Vous êtes dans une file.
On commence à les connaître les files depuis plus d'un an. À moins que ce ne soit que vous connaissiez quelqu'un, une personne âgée ou amoindrie par un handicap, laisser passer quelqu'un relève de la galanterie. Et rare. Se faire couper effrontément, dans une ligne, est parfaitement inadmissible en société civilisée. Socialement totalement inacceptable.
Je ne pense avoir à convaincre quiconque là-dessus.
Ce que je m'explique assez mal, c'est la même chose sur la route. Couper dans la file. Quand vous êtes au volant, qu'est-ce qui rend soudainement acceptable l'inacceptable? La carrosserie? Ce geste, toujours exigé de force est un viol d'intimité en tout temps.
Lors du retour à la maison, 5 fois par semaine, je ne prends jamais le pont payant de ma région, où bien souvent, le trafic y est aussi dense que sur le boulevard qui me ramène plus loin. Je ne vois pas comment je pourrais entrer dans mon investissement de toute manière. Je prends donc le boulevard pendant une vingtaine de minute dans un trafic, disons, raisonnable. Le dernier 350 mètres, pour accéder au pont, est un intense enfer bouleversant. Il peut prendre jusqu'à 30 minutes pour mener au pont pas payant. Les deux derniers feux de circulation sont décoratifs, les véhicules y allant au flair, selon les espaces.
Je suis déjà resté stationnaire sur une lumière verte pendant trois cycles de feux de circulation.
99,8 % des fois, je suis la voie normale de circulation. Quand je ne le fais pas, c'est parce qu'on m'a forcé "hors-piste". Il y a cette voie pour taxi et autobus qui s'annonce vers la fin ce qui complique absolument tout. Vous respectez la loi, vous restez dans la voie légale de circulation, et quand vient le moment légal de prendre la voie de droite (qui n'est alors plus une voie réservée aux taxis et bus), vous devez TOUS LES JOURS négocier la route avec des tricheurs qui roulent déjà impunément dans cette voie depuis trop longtemps. J'étais très heureux de voir la police les punir mardi dernier. Si il y étaient plus souvent, la police ferait fortune.
Ça doit facilement être l'un des secteurs routiers des plus stupides de tout Montréal. Et prouve par 1000 que marcher, faire du vélo, est beaucoup plus intelligent et sain.La semaine dernière, une de ses voitures tricheuse, illégalement dans la voie des autobus et taxi m'a fait la vie si dure, à mois qui était pourtant dans la voie légale tout le long, que j'ai dû accélérer et couper en lion agressif plus loin par en avant, car il allait me faire manquer le pont. Ça ce n'est que sur la droite. Sur la gauche, ils sont entre 20 et 23 TOUS LES SOIRS, à te promettre de te couper. Et parfois à se choquer que tu ne leur laisse pas d'espace pour qu'ils te coupent. Vous feriez cela dans une file, ailleurs? sans voiture?
Extraordinairement agressant et toujours étouffant. Quand ta journée de travail commence à 5h le matin, ce type de moment est facilement irritant. Je pratique ma zénitude. Je ne comprendrai jamais pourquoi je devrais même me soucier de la gauche quand tout ce qui m'intéresse se trouve à droite. Impossible de se tromper sur le tard, la file fait 350 pieds pendant 30 minutes!
Cette semaine, l'amoureuse s'est mérité un immense honneur dans son métier. L'honneur ultime pour sa profession. On est venu dans notre entrée lui remettre un trophée rappelant l'Oscar d'Hollywood et lour de 5 livres. Sa banque (internationale) en donne 75 parmi ses 80 000 employés mondiaux. Au Québec, c'est elle qui se l'est mérité. Elle avait gagné en janvier une croisière comprenant exclusivement des employés de sa banque (et leur +1, donc moi aussi) pour la 5ème fois comme ça. Les meilleurs de chaque pays y sont invités pendant une semaine sur l'eau et sur terre et le vendredi, un gala, sur la bateau, récompense les meilleurs parmi les meilleurs. On a pleuré des larmes de joie ce jour-là. D'autant plus que notre fille, notre bébé, devenait la quatrième et dernière personne légale pour conduire une voiture toute seule. J'ai pensé à elle dans le trafic dont je vous parlais plus haut.
Bien entendu, cette année, la croisière n'a pas eu lieu. On a bien tenté de compenser avec un catalogue virtuel de gugusse et un montant à dépenser. Mais on est jamais arrivé à trouver quelque chose de vraiment intéressant. Quand on a finalement un ensemble de 4 manteaux d'hiver, l'hiver a eu le temps de passer. Il y a une semaine, on nous disait que le stock était finalement en rupture à jamais et qu'il fallait se choisir autre chose. Torture qu'on a pas voulu refaire. L'amoureuse tente de se faire monnayer quelque chose. Bonheur légèrement étouffé.
Quand la brume du vertige de l'honneur qu'on lui faisait, quand elle eût cessé de remercier les gens qui la félicitait virtuellement de partout dans le monde, on réalisait que ce même prix aurait eu un autre goût, sur une scène, sur un bateau, sous les projecteurs, devant les collègues de partout dans le monde. Il ne fallait pas s'arrêter à ce xème étouffement de satisfaction depuis plus d'un an.
La pandémie vide par 10 000 BTU les bonbonnes des beaux efforts méritoires.
Il faut oublier les voiles.
Qu'est-ce qu'on a jamais aimé les voiles ailleurs qu'en mer.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)