(tous les gens sur les photos sont morts ou disparus de manière inexpliquée-sauf la dernière)
Ils embarquent sur des bateaux parce qu'ils aiment la mer. L'océan. Ce qui le compose aussi. Y a beaucoup à aimer des océans et des mers. Je suis de ces amoureux. Non seulement il y a beaucoup de marins dans la lignée Jones, mais l'eau, la mer, les étendues d'eau, ce sont aussi, à mes yeux du moins, l'un des plus grands symboles de liberté que cette planète sache m'offrir.
Un de mes romans préférés sur terre se nomme d'ailleurs Océan, Mer d'Alessandro Baricco. Je pense même que, du tac au tac, si on me demandait quel est mon roman préféré à vie, je le nommerais spontanément.
Mais sur mer, si on est libre, y a aussi pas de lois. Pas de lois du tout. Tout peut y survenir et vous ne serez jamais accusé de rien. Sauf si vous êtes proprio d'un sous-marin et assez bête pour y tuer une jeune femme.
Quand le bateau taiwanais Win Far No 636 est revenu à quai, il comptait un membre d'équipage de moins. Un mort. Un observateur de ce qui se passe sur les bateaux de pêches. Eritara Aati Kaierua. Ce n'était rien de nouveau. Il y a un ou deux morts, tous les ans depuis 2015 sur des bateaux. On ne sait jamais de quoi ni comment. Et ce sont toujours des observateurs. Ceux-ci sont souvent jeunes, amoureux des animaux de l'océan, et horrifiés de ce qu'ils découvrent à bord de ces bateaux de pêches. Ils en sont aussi, au large, prisonniers. Et ne peuvent pas vraiment le quitter, une fois en mer. À moins qu'on les jette par dessus bord. Ce qui arrive puisque certain(e)s "tombent" à l'eau.
Si les observateurs ne peuvent rien empêcher sur les bateaux, les notes qu'ils prennent, elles, le peuvent, une fois livrées aux hautes directions des différents centre de supervision des pêcheries. Et ça, l'équipage le sait toujours. Ils sont donc toujours assez peu les bienvenu(e)s à bord. Et une fois à bord, souvent torturé(e)s. Les fille se font agresser sexuellement, d'autres voulant faire sécher leurs bottes et leur bas, les retrouvent jaunis ou plein d'urine. Leurs sous vêtements sont des items perpétuellement volés par les équipages. Ils ne sont pas tous comme ça. Mais plusieurs le sont. On a découvert, après autopsie, que Kaierua était mort d'une hémorragie suite à un traumatisme crânien. Il a donc été frappé à la tête. Assassiné. Par quelqu'un dont le bateau était maintenant loin ailleurs. Et dont l'équipage est continuellement renouvelé.
Entre 2015 et 2020, ce sont 9 observateurs/observatrices qui sont morts en mer. Tous pas en âge de mourir.
Leur travail est de répertorier les poissons pêchés et de préserver les races en danger. Voyez la délicate mission qu'ils ont à faire? Dire à des équipages, souvent composés de repris de justice ou de gens sans éducation et/ou sans manière que non, cette grosse prise probablement très payante, il faudra la remettre à l'eau. Ou "si vous gardez cette prise, je le dis au boss". Une phrase ou un feeling qui est parfois la dernière chose transmise à quelqu'un quelque part sur cette planète pour certains.
Il n'existe aucun protocole international afin d'enquêter sur les disparitions en mer. Un(e) observateur/trice est donc sans protection, et toujours bien seul, en mer. Greenpeace a sondé 19 organisations de pêches internationales et seulement 4 avaient quelques règles maisons pour savoir quoi faire quand il y a disparition, au large.
Ceux qui survivent sont souvent corrompus. On les paient pour qu'il trichent leurs données et ferment les yeux. 1 sur 5 dit-on. 84 cas de harcèlements ont été signalés des observateurs en un an. 23 harcèlements étaient d'ordre sexuel.
Vous trouviez que vous aviez un métier de misère? Imaginez le leur! Ils partent la tête pleines de rêves et de fantasmes idéalistes, vivent le cauchemar ou n'en reviennent tout simplement pas.
Il faut, selon des pros de l'observation, avoir de bonnes aptitudes sociales, mais aussi être capable d'hypocrisie.
Un documentaire aux statistiques lourdes (et erronées) qui traite principalement de l'industrie de la pêche en mer, et des fausses représentations de certaines grandes compagnies est en ce moment assez bouleversant (mais aussi assez malhabile) sur Netflix et fait beaucoup jaser.
Ça s'appelle Seaspiracy.
Une partie du film parle brièvement des disparus/assassinés en mer.
Plein de choses nous restent en tête et peut-être, moins en bouche, après avoir vu ce film.
Qui réussit sa mission. Nous ébranler.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)