Moi, le premier.
Mais consolons nous, il y a eu pire. Toujours au Québec.
1981.
Des cafouillages dans les élections, c'est très commun. Pas plus tard que 2007, Pierre Bruneau (de TVA) avait scandé "rigueur, rigueur, rigueur" en voulant narguer son collègue de Radio-Canada, Bernard Derome, qui avait annoncé, à tort, la défaite de Jean Charest dans son comté de Sherbrooke. Les trois "rigueurs" sont revenus constamment contre TVA dans les 14 ans qui ont suivi, car la station, les stations en général, dans le but de battre la concurrence, sont si empressées bien souvent que les erreurs pleuvent et les plus pressés à être "le premier sur la nouvelle" c'est pas mal souvent TVA. Un excellent contre-slogan serait "précis sur la nouvelle". Ce serait déjà plus professionnel.
Mais revenons à 1981. Le 13 avril 1981. La situation a été rien de moins qu'hyper catastrophique. Le contexte est alors particulier. Le journal Le Devoir est en grève, mais les employés des stations télés et radios de Radio-Canada, les salles de nouvelles le sont aussi, et eux, depuis octobre précédemment. Il n'y a donc aucune préparation en amont de la soirée électorale à R-C.
La station télé TVA voit alors l'occasion de s'imposer et prendra en charge la soirée électorale municipale. Radio-Québec, l'autre station télé, se joindra aussi à TVA. Radio-Québec sort elle-même d'une grève de trois semaines d'avec ses techniciens.
Simon Durivage, passé à Radio-Québec, anime, des commentateurs comme Louise Beaudoin, Fernand Grenier et le Libéral Jean-Noël Lavoie qui était député (encore récemment) avant d'être une voie d'accès d'autoroute. Mathias Rioux et Jean Cournoyer, alors populaires animateurs politiques, seront aussi de la partie. Radio-Québec et TVA ne veulent pas manquer leur coup, et s'entendent afin d'utiliser un même ordinateur. L'ordinateur n'est pas encore hyper domestiqué partout et quelques mois auparavant on était tout fiers d'annoncer l'arrivée du nouveau IBM. Que personne ne maitrise encore complètement.
On confie alors la gestion de "la machine informatique" à une firme externe, IP Sharp, située à Toronto.
Quoi de mieux que des gens très loin pour nous parler de tout près.
CA-TAS-TRO-PHE!
Les premiers résultats qui sortent sont un peu étranges. Claude Ryan, alors chef du Parti Libéral, n'aurait que 0,2% des votes dans son comté. Loin derrière...Le candidat de l'Union Nationale, un parti qui se meurt. Dans le comté de St-Henri, à Montréal, c'est plus étrange encore. Le candidat du parti Marxiste-Léniniste et premier. Dans un comté de la région de Québec, on annonce qu'un candidat du parti Marxiste-Léniniste est même élu dans un comté du 418.
On commençait alors à blâmer les grèves, dans les chaumières, comme étant responsables d'élire des Marxistes-Léninistes. Les candidats de l'Union Nationale, parti moribond, je le répète, sont en avance dans pas moins de 27 circonscriptions. Rien ne fait de sens. Certains journalistes essaient d'expliquer la renaissance de l'Union Nationale. On parle même de la déception post-référendaire de 1980, pour justifier tout ça. Au final, L'Union Nationale ne fera élire absolument AUCUN député.
Les commentateurs ne comprennent plus rien, on s'agite, Jean-Noël Lavoie plus particulièrement frôle la colère. Il est Libéral et rien ne concorde. Ni ne lui plait. Simon Durivage patine mais on on comprend qu'il y a fort probablement un problème quelque part. Ce que Radio-Québec finit par faire est de syntoniser, en cachette le poste anglophone CTV. Et on réalise que le Parti Québécois est en avance. On réajuste en direct. Mais à TVA, terrain de jeu du médiocre, ça continuera de dégénérer. À la fin, on fera tout ça à la mitaine, par coups de crayons et appels téléphonies (avec fil). Mais dans la cafouillage, le tableau des statistiques montrera continuellement l'Union Nationale au sommet.
Ce sera un gouvernement Péquiste avec comme opposition, les Libéraux. Rien de ce qu'on n'indiquait la veille à la télé. Radio-Québec décide de ne pas payer le partage de l'ordinateur ontarien de TVA puisque les résultats n'avaient aucun rapport avec rien. TVA poursuivra IP Sharp (qui ferme ses portes en 2005).
Que c'était-il passé?
Les meilleurs résultats étaient associés par le "super" ordinateur, dans l'ordre alphabétique des candidats.
Un candidat Aaron battait facilement un Ryan sur les tableaux.
Rigueur autant qu'on voudra, une machine peut se dérégler. Derrière elle, il y a des hommes.
Toujours faillibles.
Fameux amateurisme, il y a 40 ans.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)