mardi 30 mars 2021

À La Recherche Du Temps Perdu***************La Crucifixion en Rose d'Henry Miller


 Chaque mois (dans ses 10 derniers jours) tout comme je le fais pour le cinéma (dans ses 10 premiers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois immenses passions: la littérature.

J'adore lire qui, dans mon métier de traducteur est indécollable de la tâche. Je n'ai jamais l'impression de continuellement travailler quand je traduis puisque je lis tout le temps de toute manière.  


Lire c'est accepter de plonger dans le monde des autres. C'est apprendre, c'est se surprendre. C'est découvrir, être impressionné (ou pas) c'est comprendre la grammaire, l'orthographe et les structures de phrases sans vraiment essayer. C'est confronter sa vision des choses avec celle d'un(e) autre. C'est avoir un rythme de respiration, un souffle différent, et naviguer dessus un temps.

Lire c'est apprendre à respirer autrement.  

Et respirer, c'est vivre. 


LA CRUCIFIXION EN ROSE
d'HENRY MILLER

SEXUS, PLEXUS, NEXUS

Explorer la trilogie de la crucifixion en rose c'est un peu comme découvrir son band de punk favori offrant soudainement un album de jazz funk avec des parfums de hip hop. Henry Miller aimait les trilogies. Sa trilogies de l'Obélisk (du nom de la maison de presse qui la publiait) regroupait de ses écrits des années 30, Tropic of Cancer, Tropic of Capricorn et le désespéré Black Spring. Voilà 3 autres oeuvres à ne pas négliger si on aime un seul des trois livres de la Crucifixion en Rose. 


Ses livres sont tous explosifs, originaux et colériques. Comme avec des auteurs comme Kerouac, Phillipe Dijan ou Nelly Arcan, on lit d'abord, un tempérament. Quelque chose que Miller appelait "un coup de pieds dans les culottes de Dieu". Assez peu de choses ont été écrites comme il l'a fait avant qu'il ne le fasse, ce qui lui a valu de multiples censures. Bien qu'écrit respectivement en 1949, 1953 et 1959, ils ne verront le jour largement qu'en 1964. Après des passages devant les tribunaux, alors qu'on criait à la pornographie et l'indécence. 

C'est l'honnêteté qui a gagné. 


Miller documente la période de sa vie, à New York. Rêvant de devenir écrivain pouvant se retirer en Europe. Miller est en constante recherche de liberté. Une vie dénudée de contraintes. Une vie qu'il ne peut pas vivre aux États-Unis, qu'il considère comme une prison. La plupart des situations dans lesquelles il se trouvent finissent par l'étouffer. Sa femme, sa fille, son travail à la Cosmodemonic Telegraph Company, dans ses longues marches dans Brooklyn ou sur Broadway, entre les gratte-ciel de New York, dans le béton de New York. Il vise l'Europe. Il vise la vie d'écrivain.

Ça peut agacer. Ça peut même mettre en furie. Est-ce que ses choix de décadence et de multiples rapports sexuels sont les bons? Tous ses personnages qu'on croise vraiment pas longtemps font en sorte qu'on s'attache plus vite à ceux qui restent. C'est si hédoniste et dandy que ça a fait la gloire de Miller. Et qui a tant plu au mouvement beat. Mais la frustration, la vraie, c'est l'écrivain lui-même qui la traduit sur pages. Sa vie littéraire semble hors de portée. 


Plusieurs ont dit que Miller qu'il était sexiste et misogyne. Étrange puisque celles qui me le recommandaient étaient toutes ses Femmes. Séduites par ses écrits. Trois différentes qui ne se connaissent pas. 

Ça dépend toujours des yeux qui lisent, ces choses là. Je vois surtout un homme brutalement honnête. Et tragiquement direct. On a parfois l'impression qu'il s'impose dans notre salon avec ses visions. Qui sont, oui, à certains moments, révoltantes. Mais je pense qu'il est aussi important de lire l'excès pour en comprendre l'essence. 


Ses livres sont des confessionnaux que certains trouveraient honteux. Il n'a peur de rien et dévoile. Il expose ses propres côtés déviants. On le sent si nu. Il l'est aussi, au sens propre, répondant à des pulsions sexuelles parfois bizarres, parfois primaires. De toute évidence, avec l'espace qu'il accorde au sexe dans ses trois livres, il visait le comité de censure et voulait déconstruire les oeillères hypocrites des faiseurs de loi. Tropique du Cancer était aussi banni des tablettes. Mais c'est Miller qui a fini par gagner au bout du coït compte. Et le grand pubis public aussi. 

Miller voulait une révolution et il l'a eue. Ne cherchez pas un fil narratif plein de revirements. Vous y lirez une personnalité et un tempérament. Un milieu. Ce n'est pas complètement pour tout le monde. Faut aimer affronter les effrontés.  


Faut aussi aimer les gens épris de liberté. En reprenant contact avec une amie qui me l'avait recommandé il y a déjà presque 20 ans, je lui demandais si, avec le temps, elle le recommanderait toujours. Elle m'a dit oui.

Avant de rajouter, je le relirais des milliers de fois. 

Je lui redonnerai sa copie...

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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)