24 septembre 1986.
Lisa Dedmond, Steven A.Jones et John McNaughton lancent le film Henry: Portrait of a Serial Killer au Chicago International Film Festival. Le financement pour le film a été extrêmement ardu puisque le sujet est lourd, sombre et violent.
Après voir visionné un reportage sur les sales vies de Henry Lee Lucas et Otis Toole, McNaughton s'en inspire (avec Richard Fire) pour écrire sa fiction inspirée des faits. Le film peinera à avoir une vie dans sa distribution car jugé beaucoup trop violent, dur, voire abject selon certains. Insupportable à voir.
On coupe 38 secondes au montage, On suggère une sortie avec classification "R" pour "restriction" ou "X". Mais "X" est associé au pornographique, ce que le film n'est pas, et aucun nouveau montage ne pourra être laissé à "R" qui appelle à la discrétion publique, donc chaque personne de moins de 17 ans doit être accompagnée d'un adulte et à la distribution restreinte. Le film est définitivement trouble. Autant que Joker l'a paru à certains.
Avec des films comme Midnight Cowboy (1969) ou A Clock Work Orange (1971) on s'était entendu pour que les mineurs ne soient jamais admis en salle. Non-pornographique, mais non pas pour les enfants. Coté X. Mais le X étant devenu si synonyme de pornographie, il fallait maintenant changer ça. Henry... était un film qui se classait dans le même moule que A Clock Work Orange. En moins bon, mais tout aussi brutal dans son développement.
Un débat débute. Le facteur indécisionnel de la chose affectera la distribution, le succès public du film en souffrira même si une saveur culte en naît.
11 septembre 1989.
Presque deux ans, jour pour jour, du Royaume-Uni cette fois, un autre film plonge le monde du cinéma dans le questionnement. The Cook, The Thief, His Wife & Her Lover, de Peter Greenaway, un de mes films préférés à vie, est lancé. Le film fait se côtoyer beauté, horreur, grâce, violence et sexualité. On pense tout de suite X. Mais le film est à la fois si beau et gracieux...On ne sait pas comment le coter. Sa distribution en souffrira aussi. Aucune cote ne semble servir ce merveilleux, potentiellement dérangeant, film.
26 janvier 1990.
Le réalisateur Espagnol Pedro Almodovar lance son film Àtame! qui raconte l'histoire d'un patient d'hôpital psychiatrique, libéré, et qui pense que l'amour se construit comme un cours d'école, à coup d'efforts, de persistance et de dur labeur. Il est plus animal qu'humain. Il kidnappe une actrice de son goût, et la séquestre dans le but qu'elle tombe aussi en amour avec lui.
Trouble encore.
Et si certains désaxés ou mal mûris mentalement y voyait un ABC de leur avenir? On ne sait pas comment coter. Ce sera la troisième prise sur un questionnement qui dure depuis trois ans. On créé alors la nouvelle cote NC_17. Ou si vous préférez "aucun enfant en bas de 17 ans ne sera admis en salle.
Le 26 janvier 1990, j'ai alors 17 ans.
La semaine d'après, 18.
J'ai vu les trois films. Les deux premiers, en salle, au Clap, à Québec.
C'est Miramax, distributeur qui a à sa tête Harvey Weinstein qui forcera la nouvelle classification. Il traînera la cause devant des juges pour faire changer les classifications X originalement posées.
Ironique de penser qu'en privé. ce même Weinstein serait un prédateur aussi dangereux que ceux exposés dans certains de ses films.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)