Chaque mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois fameuses passions: la littérature.
Lire c'est un peu beaucoup mon travail (de traducteur). Je le fais tout le temps sans toujours m'en rendre compte. Ce n'est pas 100% travailler pour moi. C'est le prolongement des mes poumons.
Lire c'est s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Explorer de nouveaux mondes. Voyager différemment. Apprendre. Comprendre. Mettre ses acquis en danger. Se confronter à de nouvelles visions.
C'est réapprendre à respirer.
Et respirer c'est vivre.
KINDRED d'OCTAVIA E. BUTLER
Le second livre de l'auteure afro-américaine a été si fabuleux qu'on l'a imposé comme lecture dans les écoles secondaires des États-Unis.
Parfois classé comme littérature afro-américaine et comme livre de science-fiction, le livre se trouve à être les deux.
Une afro-américaine de 1976, alors qu'elle s'apprête à être tuée à Los Angeles, revient dans le temps pas seulement mentalement mais physiquement à une époque pré-guerre civile, au Maryland, esclave dans une plantation. Elle y fait la connaissance de ses ancêtres dont le mystérieux Rufus, qui le sera de moins en moins. Elle y rencontre une fière femme noire, un propriétaire blanc la forçant à l'esclavage et lui imposant le concubinage. Alors que Dana, le personnage principal, reste dans le passé de plus en plus longtemps, elle est de plus en plus impliquée et attachée à la communauté des plantations. Elle doit faire face à de nombreux défis, et de doit prendre de graves décisions afin de s'assurer de pouvoir revenir en 1976, en bonne et due forme.
Le livre explore les dynamiques et les dilemmes de la période de la guerre de sécession et l'esclavage avec le point de vue et la sensibilité d'une Femme du 20ème siècle.
Par le biais de 2 couples interaciaux, formant le coeur de l'histoire, ce roman explore l'interacialité, le pouvoir, les genres, le racisme, et spécule sur un possible monde égalitaire.
Une femme, noire, dans un mariage interacial. Le pari était grand. Octavia a été brillante.
Le livre de 264 pages est divisé en 6 parties (plus un prologue et un épilogue): la rivière, le feu, la chute, la bataille, la tempête, la corde.
Le livre est une critique de l'histoire des États-Unis où on tente (encore de nos jours) d'effacer de larges traits de l'histoire du traitement des noirs sur le territoire. Elle traite de la vision de la race et de la construction sociale qui s'en est suivie. Les symboles y sont habiles. Kevin, le conjoint blanc de Dana, a une importante cicatrice sur le front, symbolisant le changement de sa vision des réalités des gens noirs aux États-Unis.
Butler raconte aussi une femme forte, ce qui était encore assez neuf en 1979. Le livre n'a pas pris une ride là-dessus.
Je verse de plus en plus dans la littérature signée par les mains de femmes. Au dernier mois je vous parlais d'un amusant livre de Joanna Rakoff. J'ai récemment lu Fanny Britt, écouté J'aime Hydro, j'ai relu Blixen* sans vous en parler, je m'intéresse beaucoup à l'univers mental Femmes. Un féministe doit l'être. Intéressé.
Je constate que la tenue vestimentaire y est souvent inutilement décrite et l'alimentation incluse régulièrement dans la narration, mais dans l'écriture de Butler, on y lit surtout l'Hommerie. L'humain. L'inhumain aussi.
Et toutes sortes de résistances fort intéressantes.
Pour un rebelle comme moi, c'est fameux comme lecture.
Le formidable livre a 40 ans cette année.
Il est toujours aussi pertinent.
Que ça n'eût jamais été adapté en film me surprend.
Ça en ferait un fameux aussi.
Il vient toutefois d'être adapté en roman graphique.
*Nouvelle tout simplement formidable, pas trop près du film qui en a été tiré.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)