Avant chaque match des Canadiens de Montréal, depuis cette année, on rappellera que le terrain du centre Bell, sur lequel l’aréna est construit, et sur lequel le match sera joué, est un territoire non cédé des autochtones. Lesquels? On ne sait pas trop. Les historiens ne s’entendent pas là-dessus. J’avoue, même si d’origine autochtone moi-même, m’en sacrer un peu.
Est-ce que ça affecte vraiment mon maintenant? Mon demain?
Non. Fin de la discussion en ce qui me concerne.
Dans ma bibliothèque de films, j’ai la presqu’entièreté des films du réalisateur anglais, Alfred Hitchcock. Mercredi, j’avais envie d’un Hitch. J’avais 1h30 à tuer, tout seul. Je savais que les premiers films d’Hitchcock étaient relativement courts. J’ai commencé Blackmail d’une durée d’1h24.
Je n’ai pas été très loin dans le film. À la seconde
séquence, un homme et une femme reviennent d’une soirée qu’ils ont passé
ensemble, quelque part, au resto, cinéma ou ailleurs. On sait qu’ils ne se
connaissent pas beaucoup. L’homme flirte un peu et suggère à la demoiselle de
l’accompagner à son appartement pour qu’il lui montre sa collection d’art.
Celle-ci refuse. Il insiste longuement, lui reprochant quelques fois d’avoir
peur. Il négocie sur au moins 8 phrases et elle finit par céder. Alors que le
couple entre dans le complexe, le mari cocufié, qui se tenait tout près, à les épier,
harrangue l’homme qui amène sa date à l'appartement. Le couple continue sa route. Une
fois à l’intérieur, l’homme a un nouveau souci, inquiété par un courrier et doit parler à la concierge.
Il suggère à sa partenaire de la soirée de monter jusqu’à son appartement, sans
lui, le temps qu’il règle la chose avec la concierge en catimini. Plus loin, il suggèrera à sa partenaire de soirée d’essayer une robe, et finira par l’agresser.
C’est 1929. Le film a été tourné à cette époque et livré en
1929.
Si vous êtes sainement équilibré et avez usé de votre intelligence, vous avez remarqué dans ce que je vous décris, 4 gros drapeaux rouges.
-L’Insistance malgré le refus initial.
-L’hostilité dans la rue.
-Monter seule à l’appartement d’un inconnu pendant qu’il
règle des choses en secret au loin.
-Essayer une robe chez cet étranger, donc, momentanément se
dénuder, ne serais-ce qu’un peu.
De nos jours, dès la négociation dans la rue…enfin…j’ai
arrêté le film là. Je me sentais mal dans mon état de mâle. J’avais le cafard.
C’était le même jour où on apprenait le 24ème homicide de l’année au Québec. Quelques minutes après avoir entendu parler...d'UN 17ÈME FÉMINICIDE.
Aussi douloureux que ces chiffres soient, la moyenne des
féminicides par année, au Québec est de 10. Ça veut dire parfois 12 , mais
aussi souvent 7 ou 8. Nous en avons eu 17
et nous ne sommes pas en novembre encore. Juste au Québec.
17 fois, un homme a perdu la tête et a assassiné celle qu’il avait un jour…je ne peux même pas dire aimé, désiré serait plus près de la vérité. C’était tout frais à mon esprit, on en avait parlé aux nouvelles. Un homme de 36 ans a poignardé à mort Romane Bonnier, 24 ans, en plein jour, devant multiples témoins, en disant entre les coups « je suis désolé », ce qui est tout aussi bouleversant.
Désolé? En blackout mais en mesure de réaliser que ce que tu
fais est horrifiant et mortel ?
Tordu.
Et tellement tellement tellement tellement tellement tellement désolant pour nous. Tous ceux qui restent. Sa famille, ses collègues, ses ami(e)s, les Femmes en général, les hommes aussi.
C’est donc là? Partout? Cette chance que le bouton de la
pulsion assassine reste collé? Nos machines sont si peu fiables? Le gars a
attendu les policiers. Près du cadavre. Voulant peut-être réduire sa peine.
« Voyez? Je ne suis pas si mauvais ». CHRIST NON. Tu l'es. Tu redéfinis
l’horreur. Et fais considérer la chaise électrique.
On a interviewé des femmes dans la rue afin de leur demander si elles se sentaient en sécurité dans le secteur. Elles disaient que non. Je les comprends tellement. La rue Aylmer n’est pas une rue lugubre. Je l’ai roulée en patins à roue alignées au moins trois étés. C’est même une belle rue. Aujourd’hui teintée à jamais pour moi. Un homme étranger à tout ça. Imaginez une Femme. Même n’y habitant pas.
La possibilité d’une agression est bien réelle. Partout. C’est épouvantable. Je vis assez mal avec ça. Je n’arrive pas à saisir ces pulsions assassines. Cette manière de céder à la violence contre autrui. Il serait interdit de dire « il n’y a rien à y comprendre ». Au contraire. Il faudrait faire tout en notre possible afin de prévenir les féminicides. Véritable plaie sociale. En arriver à comprendre pour prévenir.
Impardonnable plaie sociale. Cruelle et vicieuse gangrène. Nous, mâles, avons ce « monkey on our back all the time ?” Dois-je
y croire? Nous avons cette pulsion malsaine irréfléchie, destructrice, infâme
en permanence qui dort en nous? Tout le temps? Non, c’est pas possible.
Mon exemple du film de Hitch n’est pas une critique en parallèle du jugement de Romane Bonnier. Romane a été victime d’une rencontre qu’elle n’aurait jamais dû faire. La séquence ne m’a que rappelé un évènement du jour. Qui m’a déprimé, je l’avoue. Plongé dans le marasme.
Faire de nous de meilleures personnes, tous les jours que la
santé nous donne, ça, ça affecte mon maintenant et encore plus nos demains.
À tous. Ensemble.
Il faut cesser de céder. Cesser de céder.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)