Chaque mois, dans les 10 premiers jours, tout comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers) et tout comme je le fais pour la musique (vers le milieu), je vous parle de l'une de mes trois grandes passions: le cinéma.
Un film est un voyage à très peu de frais et celui dont je vous parle m'a séduit pour sa facture visuelle, ses interprètes, son propos, ses directions narratives, ses trouvailles sonores, ses ambiances, parfois tout ça en même temps.
Je suis diplômé en cinéma et y ait travaillé. Dur de sortir ce médium de ma personne.
Surtout quand un film nous pénètre comme celui-là.
HER de SPIKE JONZE
J'ignore si ce premier film entièrement scénarisé par Spike est tiré de sa propre expérience. Mais ce film est renversant de bien des manières.
Il raconte, dans un futur proche, dans un univers relativement dystopique, l'histoire de Theo, un futur divorcé pas 100% en deuil de sa dernière relation dont il doit signer les papiers de divorce à contre coeur. Pour se changer les idées, il se munit d'un logiciel qui lui présentera la voix de Samantha. Une simple voix avec les capacités de disons, Google. Mais aussi un sens de l'humour, des humeurs, et bientôt, des sentiments et des désirs aussi.
Le film est très beau. Et touche le plus beau sujet sur terre: l'amour. Il n'y a pas que l'histoire qui est belle, il y a aussi la manière de la livrer. La trame sonore, signée Arcade Fire est tout simplement magique. Parfaite. Le côté visuel, la direction photo de Hoyte van Hoytema, est phénoménale. Ses trouvailles visuelles apportent beaucoup au film. Le film est franchement, franchement beau sous toute ses formes. Vaut l'écoute sur la meilleure de vos télés.
On pourrait penser que le film est une satire de nos dépendances à la technologie, le début du film le suggère, mais au contraire, c'est bel et bien une histoire d'amour. Theo est un homme seul, qui tombe peu à peu sous le charme de la voix de son logiciel, un système hyper conscient et hyper intelligent. Pensez au film Lucy en forme virtuelle et ajoutez y des sentiments. Ironiquement, la voix de Samantha est (brillamment) jouée par Scarlet Johansson, aussi interprète principale de Lucy. Elle est si bonne ici, qu'on a milité pour qu'elle soit acceptée dans la catégorie de la meilleure actrice, même si on ne la voit pas du tout, on ne fait que l'entendre. Samnatha Morton avait commencé dans ce rôle de la voix, mais on l'a remplacée.
Facile d'avoir des idées préconçues sur le fait qu'un homme tombe amoureux d'un système d'exploitation et pire encore, qu'un système d'exploitation tombe amoureux d'un homme. Mais le film parfaitement fonctionne. La montée narrative est fortement crédible. Rapidement, on se retrouve assez près de ces personnages qu'on a peut-être un peu d'abord méprisé.
C'est une des beautés du film. Il prend nos idées préconçues sur l'amour, les prends par les chevilles et les secouent au point que nous nous en retrouvons désorientés. On vivra une montée du bonheur réelle. Une phrase du film le dit bien "Le coeur n'est pas une boite que l'ont remplit, c'est quelque chose qui prend de l'expansion à mesure que l'on aime".
Avant même les premières images, les sons d'Arcade Fire nous introduisent aux premiers mots de Theo qui seront "play melancholy song". Le système d'opération Samantha composera une chanson qu'elle appellera "Photograph". Voulant capturer le moment comme le fait une photo.
Parlant de photo, les amateurs de photos, de belle cinématographie seront ravis. Hoyte van Hoytema fait de parfaites images poétiques. Des intérieurs et des extérieurs formidables. Du moderne séduisant. Les designer d'intérieur seront aussi comblés. Les appartements, les bureaux sont des rêves mouillés de designers. Les multiples vues panoramiques de la ville nous donnent envie de ce futur proche. Seule la vue du toit pourrait battre ces délices de l'oeil.
Et la vue du toit sera peut-être aussi le refuge de l'âme.
Tous les morceaux de ce film en font un extraordinairement joli puzzle.
Le rouge étant la couleur de la passion, de la colère et de l'amour, il sera honoré de toutes ces manières.
Charlie Kaufman, scénariste que j'aime beaucoup, a secrètement travaillé au script avec son ami Spike.
Que je n'arrive pas à ne pas aimer.
Being John Malkovich, Human Nature, Jackass, Synecdoche, New York, Where the Wild Things Are, je n'ai rien PAS aimé de lui encore.
L'attrait du nom de famille peut-être...
Film non pas à voir. À vivre et à sentir.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)