The Producers, un film de Mel Brooks de 1967.
Je l'ai emprunté à la Vievliothèque la semaine dernière. Je l'écoutais pour la première fois jeudi soir, après le plus intéressant des débats de la campagne électorale canadienne.
Ouch!
Ce film a grossièrement mal vieilli. Trrrrrrrrrrrrrrès mal vieilli. Il reste tout à fait fascinant à écouter.
Comme un voyage socio culturel.
Wrong in so many ways.
Le film raconte sommairement l'histoire de deux producteurs, une variation de l'Ulysse de James Joyce, qui se convainquent de présenter une pièce de théâtre tellement mauvaise que ça justifiera les pertes d'argent engrangées par le passé. L'histoire se complique quand, ce qui aurait dû être la plus grossière des erreurs, devient le plus gros des succès.
Le film commence de manière dérangeante. Un des deux producteurs reçoit dans son bureau des femmes, âgées pour la plupart, de riches veuves ou héritières, qu'il tripote de ses mains et de sa bouche, afin qu'elles investissent dans ses productions.
Le film est écrit en 1966. Harvey Weinstein avait 15 ans à cette époque. Il ne serait pas idiot de penser qu'en voyant ce film, il y aurait alors vu un plan de carrière afin de garder la testostérone de ses 15 ans, toujours bien épongée par des contacts physiques sur plusieurs femmes. À plusieurs reprises, on insiste sur le goût du corps des femmes dans ce film. Jeunes et moins jeunes. Se rendant rencontrer l'auteur de la pièce Springtime For Hitler, sur la rue, une femme portant une mini jupe de 1966, passe et le producteur est largement distrait par elle à son passage.
À un certain moment, particulièrement troublant avec les yeux de 2019, il dit vouloir s'acheter un jouet.
Vous savez ce qu'est ce jouet?
Une suédoise en micro jupe qui danse, se secouant le corps sur commande. Elle ne parle pas la langue,comprend et accepte qu'il faille se rendre au motel avec le producteur si il fait appeler son chauffeur et travaille parfois en bikini.
Ouch!
Un jouet.
Le rôle de Lee Meredith est une insulte dégradante qui passe mal rampe du temps.
Je comprends qu'on ait refait le film en 2005, il y avait tant de choses à retravailler.
Le film passe d'un inconfort à un autre. La mise-en-scène rend mal à l'aise. Lors d'une audition pour le rôle d'Hitler, à peu près une trentaine de candidats sont sur scène en même temps, improvisant des chants ou de la danse (ils veulent monter une comédie musicale). Dans la même séquence, celui qu'on choisira au final nous livre une chanson, accompagné de trois musiciennes (Bien entendu, deux en mini jupes, dont une bottée.) et la saxophoniste à l'image joue d'un instrument qu'on entend pas du tout dans la chanson.
Les gags prennent un temps fou à s'installer ou pire, à s'éteindre. On ne sait jamais trop quand rire. Il y a de nombreux gags sexistes mais plus encore de gags homophobes. Voulant rencontrer celui qui mettra en scène Springtime For Hitler, un terrible metteur en scène, qui a fait fermer son théâtre à la première répétition d'une pièce, on semble miser sur un rire automatique quand un visage plastifié* (comme on en voit de nos jours de trop nombreux botoxés) accueille les deux producteurs à la porte.
Le metteur en scène en question semble clairement inspiré d'Ed Wood,se déguisant en femme (rire automatique planifié ici aussi) considéré comme le pire metteur en scène de son époque. Wood sévissait moins de 15 ans avant la sortie de The Producers. Sa réputation était connue. La caricature est grossière et tellement lourde.
Ça se défend avec le "l'époque était alors différente". Tout à fait. Ma propre mère s'en allait sur ses 20 ans quand Mel Brooks a reçu L'OSCAR DU MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL. (ouf!).
Autre temps, autre moeurs n'a jamais été plus illustré.
Ma mère à moi, et mon père (20 ans, allant sur ses 21) ont peut-être beaucoup ri sur ce film. Se dilatant la ratte à profusion, séchant des larmes de plaisir.
Ce qui trouble, moi qui lit les abus de Weinstein à Hollywood en ce moment, c'est qu'on dirait qu'on a esquissé dans ce film un ABC des procédures artistiques des années à venir dans le milieu artistique.
Un peu comme mes amis et moi au CEGEP avec la situation politique actuelle aux États-Unis.
Quelque chose de lancé en farce grossière devenu alors réalité plus grossière encore par la suite.
L'humour de ce film est inconsciemment sexiste et horriblement homophobe. Comme l'étaient les États-Unis de 1966. Comme ils le sont encore de nos jours à certains endroits.
The Producers nous fait passer d'un inconfort à un autre.
Vu de nos jours, nombreux malaises garantis.
1966 c'était la prime jeunesse de nos parents. Hier.
L'âge de mon fils actuellement.
Si loiiiiiiiiiiiiiiiiin d'une observation sociétaire d'Aurélie Lanctôt ou d'un écrit de Francine Pelletier.
Et pourtant, hier...
En anglais on dit "cringe". Grincer des dents.
Cringe, indeed.
*Le comédien est devenu une Femme de nos jours.
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Parce que des enfants pas tellement doués pour l'expression francophone et frôlant la débilité pure se sont infiltrés sur ce site je me vois forcé de modérer les commentaires :)