En Europe, chez les communautés Arabes et dans les pays latins, en Haïti aussi, il est très fréquent de se faire la bise autant pour se dire bonjour que pour se dire au revoir.
Au Luxembourg, on pratique généralement 3 bises.
En Belgique francophone, on en donne généralement un seul.
Chez nous, au Québec, ça ne fait que quelques 50 ans qu'on pratique la chose. De manière fort inégale. J'y reviendrai.
En Serbie, Le nombre de bises importe peu en autant qu'il soit impair. Quand il est pair, c'est parce qu'il s'agit d'une nouvelle triste (des sympathies pour un enterrement par exemple).
En Allemagne, on se fait très très peu la bise. Seulement dans des cercles très restreints. Une ou deux bises aux amis ou aux personnes qu'on connaît, mais c'est généralement dans les millieux sociaux huppés, pas ailleurs.
Aux Pays-Bas, On fait trois bises en commençant par la joue droite.
En Suisse Romande aussi, trois bises, mais en commençant par la joue gauche.
Avec la Covid-19, c'est maintenant terminé.
Largement non recommandé dans le monde.
Peut-être à jamais.
Et c'est pas moi qui vais pleurer.
Ici, on le fait, mais depuis si peu longtemps, deux bises, entre gens qu'on rencontre parfois pour la toute première fois, et généralement d'hommes à femmes et vice-versa, pas vraiment d'homme à homme. Quoi que ça, c'est de plus en plus populaire ici, dit-on, dans notre société non-binaire. Les femmes entre elles le font en revanche très souvent. Deux bises. Mais pas avec des inconnues. Des proches, des amies.
Ça a toujours été un malaise pour moi.
Peut-être en raison de cette gênante anecdote de mon "enfance". Je ne sais pas j'avais quel âge. Je ne veux pas complètement le savoir, non plus. Avant de se coucher, on avait l'habitude, mes soeurs et moi, d'embrasser nos parents avant de se rendre au lit. Une seule bise sur la joue.
Je ne sais pas à quel âge mais je revois très bien la scène. Mon père est assis devant le foyer du salon où y brûle un feu. Je lui dit "bonne nuit" en lui donnant une bise. Il me dit alors, gentiment, sans brusqueries, que je suis peut-être un peu vieux maintenant pour donner des bises à papa avant le dodo. C'était pas dit méchamment. Ni avec un ton agressif. Et c'était pas ce ton qui me traumatisait alors. C'était que je ne m'en étais pas rendu compte moi-même, tout seul, le grand garçon, premier de la famille.
J'avais eu si honte.
On dirait que je ne m'en suis jamais remis. Jamais, une autre fois, n'ai-je donné une bise à quiconque, sans une certaine nervosité.
Et maintenant que j'ai une barbe, j'ai l'impression que je ne fais pas du bien aux tendres joues féminines d'aucune manière avec ma laine d'acier.
Jamais on ne nous as parlé du comment ni du pourquoi de la chose, nulle part. On avait pas complètement besoin, on savait que c'était pas convivialité, par acceptation de l'autre, par gentillesse. On a ( J'ai) improvisé la chose sur le moment toutes les fois. Ce qui fait que parfois j'ai fait la bise à de nouvelles connaissances, parfois pas. Et parfois j'ai fait des bises à certaines et pas à d'autres. Et chaque fois, je me suis demandé si cette personne s'en offusquait et pensait que je ne le faisait pas parce que je la trouvais repoussante. C'était peut-être parfois vrai, inconsciemment.
Chaque fois que je ne l'ai pas fait c'était parce que déjà, la première bise m'avait été inconfortable.
Dans le temps des fêtes, au party du Château Frontenac, notre patron du 418 nous as présenté sa très belle épouse qu'on ne connaissait pas, nous du 514. Tout le monde lui a fait la bise. Mais personne n'a fait la même chose avec les employées de Québec, aussi beaucoup moins ravissantes. Qu'est-ce qui commandait quoi?
J'ai vu, une fois, alors que tout le monde se faisait la bise, une femme éternuer bruyamment avant de pouvoir faire la bise, paralysant du même coup tout le monde dans la chorégraphie d'arrivée. Très inconfortable. On avait finalement opté pour le câlin avec elle.
"Tu viens nous donner le rhume ma tannante!" avait-on dit dans le vide des conversations de "bonhommes et de madames". HOHOHO! HAHAHA! prout!
De plus, plusieurs fois, des femmes m'ont dit que quelqu'un qui parle en donnant ses bises est toujours légèrement ridicule. Il paraît surexcité, mal coordonné et...creepy. La bise, peut-être pas d'emblée confortable, parait pire encore avec cette bouche qui gigote contre sa propre joue. Plus horrifiant encore, en embrassant et en parlant en même temps, on court le risque de carrément baver sur la jouer de l'autre! Sans baver, si vous êtes en train de dire quelque chose comme "Patrick Pépin est-il presque parti, pardi?" en donnant la bise, vous avez de bonnes chances de postillonner.
Enfin...
Depuis trois-quatre ans, j'ai une barbe. Pas généreuse, mais une barbe. Que j'aimerais ne plus avoir bientôt, mais ça c'est une autre conversation. Moi qui n'était pas 100% fervent de la bise entre gens, même les proches (sauf ma mère et mes soeurs, sa mère, notre belle-soeur et la soeur de l'amoureuse,quelques amies), je n'ai jamais vu d'un mauvais oeil ce deuil que j'ai d'abord pensé, comme tous, assez temporaire.
Le voilà quasi permanent ce deuil. Quasi obligé. Fortement recommandé. Cette manière est mourante.
Ne nous faisons plus la bise exige-t-on.
J'oblige.
C'est pas moi qui irai militer pour que ça revienne.
La poignée de main, pas fâcheux de la voir peu à peu disparaître non plus. Pour une autre conversation aussi.
Gardons nos côtés palpables et tactiles dans nos intimités intimes.
J'ai parlé à ma mère, elle m'a dit l'âge que j'avais quand mon père a suggéré qu'on cesse de se faire la bise, c'était 31 ans*
*Beeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeeen non! je vous niaises! Grosses bises! XX
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)