2019 se ferme ce soir.
Ça aura été dur pour moi.
Jamais autant qu'un habitant floué de Sainte-Marthe-Sur-Le-Lac, toutefois.
Ces gens nous aurons appris qu'il ne faut jamais faire confiance aux gens de la ville.
Encore moins au gouvernement qui continue de les traiter comme des demandeurs d'aide, plutôt que comme les victimes (d'une crosse d'abord, d'inondations jamais annoncés sur des cadastres après) qu'ils sont.
C'est plate, mais c'est d'abord le plus grand des fuck you que j'aimerais envoyer à 2019.
Fuck you pour Donald Trump et ses adeptes.
Fuck you pour tous tes hommes d'affaires qu'on choisit de placer absolument n'importe où.
Fuck you pour les répressions à Hong Kong et fuck you China, fuck you big, China. Relisez-moi vous saurez pourquoi.
Il y a longtemps que j'ai compris que le monde était rempli de gens bidons. J'en ai rencontré davantage cette année et j'en ai rencontré beaucoup plus que j'ai trouvé de gens inspirés et inspirants. Le monde est rempli de gens gonflés d'egos. Je n'arrive plus à me prêter à la comédie qui voudrait que je trouve impressionnant celui ou celle qui ne fait qu'apparaître à la télé, sur le web ou en suspension, sur pause, dans un show de danse. Je n'arrive plus à trouver bons les acteurs des mauvais films qui se projette sous mes yeux. Mes super-héros ne sont pas les vôtres. Je n'ai plus envie de prendre part au spectacle du monde monté et construit sur un échafaudage de mensonges socialement bâtis.
Un produit sans fil DOIT être sans fil.
Quelque chose sans frais ne nécessite aucun portefeuille.
Une garantie NOUS PROTÈGE, si on la paye déjà et n'engage aucun frais supplémentaire.
Un médecin de famille ne devrait pas être un personnage fictif.
Un leader politique doit être vrai.
Un criminel sera-t-il toujours traité comme un criminel?
Fuck you Bernard Pivot.
Dans Masculin, il y a masque et cul.
Dans Féminin, il y a fait et mine.
Des choses qui, misent, ensemble sonnent encore faux.
Mon mot de l'année, en ce qui concerne ma vie, aura été recommencer.
J'ai déménagé depuis Décembre 2018. Quand j'ai eu sensiblement fini le premier déménagement, j'ai embarqué dans l'autre. J'ai pas semblé atterrir nulle part. Au point d'avoir été au volant toute l'année. Moi qui n'ai aucune passion des véhicules. The Road to Nowhere, come on inside. Au travers des blasphèmes des monstres diesel.
Je suis resté planté là quand tout le monde est parti en orbite. Planté dans la gadoue. Avec des bottes trouées.
Chaque année, y aura du bois pour faire des violons et du bois pour faire des bécosses. Cette année je n'ai touché que du bois de latrines.
La grimace de mon sourire intérieur a commencé à faire mal. C'est là que mon docteur m'a abandonné. Fallait en rire. Je me suis asphyxier jusque dans le ventre, plusieurs fois.
On ne se fait pas casser les pieds quand on sait cacher ses fesses. Pas su cacher mes fesses assez.
Les réalités qui m'ont été présentées ont trop souvent traînés dans l'angle mort de la raison. Dure année, dure année.
Mais je retiendrai un autre mot que recommencer. Parce que recommencer oblige un commencement.
Et au commencement, c'est le commencement qui est pire. Puis le milieu. Et enfin, la fin, à la fin, c'est la fin qui est pire.
10 ans après la mort précipitée de mon père, je retiens une de ses phrases fétiches:
"On ne recommence pas, on fait mieux"
2020 est déjà une plus jolie série de chiffres. Ne serais-ce que pour l'oeil. Le sombre mien en tout cas.
Je retiens aussi une autre phrase, dans mon autre langue:
Kick The Darkness til it Breathes Daulight.
Tiré de notre autre pays.
J'aurais voulu être plus amusant, plus drôle, plus tout.
Je n'aurai pas été grand chose cette année.
En 2020, je ferai mieux.
En 2020, on fera tous mieux.
Les ignares aussi qui comprendront Be best.
Ça commence ce soir.
Et ça durera facilement 12 mois.
On s'en reparlera. Promis.
Que 2020 te sois sensationnel.
mardi 31 décembre 2019
lundi 30 décembre 2019
Mr.Penis
C'est une stratégie que je n'avais utilisé qu'en privé. Dans le salon, chez nous.
Ça fonctionne.
Pas 100% recommandé, mais ça fonctionne.
Tous les matins, du lundi au jeudi, après avoir chargé le camion, l'avoir inspecté, je dois faire, souvent, le plein. Nous allons toujours à la même station service située à la jonction de l'autoroute 40 Ouest. Nous avons une carte de compagnie et payons avec celle-ci. Après le plein, nous devons retirer le reçu et inscrire le numéro du camion, inscrire notre numéro d'employé, le kilométrage, les endroits où on va livrer/réparer, etc.
Ce matin là, rien ne fonctionnait. Mon camion n'avait pas été rempli la veille, la commande était mal préparée, il a fallu courir la matériel, le camion, trop petit, a dû être rempli en dépilant quelques bacs, il avait neigé, j'ai dû déblayer le toit du camion, bref, tout ce qui devait aller rapidement, comme habituellement, n'allait pas rondement.
De plus, alors qu'on m'avait annoncé une petite journée, la veille, je faisais face à une journée de quelques 80 adresses sur 9 villes.
Ce matin-là, très froid, aucune des pompes à essence n'offrait de reçu. Le processus habituel n'exige pas que j'entre dans la station voir le commis. Je fais tout ce que j'ai à faire et en moins de 10 minutes je suis parti pour ma route/journée. Ce matin-là, tout m'orientait vers une journée commencée vers 4h45 et qui allait se terminer vers 19hh30. Fallait pas me ralentir davantage. J'étais forcé d'entrer voir les commis de la station.
Mais cette station offrait quelques 18 pompes. Je ne serais pas le seul à aller voir le commis. Une rangée de travailleurs du matin était déjà en ligne, attendant son tour pour l'unique commis travaillant alors.
Rendu à mon tour, trois autres employés sont arrivés. Une des deux caisses étaient fermée, nous étions tous dans la même ligne, et au moins, malgré la longueur de la file d'attente, c'était prochainement à mon tour. Et demander un reçu pour une pompe n'exige pas de transactions d'argent. Ça pouvait aller vite. Ça n'allait pas vite. Les 4 employés commençaient leur journée, ouvraient prochainement l'autre caisse, mais ne la faisait pas, se parlaient entre eux, ils évitaient tout contact avec les yeux afin de ne pas nous servir.
Fair enough, je les laisserais s'installer dans la dynamique du matin.
Un temps.
Puis encore un peu.
Assez longtemps.
Trop longtemps.
Un autre individu, ayant aussi fait le plein, est alors entré. Disant:
"Hey! les pompes ne donnent pas de reçus!"
Ne considérant pas la ligne dans laquelle nous végétions pour la même chose.
"Oh! venez me voir je vous donne un reçu!" a dit le commis. L'individu rajoutant un paquet de cigarette et je ne sais trop à sa commande.
...à la caisse fermée...
Ma ligne d'attente s'est agitée. Moi le premier. J'ai tout de suite dit: "Hey! on attend ici depuis un bout de temps pour la même chose!", On ne m'a pas entendu. Ou on a choisi de ne pas m'entendre. J'ai répété: "On attends ici pour la même chose...à une caisse ouverte!"
Le gars derrière moi, en ligne, a dit:
"Tu ne parles pas assez fort"
J'ai essayé une troisième fois, ne serais-ce que pour alerter un des trois autres, peu pressé de servir les clients. Échec. J'étais invisible, inaudible, inexistant.
J'ai dû sortir les grands moyens.
"PÉNIS!!!"
ai-je alors promptement dis très fort.
Fallait voir la pause sur l'agitation du moment et les visages qui m'ont alors fixé.
Surtout celui du commis qui remettait l'argent à l'individu, on aurait dit qu'on le surprenait en train de jouer avec le sien, Son pénis.
J'ai pris le temps, j'avais maintenant l'attention de tout le monde, et outre deux des quatre commis, ça riait beaucoup, j'ai pris le temps dis-je bien, de dire à tous que c'était comme ça qu'il fallait faire pour qu'on écoute. Dans cette ère de distractions perpétuelles avec nos téléphones, j'ai eu recours à cette manière dans ma propre unité familiale. Toujours avec des résultats aussi concluants.
Mais je le répète, ça ne devrait pas être utilisé partout.
Le même commis m'a aussitôt servi, avec une attitude de merde, mais il m'a servi. J'ai été moi-même extrêmement poli et aimable pour la suite de la transaction, fuyant les lieux reçu en main. Je dois tout de même faire le plein 3 matins sur 4 à cet endroit. Je vais re-rencontrer quelques uns de ses visages.
Pour qui je serai devenu, Mr. Pénis.
Ça tombe bien, j'en ai un bon.
Disent-elles...
Ça fonctionne.
Pas 100% recommandé, mais ça fonctionne.
Tous les matins, du lundi au jeudi, après avoir chargé le camion, l'avoir inspecté, je dois faire, souvent, le plein. Nous allons toujours à la même station service située à la jonction de l'autoroute 40 Ouest. Nous avons une carte de compagnie et payons avec celle-ci. Après le plein, nous devons retirer le reçu et inscrire le numéro du camion, inscrire notre numéro d'employé, le kilométrage, les endroits où on va livrer/réparer, etc.
Ce matin là, rien ne fonctionnait. Mon camion n'avait pas été rempli la veille, la commande était mal préparée, il a fallu courir la matériel, le camion, trop petit, a dû être rempli en dépilant quelques bacs, il avait neigé, j'ai dû déblayer le toit du camion, bref, tout ce qui devait aller rapidement, comme habituellement, n'allait pas rondement.
De plus, alors qu'on m'avait annoncé une petite journée, la veille, je faisais face à une journée de quelques 80 adresses sur 9 villes.
Ce matin-là, très froid, aucune des pompes à essence n'offrait de reçu. Le processus habituel n'exige pas que j'entre dans la station voir le commis. Je fais tout ce que j'ai à faire et en moins de 10 minutes je suis parti pour ma route/journée. Ce matin-là, tout m'orientait vers une journée commencée vers 4h45 et qui allait se terminer vers 19hh30. Fallait pas me ralentir davantage. J'étais forcé d'entrer voir les commis de la station.
Mais cette station offrait quelques 18 pompes. Je ne serais pas le seul à aller voir le commis. Une rangée de travailleurs du matin était déjà en ligne, attendant son tour pour l'unique commis travaillant alors.
Rendu à mon tour, trois autres employés sont arrivés. Une des deux caisses étaient fermée, nous étions tous dans la même ligne, et au moins, malgré la longueur de la file d'attente, c'était prochainement à mon tour. Et demander un reçu pour une pompe n'exige pas de transactions d'argent. Ça pouvait aller vite. Ça n'allait pas vite. Les 4 employés commençaient leur journée, ouvraient prochainement l'autre caisse, mais ne la faisait pas, se parlaient entre eux, ils évitaient tout contact avec les yeux afin de ne pas nous servir.
Fair enough, je les laisserais s'installer dans la dynamique du matin.
Un temps.
Puis encore un peu.
Assez longtemps.
Trop longtemps.
Un autre individu, ayant aussi fait le plein, est alors entré. Disant:
"Hey! les pompes ne donnent pas de reçus!"
Ne considérant pas la ligne dans laquelle nous végétions pour la même chose.
"Oh! venez me voir je vous donne un reçu!" a dit le commis. L'individu rajoutant un paquet de cigarette et je ne sais trop à sa commande.
...à la caisse fermée...
Ma ligne d'attente s'est agitée. Moi le premier. J'ai tout de suite dit: "Hey! on attend ici depuis un bout de temps pour la même chose!", On ne m'a pas entendu. Ou on a choisi de ne pas m'entendre. J'ai répété: "On attends ici pour la même chose...à une caisse ouverte!"
Le gars derrière moi, en ligne, a dit:
"Tu ne parles pas assez fort"
J'ai essayé une troisième fois, ne serais-ce que pour alerter un des trois autres, peu pressé de servir les clients. Échec. J'étais invisible, inaudible, inexistant.
J'ai dû sortir les grands moyens.
"PÉNIS!!!"
ai-je alors promptement dis très fort.
Fallait voir la pause sur l'agitation du moment et les visages qui m'ont alors fixé.
Surtout celui du commis qui remettait l'argent à l'individu, on aurait dit qu'on le surprenait en train de jouer avec le sien, Son pénis.
J'ai pris le temps, j'avais maintenant l'attention de tout le monde, et outre deux des quatre commis, ça riait beaucoup, j'ai pris le temps dis-je bien, de dire à tous que c'était comme ça qu'il fallait faire pour qu'on écoute. Dans cette ère de distractions perpétuelles avec nos téléphones, j'ai eu recours à cette manière dans ma propre unité familiale. Toujours avec des résultats aussi concluants.
Mais je le répète, ça ne devrait pas être utilisé partout.
Le même commis m'a aussitôt servi, avec une attitude de merde, mais il m'a servi. J'ai été moi-même extrêmement poli et aimable pour la suite de la transaction, fuyant les lieux reçu en main. Je dois tout de même faire le plein 3 matins sur 4 à cet endroit. Je vais re-rencontrer quelques uns de ses visages.
Pour qui je serai devenu, Mr. Pénis.
Ça tombe bien, j'en ai un bon.
Disent-elles...
dimanche 29 décembre 2019
L'Amour N'Aura Pas Suffi
1988.
U2 est un super groupe au sommet de son art.
Bono et The Edge louent une maison à Los Angeles et sont dans le processus de création de leur album Rattle & Hum, album qui suivra la parution de celui qui les as catapulté au sommet de la planète pop: The Joshua Tree. Clayton & Mullen, bassiste et batteur, sont la portion rythmique du quatuor et aussi les deux co-fondateurs du band. Ils vivent ailleurs, ils ont toujours été plus près l'un de l'autre, depuis l'adolescence. Les 4 se connaissent depuis la pré-adolescence. Ça explique la longévité de la formation irlandaise. Ils sont soudés depuis longtemps.
Bono se réveille un matin avec un air en tête. Il devient convaincu qu'il s'agit d'un air que Bob Dylan a déjà composé. Dans le doute, il se rend chez lui, à Malibu, où Bob est lui-même en plein élan créatif travaillant des chansons pour les Traveling Wilburys et travaillant aussi des chansons qui seront de l'album Oh Mercy!, album produit par Daniel Lanois, producteur et ami de U2, trait d'union entre les deux artistes.
Dylan lui confirme qu'il n'a jamais composé cet air. Mais ensemble, ils le retravaillent. Dylan doit même quelques fois dire que "ça fait trop Dylan, les gens s'y attendent à ce texte-là, on change!". La contribution de Dylan (aux voix aussi) sera trop importante, il sera co-crédité comme auteur. On enregistre le tout dans les studios de Sun, avec le reste du band et Dylan. La chanson est très volontairement Dylanesque parlant d'un homme considéré perpétuellement comme un sauveur, mais dont la vie est si torturée, qu'il aurait lui même besoin d'un certain salut. Ce sera la chanson #11 de 17 sur l'album (et le film) Rattle & Hum.
Quand Bono & The Edge quittent leurlogement palais loué de Beverly Hills, c'est la famille Menendez, José Enrique, Kitty, J.Lyle et Erik Menendez qui viendra l'occuper.
Là où l'amour ne vient à la rescousse de personne.
José est un riche homme d'affaires d'origine cubaine. en 1988, Lyle a 20 ans, Erik, 17. Erik est un habile joueur de tennis qui pourrait penser en faire une carrière. Il est 44ème aux États-Unis chez les moins de 18 ans. Lyle est suspendu de l'Université, en raison de notes scolaires médiocres et de trop rares présences en classe.
Le 20 août 1989, José & Kitty sont sur un divan de leur maison quand deux hommes masqués leur tirent dessus. On a étudié les méthodes du crime organisé et on tente de faire croire que le double meurtre a été commis par ce milieu. Lyle appellera la police pour pleurer que "QUELQU'UN A TUÉ MES PARENTS!". Les deux frères utilisent comme alibi leur billet pour avoir été voir le film Batman en salle, suivi d'une présence au festival du Santa Monica Civic Auditorium.
La police ne soupçonne aucunement les frères et tourne autour d'un producteur de film porno, possible ennemi du défunt couple, et travaillent des pistes mafieuses, mais rien n'est concluant nulle part.
En revanche, les fils Menendez ont un deuil extrêmement rapide et flambent une fortune. Lyle s'achète une Rolex, une Porsche Carrera, un resto spécialiste d'ailes de poulet. Erik s'engage un entraîneur à temps plein et joue au tennis en Israël. Ils quittent la maison et vivent dans de luxueux condos près de la Marina Del Rey. Ils se montrent dans la Mercedes Benz décapotable de leur mère, soupent dans d'importants restos chics, assistent à des matchs de la NBA sur la première ligne, dont un les immortalisera sur la carte du garde des Knicks, Mark Jackson. Ils voyagent en classe première dans les Caraïbes et à Londres. On estime leurs dépenses personnelles autour de 700 000 $ entre le meurtre et leur arrestation.
Car les doutes deviennent des accusations. Erik confesse le tout. On tentera de dépeindre José comme un pédophile et un abuseur et Kitty comme une instable mentale et une alcoolique.
On comprend tous que les deux jeunes hommes ont tué leurs parents pour toucher leur fortune.
Ils seront condamnés à la prison à vie, sans possibilité de libération.
Croupissent toujours en tôle.
Le pire des enfants gâtés pourris.
Erik a 49 ans depuis les 27 novembre dernier, Lyle aura 52, le 10 janvier prochain.
L'horrible double meurtre a 30 ans cette année.
No man is my ennemy,
My own hands emprison me,
Love rescue thee.
Soudés eux aussi ensemble pour longtemps.
En dedans.
U2 est un super groupe au sommet de son art.
Bono et The Edge louent une maison à Los Angeles et sont dans le processus de création de leur album Rattle & Hum, album qui suivra la parution de celui qui les as catapulté au sommet de la planète pop: The Joshua Tree. Clayton & Mullen, bassiste et batteur, sont la portion rythmique du quatuor et aussi les deux co-fondateurs du band. Ils vivent ailleurs, ils ont toujours été plus près l'un de l'autre, depuis l'adolescence. Les 4 se connaissent depuis la pré-adolescence. Ça explique la longévité de la formation irlandaise. Ils sont soudés depuis longtemps.
Bono se réveille un matin avec un air en tête. Il devient convaincu qu'il s'agit d'un air que Bob Dylan a déjà composé. Dans le doute, il se rend chez lui, à Malibu, où Bob est lui-même en plein élan créatif travaillant des chansons pour les Traveling Wilburys et travaillant aussi des chansons qui seront de l'album Oh Mercy!, album produit par Daniel Lanois, producteur et ami de U2, trait d'union entre les deux artistes.
Dylan lui confirme qu'il n'a jamais composé cet air. Mais ensemble, ils le retravaillent. Dylan doit même quelques fois dire que "ça fait trop Dylan, les gens s'y attendent à ce texte-là, on change!". La contribution de Dylan (aux voix aussi) sera trop importante, il sera co-crédité comme auteur. On enregistre le tout dans les studios de Sun, avec le reste du band et Dylan. La chanson est très volontairement Dylanesque parlant d'un homme considéré perpétuellement comme un sauveur, mais dont la vie est si torturée, qu'il aurait lui même besoin d'un certain salut. Ce sera la chanson #11 de 17 sur l'album (et le film) Rattle & Hum.
Quand Bono & The Edge quittent leur
Là où l'amour ne vient à la rescousse de personne.
José est un riche homme d'affaires d'origine cubaine. en 1988, Lyle a 20 ans, Erik, 17. Erik est un habile joueur de tennis qui pourrait penser en faire une carrière. Il est 44ème aux États-Unis chez les moins de 18 ans. Lyle est suspendu de l'Université, en raison de notes scolaires médiocres et de trop rares présences en classe.
Le 20 août 1989, José & Kitty sont sur un divan de leur maison quand deux hommes masqués leur tirent dessus. On a étudié les méthodes du crime organisé et on tente de faire croire que le double meurtre a été commis par ce milieu. Lyle appellera la police pour pleurer que "QUELQU'UN A TUÉ MES PARENTS!". Les deux frères utilisent comme alibi leur billet pour avoir été voir le film Batman en salle, suivi d'une présence au festival du Santa Monica Civic Auditorium.
La police ne soupçonne aucunement les frères et tourne autour d'un producteur de film porno, possible ennemi du défunt couple, et travaillent des pistes mafieuses, mais rien n'est concluant nulle part.
En revanche, les fils Menendez ont un deuil extrêmement rapide et flambent une fortune. Lyle s'achète une Rolex, une Porsche Carrera, un resto spécialiste d'ailes de poulet. Erik s'engage un entraîneur à temps plein et joue au tennis en Israël. Ils quittent la maison et vivent dans de luxueux condos près de la Marina Del Rey. Ils se montrent dans la Mercedes Benz décapotable de leur mère, soupent dans d'importants restos chics, assistent à des matchs de la NBA sur la première ligne, dont un les immortalisera sur la carte du garde des Knicks, Mark Jackson. Ils voyagent en classe première dans les Caraïbes et à Londres. On estime leurs dépenses personnelles autour de 700 000 $ entre le meurtre et leur arrestation.
Car les doutes deviennent des accusations. Erik confesse le tout. On tentera de dépeindre José comme un pédophile et un abuseur et Kitty comme une instable mentale et une alcoolique.
On comprend tous que les deux jeunes hommes ont tué leurs parents pour toucher leur fortune.
Ils seront condamnés à la prison à vie, sans possibilité de libération.
Croupissent toujours en tôle.
Le pire des enfants gâtés pourris.
Erik a 49 ans depuis les 27 novembre dernier, Lyle aura 52, le 10 janvier prochain.
L'horrible double meurtre a 30 ans cette année.
No man is my ennemy,
My own hands emprison me,
Love rescue thee.
Soudés eux aussi ensemble pour longtemps.
En dedans.
samedi 28 décembre 2019
À La Recherche Du Temps Perdu****************Kindred d'Octavia E. Butler
Chaque mois, dans les 10 derniers jours, tout comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers) et comme je le fais pour la musique (vers le milieu) je vous parle de l'une de mes trois fameuses passions: la littérature.
Lire c'est un peu beaucoup mon travail (de traducteur). Je le fais tout le temps sans toujours m'en rendre compte. Ce n'est pas 100% travailler pour moi. C'est le prolongement des mes poumons.
Lire c'est s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Explorer de nouveaux mondes. Voyager différemment. Apprendre. Comprendre. Mettre ses acquis en danger. Se confronter à de nouvelles visions.
C'est réapprendre à respirer.
Et respirer c'est vivre.
KINDRED d'OCTAVIA E. BUTLER
Le second livre de l'auteure afro-américaine a été si fabuleux qu'on l'a imposé comme lecture dans les écoles secondaires des États-Unis.
Parfois classé comme littérature afro-américaine et comme livre de science-fiction, le livre se trouve à être les deux.
Une afro-américaine de 1976, alors qu'elle s'apprête à être tuée à Los Angeles, revient dans le temps pas seulement mentalement mais physiquement à une époque pré-guerre civile, au Maryland, esclave dans une plantation. Elle y fait la connaissance de ses ancêtres dont le mystérieux Rufus, qui le sera de moins en moins. Elle y rencontre une fière femme noire, un propriétaire blanc la forçant à l'esclavage et lui imposant le concubinage. Alors que Dana, le personnage principal, reste dans le passé de plus en plus longtemps, elle est de plus en plus impliquée et attachée à la communauté des plantations. Elle doit faire face à de nombreux défis, et de doit prendre de graves décisions afin de s'assurer de pouvoir revenir en 1976, en bonne et due forme.
Le livre explore les dynamiques et les dilemmes de la période de la guerre de sécession et l'esclavage avec le point de vue et la sensibilité d'une Femme du 20ème siècle.
Par le biais de 2 couples interaciaux, formant le coeur de l'histoire, ce roman explore l'interacialité, le pouvoir, les genres, le racisme, et spécule sur un possible monde égalitaire.
Une femme, noire, dans un mariage interacial. Le pari était grand. Octavia a été brillante.
Le livre de 264 pages est divisé en 6 parties (plus un prologue et un épilogue): la rivière, le feu, la chute, la bataille, la tempête, la corde.
Le livre est une critique de l'histoire des États-Unis où on tente (encore de nos jours) d'effacer de larges traits de l'histoire du traitement des noirs sur le territoire. Elle traite de la vision de la race et de la construction sociale qui s'en est suivie. Les symboles y sont habiles. Kevin, le conjoint blanc de Dana, a une importante cicatrice sur le front, symbolisant le changement de sa vision des réalités des gens noirs aux États-Unis.
Butler raconte aussi une femme forte, ce qui était encore assez neuf en 1979. Le livre n'a pas pris une ride là-dessus.
Je verse de plus en plus dans la littérature signée par les mains de femmes. Au dernier mois je vous parlais d'un amusant livre de Joanna Rakoff. J'ai récemment lu Fanny Britt, écouté J'aime Hydro, j'ai relu Blixen* sans vous en parler, je m'intéresse beaucoup à l'univers mental Femmes. Un féministe doit l'être. Intéressé.
Je constate que la tenue vestimentaire y est souvent inutilement décrite et l'alimentation incluse régulièrement dans la narration, mais dans l'écriture de Butler, on y lit surtout l'Hommerie. L'humain. L'inhumain aussi.
Et toutes sortes de résistances fort intéressantes.
Pour un rebelle comme moi, c'est fameux comme lecture.
Le formidable livre a 40 ans cette année.
Il est toujours aussi pertinent.
Que ça n'eût jamais été adapté en film me surprend.
Ça en ferait un fameux aussi.
Il vient toutefois d'être adapté en roman graphique.
*Nouvelle tout simplement formidable, pas trop près du film qui en a été tiré.
Lire c'est un peu beaucoup mon travail (de traducteur). Je le fais tout le temps sans toujours m'en rendre compte. Ce n'est pas 100% travailler pour moi. C'est le prolongement des mes poumons.
Lire c'est s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Explorer de nouveaux mondes. Voyager différemment. Apprendre. Comprendre. Mettre ses acquis en danger. Se confronter à de nouvelles visions.
C'est réapprendre à respirer.
Et respirer c'est vivre.
KINDRED d'OCTAVIA E. BUTLER
Le second livre de l'auteure afro-américaine a été si fabuleux qu'on l'a imposé comme lecture dans les écoles secondaires des États-Unis.
Parfois classé comme littérature afro-américaine et comme livre de science-fiction, le livre se trouve à être les deux.
Une afro-américaine de 1976, alors qu'elle s'apprête à être tuée à Los Angeles, revient dans le temps pas seulement mentalement mais physiquement à une époque pré-guerre civile, au Maryland, esclave dans une plantation. Elle y fait la connaissance de ses ancêtres dont le mystérieux Rufus, qui le sera de moins en moins. Elle y rencontre une fière femme noire, un propriétaire blanc la forçant à l'esclavage et lui imposant le concubinage. Alors que Dana, le personnage principal, reste dans le passé de plus en plus longtemps, elle est de plus en plus impliquée et attachée à la communauté des plantations. Elle doit faire face à de nombreux défis, et de doit prendre de graves décisions afin de s'assurer de pouvoir revenir en 1976, en bonne et due forme.
Le livre explore les dynamiques et les dilemmes de la période de la guerre de sécession et l'esclavage avec le point de vue et la sensibilité d'une Femme du 20ème siècle.
Par le biais de 2 couples interaciaux, formant le coeur de l'histoire, ce roman explore l'interacialité, le pouvoir, les genres, le racisme, et spécule sur un possible monde égalitaire.
Une femme, noire, dans un mariage interacial. Le pari était grand. Octavia a été brillante.
Le livre de 264 pages est divisé en 6 parties (plus un prologue et un épilogue): la rivière, le feu, la chute, la bataille, la tempête, la corde.
Le livre est une critique de l'histoire des États-Unis où on tente (encore de nos jours) d'effacer de larges traits de l'histoire du traitement des noirs sur le territoire. Elle traite de la vision de la race et de la construction sociale qui s'en est suivie. Les symboles y sont habiles. Kevin, le conjoint blanc de Dana, a une importante cicatrice sur le front, symbolisant le changement de sa vision des réalités des gens noirs aux États-Unis.
Butler raconte aussi une femme forte, ce qui était encore assez neuf en 1979. Le livre n'a pas pris une ride là-dessus.
Je verse de plus en plus dans la littérature signée par les mains de femmes. Au dernier mois je vous parlais d'un amusant livre de Joanna Rakoff. J'ai récemment lu Fanny Britt, écouté J'aime Hydro, j'ai relu Blixen* sans vous en parler, je m'intéresse beaucoup à l'univers mental Femmes. Un féministe doit l'être. Intéressé.
Je constate que la tenue vestimentaire y est souvent inutilement décrite et l'alimentation incluse régulièrement dans la narration, mais dans l'écriture de Butler, on y lit surtout l'Hommerie. L'humain. L'inhumain aussi.
Et toutes sortes de résistances fort intéressantes.
Pour un rebelle comme moi, c'est fameux comme lecture.
Le formidable livre a 40 ans cette année.
Il est toujours aussi pertinent.
Que ça n'eût jamais été adapté en film me surprend.
Ça en ferait un fameux aussi.
Il vient toutefois d'être adapté en roman graphique.
*Nouvelle tout simplement formidable, pas trop près du film qui en a été tiré.
vendredi 27 décembre 2019
Traduire C'est Trahir
C'est la première chose qu'on nous apprend dans notre métier.
Voilà pourquoi, par déviation professionnelle, nous sommes aussi toujours sur la voie de la plus grande fidélité.
Voilà aussi pourquoi je visionne tout ce que j'ai envie, si possible, dans sa langue originale. Sous titré si ce n'est pas de l'anglais.
Au cinéma, domaine de l'oeil, on a une aversion envers les scénaristes, domaines des méninges. Alors souvent, on adapte tiré d'un livre ou d'une oeuvre pré-existante. On trahit alors souvent.
Cinéma & Littérature ont toujours co-existé dans un mariage fait de hauts et de bas mais qui reste souvent fascinant.
Anthony Burgess a toujours été agacé par le succès de A Clockwork Orange de Stanley Kubrick, car il trouvait que ça faisait ombrage à la considérable oeuvre du romancier et linguiste anglais.
Truman Capote détestait ce qu'on avait fait de Breakfast at Tiffany's car Audrey Hepburn, un choix des studios, ne correspondait pas du tout à sa vision de Holly Golightly. En voyant Jodie Foster dans Taxi Driver, Capote trouvera que LÀ se trouvait ce qu'il avait dépeint comme personnage.
Marguerite Duras a détesté L'Amant de Jean-Jacques Annaud.
Alan Moore, qui a écrit les romans graphiques V For Vendetta et Watchmen, des films ensuite devenus fameusement populaires, n'a même pas voulu voir les films qui en ont été faits puisqu'il n'a jamais pensé ses romans ainsi. Il veut en garder un souvenir qui serait 100% sien.
Jetons un oeil sur quelques mariages parfaitement malheureux entre Cinéma & Littérature.
The Shining de Stephen King détesté dans l'adaptation qu'en a fait Stanley Kubrick, encore lui, en 1979.
Le film est un chef d'oeuvre unanime, mais King reste celui qui a violemment haï. Il disait que son livre est chaud et que le film est froid, que le livre finit en flammes, que le film finit dans la glace, Jack est fou dès le départ chez Kubrick, il le devient dans le livre, il haïssait tant le film avec passion que pendant 30 ans, chaque fois que le livre était évoqué, il tonnait contre lui de toutes les manières possibles. Une rumeur veut d'ailleurs laisser croire que pendant le tournage, cette animosité s'était fait sentir entre Kubrick et King et que la voiture coccinelle rouge, qui était identique à la voiture de broyée par un camion sur la route en fin de film, serait une référence directe au produit original et le traitement réservé à l'auteur et son produit, au final métaphorisé.
King à l'époque, et que l'on voit
King a toujours voulu faire sa propre version de son livre, ce qu'il a fait en mini série, en 1997, quand Kubrick lui a revendu ses droits sur l'oeuvre en échange qu'il ferme sa gueule sur sa version à lui, une fois pour toute.
Fait intéressant, dans la version française, c'est Jean-Louis Trintignant qui fait la voix de Jack Torrance/Jack Nicholson.
King a signé une suite en livre en 2013, pas un chef d'oeuvre, comme bien des suites, et Mike Flanaghan en a signé l'adaptation et la réalisation pour un film actuellement en salle qui permet à Stephen King de faire un peu la paix avec tout ça.
Mary Poppins de Pamela Lyndon Travers qui a en horreur ce qu'en a fait Disney.
L'auteure australo-anglaise se méfait terriblement de Walt Disney avant même de le rencontrer. 20 ans ont été nécessaires pour que Walt puisse en obtenir les droits d'adaptation du roman en film. Travers ne les as vendus que lorsqu'elle avait, elle-même de gros problèmes financiers. Elle les as aussi négocié très chèrement à son avantage. Consultante sur le tournage, elle a enregistré toutes ses conversations avec Walt Disney tellement elle craignait de se faire arnaquer. À la première, elle a frôlé la crise de panique, détestant animation et musique et le film en ayant des deux, pleurant des larmes de rage. Elle a ensuite fait mettre dans son testament et ses contrats que plus jamais un de ses livres ne pourraient être adapté de quelconque manière.
Mais on ne peut jamais vraiment gagner contre le cinéma. Les enregistrements de Travers ont inspiré Hollywood qui a tiré un film, en 2013, de leur relation antagoniste. Comme quoi le cinéma peut tout avaler. Même les colères d'autrui.
Solaris de Stanislav Lem détesté lorsque fameusement mis en images par Andrei Tarkovsky en 1971. Un de mes films favoris (The Shining aussi) ever.
Le film est considéré comme un des chef d'oeuvre du 7ème art. Et pourtant Lem a haï pour mourir. Il a dit avec colère que le film n'était pas Solaris mais plutôt Crimes & Châtiments. 28 ans plus tard, Steven Soderberg, un autre fort intéressant réalisateur, en a fait une aussi merveilleuse adaptation que Lem, toujours vivant, a détesté davantage encore. Pour lui, le cinéma était un véritable cadeau empoisonné, signant de très longs textes expliquant pourquoi. Un téléflim et trois opéras ont été produits inspiré de Solaris, et il a tout haï. Lem s'explique en disant que ce qui l'intéressait était la planète et les univers étrangers, et que toutes les oeuvres adaptés ont inventé un côté humain, se sont même lourdement concentrées là-dessus, ce qui n'a jamais été son sujet. Lem était aussi physicien, alors toute la trame amoureuse des films, des oeuvres d'opéra, c'était du glaçage sucré nom bienvenue dans sa recette originale.
Bien qu'il concède que ce soit de très belles oeuvres, elles étaient toutes très terre à terre et lui visait l'ésotérisme et la science.
Finalement Boris Vian haïr à en mourir face à l'adaptation de J'irai Cracher Sur Vos Tombes de Michel Gast.
Le livre, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan déroule son action aux États-Unis avec un noir albinos à la peau blanche. Vian n'a jamais pensé en faire un film. Quand on lui commande un scénario par contrat, il prend ses distances de ces gens et leur livre très très tard, et seulement lorsque la compagnie de film lui ordonne de le faire, 117 pages d'une histoire qui n'a rien à voir avec le livre original, pleines d'ironie, d'insolence et de bouffonneries.
Les dirigeants autour du film sont ne comprennent pas ce qu'il veut faire et lui indiquent qu'ils feront donc appel à des scénaristes extérieurs.
Le matin de la première avec l'équipe de tournage, Vian s'y trouve. Il a toutefois insisté pour que son nom n'y soit pas au générique, mais ne croit pas que les producteurs l'effaceront puisqu'il est populaire et vendra bien sur son seul nom.
Au générique d'ouverture, son nom est bien là, "inspiré de l'oeuvre de Boris Vian". Et sous scénario on lit deux autres noms que le sien.
Vian se lève, crie "AH NON!" et est aussitôt foudroyé d'une crise cardiaque.
Qui le tuera.
À 39 ans.
Traduire, cette fois, c'était mourir...
Voilà pourquoi, par déviation professionnelle, nous sommes aussi toujours sur la voie de la plus grande fidélité.
Voilà aussi pourquoi je visionne tout ce que j'ai envie, si possible, dans sa langue originale. Sous titré si ce n'est pas de l'anglais.
Au cinéma, domaine de l'oeil, on a une aversion envers les scénaristes, domaines des méninges. Alors souvent, on adapte tiré d'un livre ou d'une oeuvre pré-existante. On trahit alors souvent.
Cinéma & Littérature ont toujours co-existé dans un mariage fait de hauts et de bas mais qui reste souvent fascinant.
Anthony Burgess a toujours été agacé par le succès de A Clockwork Orange de Stanley Kubrick, car il trouvait que ça faisait ombrage à la considérable oeuvre du romancier et linguiste anglais.
Truman Capote détestait ce qu'on avait fait de Breakfast at Tiffany's car Audrey Hepburn, un choix des studios, ne correspondait pas du tout à sa vision de Holly Golightly. En voyant Jodie Foster dans Taxi Driver, Capote trouvera que LÀ se trouvait ce qu'il avait dépeint comme personnage.
Marguerite Duras a détesté L'Amant de Jean-Jacques Annaud.
Alan Moore, qui a écrit les romans graphiques V For Vendetta et Watchmen, des films ensuite devenus fameusement populaires, n'a même pas voulu voir les films qui en ont été faits puisqu'il n'a jamais pensé ses romans ainsi. Il veut en garder un souvenir qui serait 100% sien.
Jetons un oeil sur quelques mariages parfaitement malheureux entre Cinéma & Littérature.
The Shining de Stephen King détesté dans l'adaptation qu'en a fait Stanley Kubrick, encore lui, en 1979.
Le film est un chef d'oeuvre unanime, mais King reste celui qui a violemment haï. Il disait que son livre est chaud et que le film est froid, que le livre finit en flammes, que le film finit dans la glace, Jack est fou dès le départ chez Kubrick, il le devient dans le livre, il haïssait tant le film avec passion que pendant 30 ans, chaque fois que le livre était évoqué, il tonnait contre lui de toutes les manières possibles. Une rumeur veut d'ailleurs laisser croire que pendant le tournage, cette animosité s'était fait sentir entre Kubrick et King et que la voiture coccinelle rouge, qui était identique à la voiture de broyée par un camion sur la route en fin de film, serait une référence directe au produit original et le traitement réservé à l'auteur et son produit, au final métaphorisé.
King à l'époque, et que l'on voit
King a toujours voulu faire sa propre version de son livre, ce qu'il a fait en mini série, en 1997, quand Kubrick lui a revendu ses droits sur l'oeuvre en échange qu'il ferme sa gueule sur sa version à lui, une fois pour toute.
Fait intéressant, dans la version française, c'est Jean-Louis Trintignant qui fait la voix de Jack Torrance/Jack Nicholson.
King a signé une suite en livre en 2013, pas un chef d'oeuvre, comme bien des suites, et Mike Flanaghan en a signé l'adaptation et la réalisation pour un film actuellement en salle qui permet à Stephen King de faire un peu la paix avec tout ça.
Mary Poppins de Pamela Lyndon Travers qui a en horreur ce qu'en a fait Disney.
L'auteure australo-anglaise se méfait terriblement de Walt Disney avant même de le rencontrer. 20 ans ont été nécessaires pour que Walt puisse en obtenir les droits d'adaptation du roman en film. Travers ne les as vendus que lorsqu'elle avait, elle-même de gros problèmes financiers. Elle les as aussi négocié très chèrement à son avantage. Consultante sur le tournage, elle a enregistré toutes ses conversations avec Walt Disney tellement elle craignait de se faire arnaquer. À la première, elle a frôlé la crise de panique, détestant animation et musique et le film en ayant des deux, pleurant des larmes de rage. Elle a ensuite fait mettre dans son testament et ses contrats que plus jamais un de ses livres ne pourraient être adapté de quelconque manière.
Mais on ne peut jamais vraiment gagner contre le cinéma. Les enregistrements de Travers ont inspiré Hollywood qui a tiré un film, en 2013, de leur relation antagoniste. Comme quoi le cinéma peut tout avaler. Même les colères d'autrui.
Solaris de Stanislav Lem détesté lorsque fameusement mis en images par Andrei Tarkovsky en 1971. Un de mes films favoris (The Shining aussi) ever.
Le film est considéré comme un des chef d'oeuvre du 7ème art. Et pourtant Lem a haï pour mourir. Il a dit avec colère que le film n'était pas Solaris mais plutôt Crimes & Châtiments. 28 ans plus tard, Steven Soderberg, un autre fort intéressant réalisateur, en a fait une aussi merveilleuse adaptation que Lem, toujours vivant, a détesté davantage encore. Pour lui, le cinéma était un véritable cadeau empoisonné, signant de très longs textes expliquant pourquoi. Un téléflim et trois opéras ont été produits inspiré de Solaris, et il a tout haï. Lem s'explique en disant que ce qui l'intéressait était la planète et les univers étrangers, et que toutes les oeuvres adaptés ont inventé un côté humain, se sont même lourdement concentrées là-dessus, ce qui n'a jamais été son sujet. Lem était aussi physicien, alors toute la trame amoureuse des films, des oeuvres d'opéra, c'était du glaçage sucré nom bienvenue dans sa recette originale.
Bien qu'il concède que ce soit de très belles oeuvres, elles étaient toutes très terre à terre et lui visait l'ésotérisme et la science.
Finalement Boris Vian haïr à en mourir face à l'adaptation de J'irai Cracher Sur Vos Tombes de Michel Gast.
Le livre, sous le pseudonyme de Vernon Sullivan déroule son action aux États-Unis avec un noir albinos à la peau blanche. Vian n'a jamais pensé en faire un film. Quand on lui commande un scénario par contrat, il prend ses distances de ces gens et leur livre très très tard, et seulement lorsque la compagnie de film lui ordonne de le faire, 117 pages d'une histoire qui n'a rien à voir avec le livre original, pleines d'ironie, d'insolence et de bouffonneries.
Les dirigeants autour du film sont ne comprennent pas ce qu'il veut faire et lui indiquent qu'ils feront donc appel à des scénaristes extérieurs.
Le matin de la première avec l'équipe de tournage, Vian s'y trouve. Il a toutefois insisté pour que son nom n'y soit pas au générique, mais ne croit pas que les producteurs l'effaceront puisqu'il est populaire et vendra bien sur son seul nom.
Au générique d'ouverture, son nom est bien là, "inspiré de l'oeuvre de Boris Vian". Et sous scénario on lit deux autres noms que le sien.
J'ai duré 45 ans de plus que Bison Ravi |
Vian se lève, crie "AH NON!" et est aussitôt foudroyé d'une crise cardiaque.
Qui le tuera.
À 39 ans.
Traduire, cette fois, c'était mourir...
jeudi 26 décembre 2019
Guillermo Mordillo (1932-2019)
"L'humour c'est la peur attendrie" disait-il.
C'est un mur de l'enfance d'un paquet de gens de ma génération qui est tombée fin juin dernier.
Sur la porte de ma chambre, quand j'étais petit, se trouvait cette affiche que j'avais presque oubliée avant aujourd'hui (Ça m'a ému).
Le 29 juin dernier m'a aussi échappé.
Guillermo Mordillo est né à Villa Pueyrredon, Buenos Aires en Argentine où il a passé son enfance élevé par ses parents espagnols. Très tôt il développe un intérêt pour le dessin. À 16 ans, il est l'illusrateur officiel du journal de l'école de journalisme qu'il fréquente en Argentine. Deux ans plus tard il fait partie d'une équipe d'animation, la Burone Brich Study Animation Team tout en illustrant des livres pour enfants, des contes de Perreault, Schmid, Les Musiciens de Brême, Les Trois Petits Cochons.
Il fonde en partenariat avec des amis pour ses 20 ans les Galas Studies dédié à l'animation sur pellicule. Il est nettement en avance sur son époque. Il continue de travailler comme illustrateur dans des journaux locaux et dans les publicités de magazine. Il quitte d'ailleurs en 1955 pour Lima au Pérou où il travaille comme designer publicitaire chez McCann Erikson. En 1958, il illustre les Fables de Aesop, gros succès de Librairie au Pérou.
Après avoir désigné le concept d'une carte Hallmark destiné à Kansas City, il quitte pour les États-Unis où il s'installe à New York en 1960. On le fera travailler sur le film Popeye où il sera responsable de l'animation des personnages de Popeye et de Little Lulu. On le fera aussi developper deux personnages pour le film Trick For Tree.
En 1963, il sent l'appel du large à nouveau. Comme ses dessins le démontreront toujours, le besoin d'évasion est perpétuel chez Mordillo. C'est à Paris qu'il collaborera au magazine Le Pelerin et pour Paris Match. En 1968, il collabore régulièrment au magazine Allemand Stern et dans plusieurs autres magazines d'à travers le monde. Il est pigiste avant l'heure.
C'est à Paris qu'il rencontrera celle qu'il épousera en 1969. Il aura un garçon en 1970 (L'âge de mon amoureuse) et une fille en 1972(mon âge).
Les années 70 le rendent riche alors qu'il réalise des centaines d'affiches qui se vendront partout à travers le monde en plus de dessiner des petits intermède pour la télé.
En 1980, la famille déménage à Mallorca en Espagne (sa femme est d'origine espagnole aussi) où il est nommé Président de l'Association Internationale des Auteurs de Dessins Comiques dont la maison-mère est pour sa part à Genève, en Suisse. Il passera 18 ans en Espagne où il ne cessera jamais de créer des affiches, des pubs, des illustrations tout en participant à des ateliers. Il retournera en France où il developpe un intérêt pour les dessins à l'encre et les expériences à l'acrylique, au crayon pastel, et au crayon de bois. Il explore aussi les reproductions de photos en haute définition sur informatique.
Depuis quelques années il vendait sur internet des dessins originaux signés de l'auteur.
Mordillo dessinait de façon récurrente un personnage muet, assez isolé dans de grands espaces urbains ou naturels très fouillés qui se rapprochait dans son esprit de l'illustrateur français Sempé. Son style était très arrondi, à la fois absurde (à la Franquin)et poétique. Y étaient souvent représentés de grandes tours, des châteaux, des bâteaux, des moyens de transports, des îles, des terrains de sport, des amoureux des montagnes en cloche ou des jungles tropicales profondes.
De l'évasion.
Vivant à Monaco, il s'est éteint sagement le 29 juin dernier.
Comme on fermait la lumière avant de se coucher.
Une nouvelle affiche de Mordillo a trouvé sa place sur le mur de notre porte de chambre. Sans qu'on ne s'en rende trop compte.
À l'image du super-homme de maison que je suis.
Tu as été une large partie de mon enfance, Mordillo.
Graçias por acunarme, amigo mio.
C'est un mur de l'enfance d'un paquet de gens de ma génération qui est tombée fin juin dernier.
Sur la porte de ma chambre, quand j'étais petit, se trouvait cette affiche que j'avais presque oubliée avant aujourd'hui (Ça m'a ému).
Le 29 juin dernier m'a aussi échappé.
Guillermo Mordillo est né à Villa Pueyrredon, Buenos Aires en Argentine où il a passé son enfance élevé par ses parents espagnols. Très tôt il développe un intérêt pour le dessin. À 16 ans, il est l'illusrateur officiel du journal de l'école de journalisme qu'il fréquente en Argentine. Deux ans plus tard il fait partie d'une équipe d'animation, la Burone Brich Study Animation Team tout en illustrant des livres pour enfants, des contes de Perreault, Schmid, Les Musiciens de Brême, Les Trois Petits Cochons.
Il fonde en partenariat avec des amis pour ses 20 ans les Galas Studies dédié à l'animation sur pellicule. Il est nettement en avance sur son époque. Il continue de travailler comme illustrateur dans des journaux locaux et dans les publicités de magazine. Il quitte d'ailleurs en 1955 pour Lima au Pérou où il travaille comme designer publicitaire chez McCann Erikson. En 1958, il illustre les Fables de Aesop, gros succès de Librairie au Pérou.
Après avoir désigné le concept d'une carte Hallmark destiné à Kansas City, il quitte pour les États-Unis où il s'installe à New York en 1960. On le fera travailler sur le film Popeye où il sera responsable de l'animation des personnages de Popeye et de Little Lulu. On le fera aussi developper deux personnages pour le film Trick For Tree.
En 1963, il sent l'appel du large à nouveau. Comme ses dessins le démontreront toujours, le besoin d'évasion est perpétuel chez Mordillo. C'est à Paris qu'il collaborera au magazine Le Pelerin et pour Paris Match. En 1968, il collabore régulièrment au magazine Allemand Stern et dans plusieurs autres magazines d'à travers le monde. Il est pigiste avant l'heure.
C'est à Paris qu'il rencontrera celle qu'il épousera en 1969. Il aura un garçon en 1970 (L'âge de mon amoureuse) et une fille en 1972(mon âge).
Les années 70 le rendent riche alors qu'il réalise des centaines d'affiches qui se vendront partout à travers le monde en plus de dessiner des petits intermède pour la télé.
En 1980, la famille déménage à Mallorca en Espagne (sa femme est d'origine espagnole aussi) où il est nommé Président de l'Association Internationale des Auteurs de Dessins Comiques dont la maison-mère est pour sa part à Genève, en Suisse. Il passera 18 ans en Espagne où il ne cessera jamais de créer des affiches, des pubs, des illustrations tout en participant à des ateliers. Il retournera en France où il developpe un intérêt pour les dessins à l'encre et les expériences à l'acrylique, au crayon pastel, et au crayon de bois. Il explore aussi les reproductions de photos en haute définition sur informatique.
Depuis quelques années il vendait sur internet des dessins originaux signés de l'auteur.
Mordillo dessinait de façon récurrente un personnage muet, assez isolé dans de grands espaces urbains ou naturels très fouillés qui se rapprochait dans son esprit de l'illustrateur français Sempé. Son style était très arrondi, à la fois absurde (à la Franquin)et poétique. Y étaient souvent représentés de grandes tours, des châteaux, des bâteaux, des moyens de transports, des îles, des terrains de sport, des amoureux des montagnes en cloche ou des jungles tropicales profondes.
De l'évasion.
Vivant à Monaco, il s'est éteint sagement le 29 juin dernier.
Comme on fermait la lumière avant de se coucher.
Une nouvelle affiche de Mordillo a trouvé sa place sur le mur de notre porte de chambre. Sans qu'on ne s'en rende trop compte.
À l'image du super-homme de maison que je suis.
Tu as été une large partie de mon enfance, Mordillo.
Graçias por acunarme, amigo mio.