Issur Danielovitch Demsky (1916-2020)

Issur Danielovitch Demsky est né à New York de parents ayant fui la Biélorussie pour des raisons politiques.

Il est le quatrième enfant d'une famille qui en compte 7. Il n'a que des soeurs. Ils vivent dans une misère teintée d'antisémitisme. Seul garçon étouffé par une multitude de grandes sœurs et en quête pathétique de reconnaissance vis-à-vis d'un père indifférent il est en constante agitation.

C'est après avoir récité un poème à l'école et reçu des applaudissements que le jeune Issur décide de devenir acteur. Une ambition non partagée par sa famille. A l'université, le fait d'être juif et fils de chiffonnier lui attire l'antipathie de nombre de personnes mais le jeune homme trouve une façon d'imposer le respect : la lutte, où il excelle.

En 1939, il décide d'apprendre la comédie. Un ami lui propose de changer son nom. On lui propose Kirk et un nom commençant par un D, puisque Issur en a deux dans son nom original. Issur choisit Douglas. Il entre ensuite à l'académie américaine d'art dramatique où il étudie en compagnie de Betty Bacall (future Lauren Bacall).
 

Pendant la guerre, il se marie. Réformé à la suite d'un accident, il retourne à New York où Lauren Bacall  lui permet d'obtenir un petit rôle dans The Strange Love of Martha Ivers. Maintenant père de deux enfants, il se sépare de sa femme. Instinctif et audacieux il choisit des films dont il flaire le bon scénario plutôt que les grosses productions qui le rendrait riche.
 
Il signe alors un contrat avec la Warner et enchaîne plusieurs films qui lui permettent de rencontrer et de séduire un grand nombre de stars féminines. Rita Hayworth et Gene Tierney passent par son lit.  Étouffé par l'emprise du studio, il décide de ne pas renouveler son contrat à sa toute fin. Il tourne avec Howard Hawks et Vincente Minelli et décroche avec ce dernier une nomination aux oscars comme meilleur acteur. 
 

Il tourne trois films en Italie pour deux jeunes producteurs Dino de Laurentiis et Carlo Ponti. A cette époque il rencontre Anne Buydens, une assistante dont il tombe amoureux et qu'il épouse en 1954. La même année il tourne le succès 20,000 Leagues Under the Sea. L'acteur à succès devient producteur et crée la Bryna, du nom de sa mère. Il produit dès 1955 de gros succès du box office. 
 

Dans Lust for Life, qui raconte la vie intense de Vincent Van Gogh, Kirk Douglas est entraîné aux limites de la schizophrénie, l'acteur ayant du mal à entrer sans conséquences dans l'âme tourmentée du peintre. Là encore, il est nommé pour l'Oscar du Meilleur Acteur sans toutefois l'obtenir. Il tourne ensuite avec son ami Burt Lancaster dans Gunfight at the O.K. Corral. Sa composition du personnage de Doc Holliday marque 1956. La même année, il s'investit dans la production et l'écriture d'un autre film tiré d'une histoire vraie, Paths Of Glory qui permettera à un jeune génie de faire ses preuves. Le film ne rapporta pas beaucoup d'argent puisqu'interdit dans un grand nombre de pays européens. Douglas dira toute sa vie que ce film sera son préféré de tous les films auquel il aura pris part. 

 

Vexé de ne pas avoir été choisi pour interpréter Ben-Hur il choisit de faire son propre film épique en adaptant au cinéma l'histoire de Spartacus, l'esclave qui fit trembler Rome.  Le film a un tournage extrêmement difficile, Douglas remplace Anthony Mann par Stanley Kubrick à la toute dernière minute à la réalisation. Le film est toutefois un immense succès de 1962 et le pouvoir de la star est à son zénith.
 
Alors que les États-Unis sont en pleine chasse au communiste, il n'hésite pas à faire des choix courageux et à engager les scénaristes placés sur la liste noire de la commission McCarthy. Il donne du travail à Dalton Trumbo et triomphe aussi au théâtre dans la pièce One Flew Over The Cukoo's Nest, qu'il compte adapter au cinéma. 
 
En 1969, il tourne avec Elia Kazan puis avec Joseph L. Mankiewicz dans un western original et déroutant: There Was A Crooked Man.  Henry Fonda, Burgess Meredith et Warren Oates sont à ses côtés dans ce film.
Après une autre adaptation assez sombre d'un roman de Jules Verne, il décide de passer derrière la caméra.
 
Sur un sujet qu'il pense rentable, avec un budget correct, Kirk Douglas tourne Scalawag adapté de Treasure Island, un roman d'aventures de pirates écrit par Robert Louis Stevenson entre 1881 et 1882. Le tournage est catastrophique comme en témoigne le journal de bord et le film est un échec total. Deux ans plus tard, il réitère l'opération avec un western de qualité mais qui ne trouve pas son public. Ce dernier film incite la star à s'éloigner de la réalisation. 
 

En 1975, c'est son fils Micheal qui traine fièrement le nom Douglas aux Oscars alors que c'est lui qui produira le rêve de son père en film qui rafle tous les honneurs aux Oscars. Kirk en profite pour faire un pas en arrière et lui laisser tout le terrain. Il ne fera que les projets qui lui tentent.
 
En 1986, il tourne avec son ami Burt Lancaster dans Tough Guys.
 
Kirk a la couenne dure et il survit miraculeusement à un grave accident d'hélicoptère. Freiné par une attaque cérébrale en 1994, il ralentit ses activités cinématographiques.
 
Une attaque cardiaque en 2001 lui enlèvera tout espoir de retourner au cinéma. Ce qui ne l'empêchera pas de défier a mort en jouant auprès de son fils, Micheal, et de son petit-fils Cameron, dans It Runs In The Family en 2003. 
 
En 2004, Kirk Douglas perd un fils, son plus jeune, Eric, qui meurt d'une overdose.
 
Outre quelques romans de fiction, il publie la première partie de son autobiographie en 1988. L'ouvrage est un succès mondial lors de sa sortie.

La deuxième partie, parue en 2000, est un texte sur la découverte par l'acteur de sa propre judéité.

La troisième partie, parue en 2002, raconte l'accident cérébral dont il est victime en 1996. . Diminué et incapable d'émettre le moindre mot, il raconte la violente dépression qui suivit et la redécouverte de l'amour de la vie et des siens. Le livre se clôt par un hilarant « Manuel de survie ».

La dernière partie sort en 2006 pour ses 90 ans. . Il y parle de l'équilibre et de la quiétude avec laquelle il aborde désormais l'existence et parle pour la première fois de la disparition tragique de son plus jeune fils (il en avait 4, tous acteurs ou producteurs ou les deux).

Ce démocrate affirmé, a voyagé dans le monde entier pour le compte des gouvernements successifs sous l'impulsion du président Kennedy. Même les Républicains en faisaient leur ami.

Il nous as fait voyager nous aussi au travers de ses films.

Nous avons perdu hier, un increvable.
 l'âge phénoménal de un siècle et 3 ans ans.