J'ai travaillé avec Julie Snyder. J'y reviendrai.
C'est l'écoeure de mon propos.
J'ai aussi grandi principalement sur la rue Belvédère à Sillery. Coin Chemin St-Louis. Nous étions la frontière Sillery/Québec. Vraiment le coin. À gauche Sillery. Derrière Sillery. En face et à droite, Québec. Vraiment le coin. Là où le Chemin St-Louis (de Sillery) devient Grande-Allée. À 10 minutes de marche des Plaines d'Abraham. Un certain bonheur. Un bonheur certain. La proportion, chez les enfants était de 12-3 entre les gars et les filles. Avantage, filles. Parmi elle, il y a avait une autre Julie. Julie D.Syd. Presque le même nom que l'autre. Le même tempérament en tout cas. Si apeurée de la solitude qu'il fallait toujours qu'elle organise quelque chose. Des pièces de théâtre, des spectacles de magie, des spectacles de chansons, des hommages à Grease, des tournois de cordes à danser. Oui, j'ai joué de la guitare sur You're The One That I Want avec des verres fumés et une peau de cuir sur le dos avec comme guitare une raquette de tennis.
Julie D.était la cheffe de tout ce qu'elle organisait. Ce qui ne me plaçait pas parmi ses favoris. Elle avait trois ans de plus que moi de toute manière et quand tu en as 8, 11 ans, c'est déjà beaucoup plus vieux. je gardais mes distances de cette Germaine. Mais mes 2 soeurs plus jeunes, (7 et 5 ans) étaient des proies faciles pour Julie D. Elles embarquaient de plein gré dans ses galères. Elles s'amusaient. Guidées. Mais Julie Dé a un jour frappé son waterloo, comme on dit, par ici.
Elle a organisé des Olympiques Spéciales de la rue Belvédère. Impliquant tous les enfants de la rue. De ma petite soeur Greenjelly (5 ans) à Rock Brutt (14). Les au moins 10 des 15 enfants de la rue. Pas moi. J'avais signé mon traité d'indépendance de ce groupe. J'était un des trois seuls garçons de la rue, j'avais droit à certaines exclusivités royales. Et je faisais tant de sport, ça intimidait mesdames pour leurs activités plus créatives. Elles ne me pensaient pas tellement artistique. C'est dire à quel point elles n'étaient pas attentive. Bref, la première épreuve était celle-ci: un tournoi de boxe. Les concurrents étant pigés dans une casquette des Expos. Quelqu'un avait deux paires de gants de boxe de je-ne-sais-trop où et la première épreuve allait faire boxer les enfants.
J'étais plus loin, lançant toujours le même ballon dans le même panier de basket quand j'ai aperçu Greenjelly (5 ANS!), les gants aux poings, les yeux pleins d'eau, face à ROCK BRUTT (14 ANS!) qui, le temps que je constate ce qui se passait, lui envoyait une solide droite au visage. J'ai sauté dans l'arène et tout de suite fait arrêter la conne activité vociférant contre les penseurs de ce jeu crétin (et secrètement contre mon autre soeur qui n'était pas intervenue). Ma mère ou mon père sont ensuite intervenu eux-mêmes et la retirant de cette olympiade mal réfléchie.
Comme si j'avais soupçonné d'autres conneries du même genre, j'était alors resté pour voir la seconde épreuve. Mais je n'étais encore si clever et n'ai pas complètement pensé protégé ma seconde soeur, Janiper Juniper. Je restais pour peut-être y participer, et ainsi venger ma brave petite soeur. Mon père, plus responsable, traînait aussi autour. Il avait tout de même encore une enfant dans cette olympiade, et je menaçais de m'y impliquer, peut-être. Et après tout, quand aurait-on su qui avait gagné le combat de boxe? quand l'autre serait inconscient(e)?
La seconde épreuve allait marquer la fin des activités de Julie D.Syd à jamais. Ceux qui connaissent la rue Belvédère savent que, que ce soit sur Belvédère même ou le Chemin St-Louis qui fait le coin, il y a toujours beaucoup beaucoup beaucoup de trafic (pour Québec). L'épreuve 2 était de simplement traverser la rue (Belvédère) le plus vite possible. Avant même que quelqu'un s'essaie mon père a hurlé.
"BEN VOYONS DONC! ET SOUHAITER NE PAS SE FAIRE TUER? C'EST QUOI CES IDÉES LÀ?".
Je me rappelle que les jeux n'ont jamais été plus loin. Et que mes soeurs ne suivaient plus les projets de JDS par la suite.
Jeudi, alors que je venais de faire le constat que l'offensive du Canadiens de Montréal, après un début de saison offensivement spectaculaire, redevenait le club de tire-poids d'antan, j'avais la zapette de la télé molle. L'amoureuse ou quelqu'un d'autre en a pris le contrôle et a atterri sur l'émission de Julie Snyder. Émission qui a remplace en quelque sorte les jeux de 5ème année que faisait Éric Salvail avant qu'on ne découvre qu'il soit un dégénéré sexuel. Salvail est d'ailleurs issu de l'école Snyder où il était meneur de foule à ses débuts.
Dans la morosité d'une défaite des Canadiens j'étais peu attentif à ce qui se passait. J'ai entendu Snyder dire qu'après la pause, on lui injecterais du botox en direct. Je n'y ai pas cru. Mon cerveau ne l'a pas enregistré complètement. Jeremy Demay, un humoriste qui peine à me faire rire semblait le trait d'union comique entre l'injection du botox en studio, en direct qu'on ferait avec Julie, et sa propre hygiène faciale qu'il s'était fait faire. Là j'ai commencé à suivre. C'était comme voir une ado apprendre à se faire vomir pour ne pas être "grosse". Julie a eu une seringue dans la peau du visage pas moins de 11 fois.
"Font-ils cela pour vrai?" ai-je dis à voix haute. Puis j'ai vu la pauvre clinicienne, qui semblait tellement plus sérieuse que tout le monde autour, qui étaient tous très agité. J'ai cru comprendre qu'on essayait d'emballer tout ça d'humour, mais à mes yeux rien n'était drôle. C'était même tragique. Avec forte insistance sur le lettres 7 à 12 du mot Cauchemardesque. Snyder a insisté pour dire qu'il ne faille pas faire cela trop jeune, il faut attendre que ça vaille la peine.
Cringe et Snyder ont tous deux 6 lettres.
Diable aussi. L'enfer c'est Snyder.
De la pop tarte. Quel message envoyait-elle? J'étais tellement inconfortable, j'en ai fait des cauchemars dans la nuit.
J'ai rêvé de seringues qui descendaient en ascenseur (!?! c'est un rêve) et qui me piquaient la face et me rendaient tellement gonflé que plus personne ne me reconnaissait. Pas même mes enfants. Et ça me rendait si triste...
J'ai travaillé avec Snyder, je dirais, disons, que ce n'est pas complètement de sa faute.
La diablesse est courageuse face à des démons personnels.
Mais après avoir été plutôt professionnelle face à Jacinthe René il y a tout juste une semaine, ancienne actrice qui fait face à des accusations sérieuses, j'ai aussi senti que Snyder avait, elle aussi frappé son waterloo...
What The fuck? ont été les mots qui m'ont mené au lit. Comme la Julie de mon enfance, le jugement était allé se faire foutre.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)