Le film de la jeune franco sénégalaise Maïmouna Doucouré, Mignonnes, disponible sur Netflix a, une fois de plus, fait crier les hyprocrites des États-Unis. Le pays qui bandait sans se cacher sur Nadia Comenaci, Brooke Shields et Jodie Foster en 1978 et qui a protégé trop longtemps Weisntein, Trump et Epstein.
C'est un formidable film d'1h36. Une bouleversante fiction, beaucoup trop vraie.
Le film est féministe et activiste. Ce qui suffit, en général, à faire complètement flipper les penseurs de la droite des États-Unis. Et c'est ce qui est arrivé la semaine dernière. Le site douteux Breitbart en a parlé en mal pas moins de 6 fois en 2 jours, le très dangereux Tucker Carlson en a fait le sujet principal de l'une de ses soirées de cultes télévisuelles, le #cancelNetflix a été l'un des clics les plus populaires de la semaine. Une pétition de 6000 noms a aussi été produite pour que le très beau film soit retiré de l'accessibilité.
Drinking bad faith |
Pourquoi? parce qu'on accuse le film d'avoir été tourné pour le plaisir visuel des pédophiles.
Les critiques qui ont louangé le film, imparfait mais qui mérite bien des éloges je ne le répéterai pas assez, ont même été ciblés par les médias d'extrême droite et ils ont reçu des menaces de mort.
"They (they? qui?) want to destroy young girls" a dit Tucker Carlson dans son porte-voix calamiteux.
Parmi tous ceux qui ont critiqué le film, peut-être 4% ont vraiment pris la peine de voir le film. Contre argumenter sur leurs propos est un peu comme se présenter avec un couteau dans un duel au fusil. Ces gens appliquent une version révisée raisonnement du "We know it, when we see it". Mais ils n'ont rien vu. Ils ont perçu.
Par définition, pour que la pornographie existe, il doit y avoir une intention. Que Doucouré ait réussi ou non à faire passer son message, son intention est claire. La fille de 11 ans de son film est déchirée entre la culture répréssive de ses racines islamistes conservatrices et l'hypersexualisation occidentale ou plus on montre de peau, plus on obtient de support en Likes sur les réseaux sociaux. Lors du spectacle de danse final, la réaction du public devant lesquelles les 4 pré-ados dansent est sans équivoque. Ils huent, ils cachent les yeux des enfants, ils secouent la tête négativement. Ils sont contre la sexualisation de certains gestes.
La sexualité est en nous tous.
On prétend que Mignonnes ("Cuties" en anglais) peut exciter les pervers. C'est probablement aussi vrai que lors d'un visionnement d'un clip d'Ariana Grande, Cardi B, Iggy Azaela ou n'importe quel compte Instagram, Tik Tok ou Snapchat sur terre.
Il y a beaucoup, dans le film de Maïmouna Doucouré, qui soit effectivement alarmant. Et ça se doit de l'être, c'est le propre du drame. C'est aussi ce que voulait Doucouré, qu'on en discute. Elle a passé plus d'un an a exploré son sujet en interviewant des jeunes filles aux ambitions de danseuses de 11 ans.
Elle y a trouvé son casting.Amy est attirée par un groupe de filles de son âge qui se prénomme Les Mignonnes. Amy est souvent rappelé au "devoir" de la femme par sa famille. Presque toutes les femmes autour d'elle ne vivent que pour les autres. Le film traite aussi de la dignité. Quand sa mère fait des appels pour annoncer que son époux est retourné au Sénégal pour se magasiner une seconde épouse, on comprend toute la peine qui se transmet de mère en fille. Amy refuse cette chose. Elle sera de l'équipe de danse. Et à l'aide d'un téléphone volé, sorte de talisman de la liberté, mais peut-être aussi nouvelle prison et arme se retournant contre celle qui le manipule, Amy sera au coeur des gestes hypersexués reproduits. Est elle vraiment plus libre? pas encore.
Le jeu des jeunes Fathia Youssouf, sous le lit écoutant sa mère au téléphone, parlant de son rêve récurrent, dans une scène de transe qui est un exorcisme à deux tranchants, les larmes de Medina El Aidi ou Esther Gohourou sont tout simplement si vraies qu'on croit complètement à ce qu'on voit.
Certains éléments de mise en scène, le dub dans la cour de récré en début de film, la manière d'annoncer les premières règles, le plan final (oscarisable) qui m'a amené les larmes et qui nous as montré une jeune femme peut-être enfin libre, sont de grandes qualités de ce film à voir, sans faute. Qui m'a beaucoup séduit pas sa camaraderie féminine, qui a ses imperfections, comme toute saine amitié.
À un certain moment, la grand-mère dit à Amy sur le ton des reproches "Tu ne fais que ce qu'il te plait".
C'est, à l'insu de grand-mère, le plus beau des compliments au final. Et la philosophie d'une vie pour une femme dans un monde idéal. Mais nous ne sommes pas dans un monde idéal. Notre monde est imparfait.
De nos jours, plus une femme est sexuellement objectifiée, plus elle est populaire. Plus elle gagne en valeur sur les réseaux prétendus sociaux. À 11 ans, tu ne comprends pas tous les mécanismes que tu tentes de copier de tes idoles. Il est urgent d'en parler. Là, la réalisatrice marque des points.
Un débat sur la chose est souhaité. Mais ce qu'on a, à la place, est une fraude typique, toute 2020, de la droite des États-Unis.
Et une autre constatation frappante: Si les gens de la droite crie au viol de la moral: précipitez vous pour aller voir ce dont ils s'insurgent.
Vous en apprendrez autant sur leur problèmes de mécanique à eux.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)